La Bourse de Casablanca est tourmentée par l’épidémie du Covid-19.
Lundi 9 mars, une journée à marquer d’une pierre blanche.
Par : Youssef Seddik
Depuis plus d’un mois, les Bourses mondiales vivent au rythme des bulletins de santé de la population mondiale. Au Maroc, nous n’étions jusque-là pas encore arrivés à cette configuration. Mais cette semaine, tout a changé. Les premiers cas d’infection par le Covid-19 sur le territoire national ont réveillé un marché plutôt paisible. Les opérateurs ont eu un aperçu des excès auxquels la Bourse peut succomber lorsqu’elle a peur.
Lundi 9 mars, fut une journée que la psychologie collective du marché boursier marocain n'est pas prête d'oublier. A peine remis d’une baisse de plus de 3% vendredi dernier, le marché a perdu pied lors de cette journée historique où il s’est effondré de 5,82%, soit la plus forte baisse de son histoire sur une séance.
A 10.806 points, le Masi avait terminé sous ses plus bas de 2019. Il aura, entre vendredi et lundi, effacé 50 Mds de dirhams de capitalisation boursière. Du jamais vu !
Et si les craintes autour du Coronavirus constituent le principal catalyseur de cette baisse, nous essayons de retracer dans ce qui suit les flux des investisseurs durant les dernières 48 heures (Vendredi 6 et lundi 9 mars).
Flash-back
Vendredi, les volumes à la vente ont été majoritairement alimentés par les OPCVM, selon plusieurs sources du marché. Ces derniers ont fait face à un important rachat de la part d'un institutionnel local, préférant retirer ses billes du marché actions en attendant d'y voir plus clair. Les investisseurs étrangers étaient également à la vente, mais dans de bien moindres proportions.
Devant l'empressement de leur donneur d'ordres institutionnel, les OPCVM ont dû maintenir leurs positions à la vente ce lundi. Cette fois-ci dès l'ouverture. Ils étaient accompagnés tout au long de cette séance historique par les étrangers et les particuliers prudents qui ont déclenché des ordres de protection. Dans ces périodes mouvementées, mieux vaut avoir tort avec les autres qu'avoir raison tout seul.
Les autres investisseurs institutionnels ont été acheteurs nets de manière passive lors de cette séance qui a enregistré plus de 584 MDH de volumes.
Mardi 10 mars, au lendemain de cette baisse spectaculaire les actions ont marqué un rebond tout aussi historique. Le Masi a effacé la quasi-totalité de ses pertes pour retrouver ses niveaux d’avant lundi. Il a aussi préservé sa zone de soutien à 10.880 points. A suivre !
Qu’en est-il des taux ?
S'il est difficile de prévoir où se situera le point bas du marché, les opérateurs se demandent ce que peuvent être les risques du Covid-19 sur les autres compartiments du marché financier. Car les taux du Trésor se stabilisent depuis 3 semaines et la perspective d'un ralentissement économique peut avoir un effet haussier sur cette classe d'actifs et donc accentuer les dégagements sur le marché actions. Les taux moyens (5 ans) ont augmenté de 8,7 pbs lors de la séance d’adjudication de mardi.
Quant à l'impact supposé positif sur le Maroc du krach du marché pétrolier, il est à mettre en balance avec une consommation intérieure qui risque de piquer du nez en cas de prolongement ou de rehaussement des mesures restrictives entreprises par le gouvernement.