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Budget 2025 : des signaux rassurants malgré un démarrage tendu

Budget 2025 : des signaux rassurants malgré un démarrage tendu

Alors que le Maroc entame 2025 avec des ambitions économiques réaffirmées, la question de la soutenabilité budgétaire reste au cœur des préoccupations. Les analystes livrent un état des lieux nuancé de la trajectoire du déficit et de la stratégie de financement de l’État, dans un contexte où les signaux de stabilité l’emportent (pour l’instant) sur les facteurs d’incertitude.

 

Par Y. Seddik

En matière de finances publiques, les premiers mois de chaque exercice budgétaire donnent souvent le ton. Ils permettent de jauger, à chaud, l’écart entre les intentions affichées dans la Loi de Finances et la réalité de l’exécution. En 2025, les indicateurs avancés suggèrent un début d’année légèrement sous tension, mais globalement en ligne avec les équilibres visés. Au terme des deux premiers mois de l’année, le déficit budgétaire s’élève à 24,7 milliards de dirhams, en nette dégradation par rapport à février 2024 (+15 milliards). Cette dérive s’explique principalement par une forte poussée des dépenses ordinaires, en hausse de 41,4%, tirées par les charges de biens et services (+21 milliards) et par les intérêts de la dette (+2 milliards), selon Attijari Global Research.

Côté recettes, la dynamique reste favorable, notamment grâce à l’impôt sur le revenu, mais elle ne suffit pas à compenser la hausse des charges. Résultat : un solde ordinaire négatif à -20,8 milliards de dirhams, un seuil qui n’avait plus été atteint depuis 2017. Pour autant, cette situation est loin d’être hors de contrôle. La Loi de Finances table sur un déficit budgétaire annuel de 58,2 milliards de dirhams, soit 3,5% du PIB, contre 3,9% en 2024.

Une trajectoire baissière, donc, qui témoigne d’une volonté de consolidation budgétaire progressive. Le Trésor rassuré par le succès de sa sortie internationale Le 26 mars 2025, le Royaume du Maroc a effectué son grand retour sur le marché international avec une émission obligataire de 2 milliards d’euros en deux tranches. La première, d’un montant de 900 millions d’euros sur 4 ans, a été émise à un spread de 155 points de base, avec un taux de rendement de 3,937% et un coupon de 3,875%.

La seconde, d’un montant de 1,1 milliard d’euros sur 10 ans, a affiché un spread de 215 points de base, un rendement de 4,843% et un coupon de 4,750%. Le succès a été immédiat : un carnet d’ordres dépassant les 7 milliards d’euros, signe clair de la confiance des investisseurs internationaux dans les fondamentaux marocains. Ce retour réussi permet au Trésor de sécuriser une partie de son besoin de financement extérieur, évalué à 60 milliards de dirhams dans la LF 2025, tout en renforçant sa position vis-à-vis du marché domestique. Cette opération devrait d’ailleurs permettre de relâcher la pression sur le marché local en rendant les levées intérieures plus fluides et mieux calibrées.

Un équilibre intérieur/extérieur finement ajusté

Le besoin de financement brut du Trésor d’ici fin 2025 est estimé à 147 milliards de dirhams. Il sera couvert à hauteur de 57,8 milliards sur les marchés internationaux, et à hauteur de 88,7 milliards sur le marché domestique, soit environ 8,9 milliards de dirhams par mois. Ce rythme, jugé soutenable, s’inscrit dans un contexte de détente des taux favorisé par le reflux de l’inflation à 2,6%, proche de la cible de Bank Al-Maghrib.

La maîtrise des conditions de financement permet à l’État de planifier sans précipitation ses appels au marché, tout en respectant son cap de consolidation budgétaire. La dette globale du Trésor devrait atteindre 1.131 milliards de dirhams en 2025, contre 1.072 milliards en 2024, avec une augmentation contenue de la dette intérieure (+0,8%) et une progression attendue de la dette extérieure (+18,9%). En somme, le déficit budgétaire du Maroc semble engagé sur une trajectoire descendante crédible, à condition que les hypothèses de la Loi de Finances, notamment les financements extérieurs et la croissance de 4,6% se réalisent.

Le retour réussi sur les marchés internationaux apporte une bouffée d’oxygène stratégique. Il conforte le Trésor dans sa capacité à équilibrer ses sources de financement, tout en envoyant un signal fort de confiance à l’ensemble des investisseurs, domestiques comme étrangers. Reste que cette trajectoire demeure exposée à plusieurs risques, dont l’évolution de la conjoncture mondiale avec notamment la guerre commerciale actuelle, les aléas climatiques internes et la stabilité des recettes fiscales. Autant de variables que l’exécutif devra surveiller de près pour préserver le fragile équilibre actuel. 

 

 

 

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