Les analystes se prêtent à l’exercice difficile de mesure d’impacts sur la Bourse et les indicateurs macroéconomiques du Royaume.
Ils conseillent aux investisseurs d’adopter plus que jamais une optique long terme basée sur une projection post-crise.
Par A.H
L a place de Casablanca a fini, à son tour, par être impactée par le vent de panique provoqué par la propagation du Coronavirus au niveau mondial, le MASI ayant dégringolé de -23,59% en YTD au 10 avril. L’indice boursier a même touché un plus bas depuis le mois d’octobre 2015 à 8.987,89 pts.
«Une situation liée au retrait des investisseurs étrangers, qui ont opté pour la liquidation de leurs positions dans les marchés émergents et frontaliers pour compenser au minimum les pertes réalisées dans les marchés développés. De surcroît, un mouvement de vente ayant été constaté chez certains investisseurs institutionnels et chez les particuliers», explique la filiale spécialisée du Groupe BCP.
Mouvement ponctuel
Pour les analystes, il s’agit d’un mouvement à «caractère ponctuel». «L’essentiel du repli au niveau du MASI ayant déjà été consommé, à notre sens, étant donné la position dominante des investisseurs institutionnels locaux dans la structure globale. Représentant près de 85% du volume global sur le marché central, ces investisseurs adoptent une stratégie Buy & Hold, ce qui garantit une relative stabilité du marché».
«Nous pouvons espérer également que les mesures de relance budgétaire annoncées et les actions d’accompagnement qui seront adoptées par les autorités seront de nature à atténuer l’impact de cette pandémie sur la cote casablancaise. D’autant plus que les fondamentaux de l'économie marocaine demeurent solides, avec un niveau d’endettement du Trésor ne dépassant pas les 65%».
Quelles actions acheter ?
«Pour notre part, poursuit la société de bourse, nous pensons que la meilleure approche serait de ne pas céder à la panique et opter pour une restructuration des portefeuilles. Il s’agit essentiellement d’une réallocation vers des secteurs peu risqués et modérément risqués, comme l’industrie pharmaceutique, l’électricité, l’agroalimentaire, la grande distribution, les banques et les télécoms».
Dans cette même lignée, les analystes conseillent aux investisseurs d’adopter plus que jamais une optique long terme, basée sur une projection postcrise. «L’idée étant de profiter des niveaux de valorisation actuels pour bénéficier du potentiel de reprise post-crise. Sur ce volet, nous privilégions le PER ou le P/B comme mesure de l’attractivité d’un titre plutôt que le Dividend Yield. En effet, le contexte actuel pourrait pousser les entreprises à revenir sur leur décision de distribution afin de faire face à des pressions sur la liquidité».
Secteurs & Macro: Des impacts forts sont attendus
Selon les analystes, les principaux secteurs d’activité économique qui devraient être impactés directement par la Covid-19 sont ceux liés essentiellement au tourisme & restauration et au secteur du transport. Les activités touristiques pourraient subir une perte comprise entre 30% et 40% des touristes sur l’année 2020. En termes chiffrés, cela se traduirait par une contraction se situant entre 23 MMDH et 31 MMDH des recettes touristiques.
Les activités financières seraient également touchées, avec un ralentissement du rythme d’évolution des crédits bancaires et des revenus (effet report des échéances de crédit). Néanmoins, la baisse sensible de la facture énergétique devrait permettre un allégement des coûts de production pour les entreprises marocaines.
S’agissant des principaux équilibres macroéconomiques, le déficit budgétaire devrait s’accentuer pour s’établir autour de 4,5% du PIB en 2020. «L’annonce par les autorités publiques d’une enveloppe budgétaire de 10 MMDH, consacrée à la gestion de la crise, devrait être partiellement compensée par un prélèvement dans le budget d’investissement», lit-on dans la note.
Cette projection inclut aussi l’impact négatif de la pandémie sur les recettes fiscales de l’Etat. S’agissant de la balance courante, son déficit est attendu en légère stabilisation autour de -4,5% du PIB. Le repli ponctuel des exportations, notamment vers la zone Euro du fait des dysfonctionnements observés dans les chaînes d’approvisionnement, devrait être contrebalancé par une sensible baisse de la facture énergétique. Celle-ci profiterait à la fois d’un effet prix et volume. La consommation d’énergies fossiles devrait connaitre une baisse substantielle pendant la durée de confinement.
«Cela dit, malgré les effets négatifs attendus, il n’en demeure pas moins que l’économie marocaine continue de bénéficier d’une diversification importante de ses activités. Ce qui devrait lui permettre de juguler les effets négatifs de cette crise sanitaire mondiale. Ceci sans oublier l’effort d’accompagnement étatique, conforté par des fondamentaux économiques sains et solides», conclut Upline.