- La croissance des moyennes capitalisations commence à se tasser, après plusieurs mois de hausse. Explications.
En regardant de près le tableau de performance des Small & Mid-Caps à la Bourse de Casablanca, il apparaît que ces valeurs sont clairement en perte de vitesse depuis le début de l’année. Leur parcours n’est plus aussi reluisant qu’il ne l’était en 2017, encore moins en 2016. Durant cette période, les mid-caps offraient un potentiel solide de croissance, malgré des valorisations relativement élevées, du fait de la forte progression de leurs bénéfices.
Snep, Jet Contractors et Alliances, qui ont traversé une grosse tempête, étaient revenues vers des rivages plus ensoleillés. Leurs carnets de commandes se regarnissaient, et leurs perspectives bénéficiaires et d’investissements étaient meilleures. En 2017, Snep a augmenté ses bénéfices de 45% à 98,5 MDH (tenant compte d’un impact positif de son programme de rachat) et Jet Contractors, en phase avec ses prévisions, a dégagé un résultat net de 108 MDH contre 36 MDH en 2016. En parallèle, Alliances était la seule immobilière de la place à afficher une variation positive en 2017. Elle a pu regagner les faveurs des investisseurs, malgré le climat de défiance qui touche le secteur.
Sur le marché, Snep (+240%), Alliances (+131%), Jet Contractors (+133%), HPS (+113%), affichaient des gains à trois chiffres, l’année passée. Cette surperformance se justifiait par une prime de risque exigée par les investisseurs et par des perspectives de croissance naturellement plus élevées.
Un autre facteur explicatif est que le flux d’information positif dont bénéficiaient ces valeurs, provoquait des décalages haussiers de leurs cours en Bourse. De plus, cette thématique «Mid-Caps» profitait de l’inefficience des marchés en raison d’une couverture moindre de la part des analystes, contrairement aux grosses valeurs qui, en plus des publications trimestrielles, sont très suivies par les médias et par les analystes. Notons que la notion de «Mid-Caps» n’est pas exactement normée. Au niveau de notre indice national, les tailles de ces entreprises sont très variables.
Elles ont fait le bonheur des investisseurs, surtout des particuliers, même si elles se payaient un peu plus cher - l’intérêt d’y investir était de jouer un retour rapide des marges bénéficiaires. Ce retour ne fut pas sans accrocs et n’a d’ailleurs pas fait long feu. Ces entreprises de milieu de tableau calent à présent et leurs croissances saturent.
Une croissance bientôt saturée
En milieu d’année, les investisseurs les plus avertis et les plus averses au risque ont réalisé que «la fête» était finie sur ce segment de valeurs, le bol à punch était rangé. Anticipant cette fin de cycle sur les moyennes valeurs, ils savaient que si l’espoir de gain était grand sur ces dossiers, le risque de pertes l’était tout autant. Il était temps de se désengager.
C’est ainsi que les mauvaises nouvelles se sont enchaînées, entraînant de fortes baisses sur ces dossiers. L’on a vu cela, il y a quelques mois avec Alliances, qui marque à date d’aujourd’hui la plus forte baisse de la cote (-54%), et tout récemment avec Snep, qui a émis un profit warning sur ses résultats semestriels, annonçant une perte de 46% de son bénéfice net, en raison de la non récurrence de l'effet positif du redressement du résultat financier au S1 2017.
Jet Contractors, elle, a pâti d’un autre risque : l’augmentation de capital. En effet, ces entreprises en difficulté ont souvent besoin de se refinancer. Elles font alors appel à la générosité du marché pour émettre de nouvelles actions. Conséquence pour les anciens actionnaires : un effet dilutif. Leur «part de gâteau» se réduit mécaniquement s’ils ne participent pas à l’augmentation. Depuis qu’il a annoncé une augmentation de capital de 200 MDH (5 juillet), le spécialiste du BTP perd 7% de sa valeur. ■
Risma, la recovery du moment
Cette année, c’est Risma qui s’adjuge le statut de valeur de récupération ou de recovery. Elle profite de l'amélioration de ses fondamentaux, s'appuyant sur la dynamique du secteur touristique et l’absorption des pertes liées à Saemog. Un gros boulet que la société traînait depuis longtemps et qui a été complètement provisionné en 2017.
Le management a d'ailleurs avancé que l’impact de l’intégration de Saemog dans ses comptes devrait être quasi-nul à l’avenir contre -40 MDH en moyenne sur la période 2014-2017. Ce qui laisse entendre que Risma devrait dès 2018 entamer un cycle de croissance et de profitabilité particulièrement vertueux avec un RNPG de 102 MDH en 2018, contre -86 MDH en 2017 et un TCAM 2018-2020 de 12,3% selon la recherche de CFG Bank, s’imposant ainsi comme l’une des valeurs les plus attractives de la cote sur les prochaines années.
Les analystes estiment que la société devrait d’ailleurs continuer à bénéficier d’une conjoncture sectorielle favorable avec des revenus en hausse de 6,5% (8,5% à périmètre constant) et de 5,6% en 2019 portés essentiellement par la poursuite de l’amélioration des taux d’occupation. L’équipe de recherche valorise le dossier à 258 DH et recommande l'achat avec un potentiel de 40%.
Par Y. Seddik