Bank Al-Maghrib, par la voix de son Wali Abdellatif Jouahri, a affirmé être très vigilante sur la concurrence entre les banques, et plus explicitement, sur le fait qu’il n’y ait pas d’entente entre les établissements bancaires sur les conditions appliquées à la clientèle.
«Nous avons tenu une réunion avec le GPBM (Groupement professionnel des banques du Maroc) le 30 novembre dernier, et nous avons été très explicite sur ce sujet», fait ainsi savoir le Wali.
Pour comprendre cette sortie du gouverneur, il faut remonter au mois de mars dernier. A l'époque, certaines banques de la place avaient saisi la Banque centrale afin de se plaindre d’une forme de concurrence «anarchique» pratiquée par certains établissements concurents. Certaines banques en effet, pour gagner des parts de marché, avaient enclenché un vaste mouvement de baisse sur les taux assortissant certains de leurs crédits.
Le gouverneur avait alors réagi en adressant une lettre au GPBM pour rappeler à l’ordre les banques sur les risques que ces pratiques faisaient porter à leur solidité et à leur rentabilité.
«Certaines banques appliquent un taux de 4,3% fixe sur une période de 25 ans, et font courir un risque de taux sur le secteur», expliquait à l'époque le gouverneur l’époque pour justifier sa lettre au GPBM.
Conséquence : en sifflant la fin de la guerre des taux, ces derniers ont commencé à remonter, nourrisant l’idée, de plus en plus vivace, d’une entente entre les banques sur des taux planchers, notamment pour les crédits immobiliers.
Hier en conférence de presse, le gouverneur de la Banque centrale a donc voulu clairement battre en brèche toute idée d’entente et montrer que le régulateur veille au grain. Surtout que les taux débiteurs (c’est à dire les taux de crédits appliquées par les banques appliquées à la clientèle), ont connu une hausse significative au troisième trimestre 2017, de 34 points.
«BAM veille à la préservation d’une concurrence saine au sein du secteur bancaire. Au niveau du contrôle surplace des établissements bancaires, ce sont des choses que nous vérifierons de façon systématique», a ainsi tenu a assuré Jouahri.
Crédit bancaire : bon cru 2017
L’année 2017 aura finalement était un bon cru pour le crédit bancaire qui a confirmé sa reprise, après des années de relative atonie.
Sur les 10 premiers mois de 2017, les données de Bank Al-Maghrib font état d’une croissance de 5,2% en glissement annuel des crédits au secteur financier, contre 4,3% en moyenne au troisième trimestre 2017, signe que le secteur bancaire se remet à jouer pleinement son rôle de financeur de l’économie.
D’ailleurs, du côté de BAM, on se réjouit de la progression des prêts aux entreprises privées de 2,3% à 3,4%, en liaison principalement avec l’accélération des prêts à la promotion immobilière de 3,7% à 5,2% et l’atténuation de la baisse des facilités de trésorerie de 2,4% à 1,4%.
La Banque centrale s’attend à ce que le crédit bancaire termine l’année sur une progression de 4,5% de ses encours, et devrait continuer à de s’améliorer pour atteindre, à moyen-termes, une croissance de 5%. Des chiffres encourageants, mais qui demeurent encore loin des taux de croissance affichés avant la crise. A l’époque (milieu des années 2000) le crédit bancaire enregistrait en effet des croissance à deux chiffres.