Ahmed Rahhou et Lotfi Sekkat, respectivement PDG et DG délégué de CIH Bank. © FNH, Sohaib Zefri
Bon comportement des indicateurs à fin 2018.
Renforcement des fonds propres pour poursuivre la stratégie de développement.
Bank Al-Maghrib va faire du virement instantané, initié par CIH Bank, un projet de place.
Par D. William
Exercice satisfaisant. C’est la conclusion qui ressort à la lecture des chiffres relatifs à l’exercice 2018 publiés par CIH Bank. Une banque qui, depuis quelques années, fait preuve d’une stratégie commerciale très agressive, lui permettant ainsi de consolider sa position sur le secteur.
En 2018, ce sont ainsi 18 nouvelles agences qui ont été ouvertes, portant la taille du réseau à 283 agences. Cette extension du réseau s’est accompagnée du renforcement de l’offre, avec notamment les produits gratuits pour les femmes «Saydati» et «Saydati pro».
L’instantanéité des opérations internes à la banque, la suppression des dates de valeur, la multiplication des services gratuits… sont aujourd’hui autant de leviers sur lesquels CIH Bank s’appuie pour séduire davantage de clientèle.
C’est dans ce cadre que s’inscrit le partenariat signé avec CFG Bank en 2018. Ainsi, quand un virement est effectué entre les deux banques, le crédit et le débit se font instantanément. Bank Al-Maghrib a d’ailleurs décidé de faire du virement instantané, une initiative inédite, un projet de place.
Et l’offensive commerciale de CIH Bank est payante : 315.000 nouveaux clients ont rejoint la banque en 2018, pour plus de 510.000 produits placés.
Cela se traduit par des ressources consolidées en hausse de 16% à 37 Mds de DH, tirées par les dépôts à vue (+10,2%) et les dépôts à terme (+36,6%).
En face, les crédits clientèle consolidés enregistrent une augmentation de 17,4% à 47,4 Mds de DH, la banque poursuivant sa politique de diversification des emplois avec des crédits hors immobiliers en progression de 44,5% à 19,5 Mds de DH.
Des indicateurs en progression
Le produit net bancaire consolidé enregistre une évolution à deux chiffres pour s’établir à 2,25 Mds de DH (+10,5%). Il est porté par la bonne tenue de la marge nette d’intérêt qui gagne 5,3%, mais aussi par la très forte progression du résultat des opérations de marché qui s’apprécient de 111%.
Le coût du risque consolidé enregistre parallèlement une forte augmentation, passant d’un exercice à l’autre de 58 à 219 MDH.
«Cette variation s’explique par l’évolution du coût du risque en social de CIH Bank, qui s’établit à 224 MDH contre 50 MDH en 2017», indique le management, soulignant que le taux du coût du risque s’établit à 0,45%, soit «dans les meilleurs tendances du marché».
Pour autant, «en prenant en compte les garanties qui existent face au risque, nous sommes très largement couverts», rassure Ahmed Rahhou, PDG de CIH Bank, qui commentait les résultats annuels.
Les résultats sociaux de CIH Bank font en effet ressortir un taux de créances en souffrance de 5,8%, pour un taux de couverture de 61% en 2018 : mais le taux de couverture par les provisions et les garanties hypothécaires s’élève à 162,5%.
Rahhou explique par ailleurs que «dans le cadre de nouvelles pratiques de couverture de risque, certains dossiers qui pouvaient être considérés juste comme douteux ont été beaucoup mieux couverts en termes de provisions pour être en phase avec la nouvelle réglementation». «Et sur le social, nous avons été beaucoup plus sévères et plus prudents : le montant global des provisions est plus important que le montant en IFRS 9», renchérit-il.
Ainsi, le résultat net part du Groupe ressort à 455 MDH, en progression de 4,4%.
Pour sa part, CIH Bank affiche un PNB de 1,8 Md de DH, en hausse de 9,3%, pour un résultat net de 447 MDH, soit +0,3%.
Quant à Sofac, filiale de CIH Bank spécialisée dans le crédit à la consommation, elle réalise un PNB de 416,5 MDH (+14,5%) et un résultat net en hausse de 35% à 107,9 MDH.
A noter que le Conseil d’administration de CIH Bank a décidé de proposer à l’Assemblée générale la distribution d’un dividende ordinaire de 14 DH par action. ◆
Encadré : Pourquoi une augmentation de capital ?
CIH Bank affiche un total bilan consolidé de 64,9 Mds de DH, en hausse de 21% par rapport à 2107. Après une émission obligataire subordonnée de 1 Md de DH et une émission obligataire subordonnée perpétuelle de 500 MDH, la banque compte faire appel à ses actionnaires à travers une augmentation de capital d’un montant maximum de 500 MDH. Cette opération, qui vise à renforcer les fonds propres, «va se faire d’ici septembre probablement», confirme Rahhou.
Non sans rappeler qu’il y a plusieurs couches réglementaires au niveau des fonds propres, notamment les fonds propres globaux où CIH Bank est «très à l’aise», le tiers one (fonds propres durs) et le reste qui peut représenter le capital. «Nous surveillons ces trois strates afin de ne jamais être en manque de fonds propres réglementaires exigibles», précise Rahhou.
Par ailleurs, ajoute-t-il, «les actifs non bancaires vont commencer d’ici peu à consommer des fonds propres, notamment en matière de décote, voire même de détention. Bank Al-Maghrib est en train de fixer les règles en la matière et nous les prenons d’ores et déjà en considération».
«L’objectif est donc d’avoir du mou pour faire face à toute éventualité, car nous ne voulons pas qu’il y ait un frein au développement de la banque occasionné par un déficit de fonds propres de quelque nature que ce soit», indique Rahhou, tout en confirmant que «la banque n’exclut pas de réaliser des opérations à l’international si jamais des opportunités se présentent». ◆