La performance annuelle du MASI se situe en dessous des -5%, suite à deux mois de baisse consécutifs. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance, notamment la perte de confiance des investisseurs et les résultats semestriels mitigés. Aucune tendance ne se profile pour les prochaines semaines.
Le 18 septembre 2015, le MASI touchait le fond avec une performance annuelle de -5,79% à 9.063 points, atteignant ainsi son plus bas annuel. A la clôture de la séance du 22 septembre, l’indice-phare de la Bourse casablancaise se ressaisissait légèrement à 9.219 points, ramenant sa performance annuelle à -5,23%. Autant dire que le marché actions est plus que jamais englué dans les sables mouvants, après des mois d’août et septembre particulièrement catastrophiques, comme le rappelle la société de Bourse Attijari Intermédiation dans une récente note : «durant ces deux derniers mois, le MASI a effacé l’ensemble de ses gains cumulés de 2,8%, en date du mardi 4 août 2015, et a réalisé des pertes de 8,4% à date du vendredi 18 septembre».
Les raisons qui expliquent cette tendance baissière sont nombreuses. Il y a, avant tout, «un manque flagrant de liquidité du marché marocain des actions», rappelle Farid Mezouar, co-fondateur de FL Markets. L’éternel talon d’Achille de la place casablancaise continue en effet de desservir le marché. «La faible liquidité demeure toujours d'actualité», renchérit Othmane Benassila, analyste financier au sein de Crédit du Maroc Capital.
La tendance baissière du MASI s’explique également par les résultats financiers des sociétés cotées qui, globalement, ne sont pas brillants. En témoigne la nouvelle vague de profits warnings publiés par les entreprises cotées qui s’attendent à une baisse de leur revenus semestriels, conjoncture difficile oblige. «On s’attend à une masse bénéficiaire baissière, plombée essentiellement par les résultats catastrophiques de la Samir, la régression du RNPG de Maroc Telecom et la baisse attendue des réalisations financières semestrielles d'Alliances», explique O. Benassila. Ce qui est inquiétant, c’est que la masse bénéficiaire est en constante dégradation, indépendamment des retraitements effectués. «La masse bénéficiaire 2014 a reculé de 12,5%, quand celle de 2013 était en recul de 4%, et celle de 2012 en chute de 10,3%», relève F. Mezouar.
Ces éléments ont été catalysés par les déboires de la Samir et «par la baisse des marchés émergents, avec le désengagement probable de certains étrangers dans un contexte de faible liquidité», souligne F. Mezouar.
La reclassification annuelle par la BVC des sociétés cotées dans les compartiments est un autre facteur qui explique les performances du MASI, selon l’analyste de CDMC : «CGI a été classée au 3ème compartiment au moment où Unimer, SMI et Med Paper ont rejoint le 2ème avec Timar. De son côté, Delattre Levivier a été promue au 1er compartiment».
La confiance s’est étiolée
Mais, plus encore que ces éléments, le MASI pâtit d’un problème bien plus profond : les investisseurs ont le moral dans les chaussettes. «Les institutionnels sont en période d'attentisme. Ils sont devenus passifs. Ils investissent en fonction des pondérations de leurs portefeuilles. Donc, il n’y a plus de prise de risque et encore moins de spéculation. Ils cherchent plutôt la sécurité après la vague de déception (affaire Samir, les immobilières, les sociétés minières impactées par la baisse des cours des métaux de base)», explique notre analyste. Cette impression est corroborée par «l’indice ATI de Confiance de juillet 2015 qui avait révélé une dégradation sensible de la confiance des investisseurs en Bourse», rapporte Attijari intermédiation.
Les particuliers, pour leur part, ne savent plus à quel saint se vouer. «Ils ont perdu beaucoup d'argent depuis le début de l'année, ce qui a engendré une perte de confiance totale quant au marché boursier casablancais», poursuit Benassila.
Dans ces conditions, difficile de dégager une tendance pour les prochaines semaines. Comme le souligne Mezouar, «il y a eu de bonnes surprises dans le secteur bancaire, les assurances, l’agroalimentaire voire le ciment, hors Holcim. Mais il y a eu également la confirmation des difficultés du BTP et de certaines grandes sociétés comme Centrale laitière ou Holcim Maroc».
Alors, poursuite de la baisse ou rebond ? Pour nos deux interlocuteurs, le flou reste de mise. «Aucune tendance du marché ne se dresse», résume O. Benassila. «L’impression globale est mitigée, sans tendance claire au niveau du marché, d'où le conseil de privilégier le stock picking à toute autre stratégie de placement», conclut pour sa part F. Mezouar
Amine Elkadiri