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Bourse de Casablanca : 2018, annus horribilis pour les actions

2018, annus horribilis pour les actions

 

Au Maroc, comme un peu partout dans le monde, la Bourse a connu une année difficile.

Les investisseurs en actions veulent rapidement tourner la page en espérant que 2019 sera meilleure. 

 

 

Par Y. Seddik

 

 

Pour ceux qui oublient vite, le marché leur a encore rappelé cette année que les temps ne sont pas faits que de performances et de succès. C’est d’ailleurs le même message qui a été véhiculé par les Bourses un peu partout dans le monde, chacune pour ses raisons et chacune à sa manière !

L’année avait pourtant bien commencé à Casablanca. Le Masi, indice de toutes les valeurs, a démarré 2018 à 12.400 points pour gagner 1.000 points en ligne droite et rallier les 13.400 points. Confronté à cette barrière psychologique et à des valorisations injustifiées sur les grandes capitalisations, le marché a plafonné mi-janvier.

Depuis, le smart money s’est contenté de soutenir les 12.100 points jusqu’à la fin de la période de résultats où plusieurs entreprises ont déçu. Ces 12.100 points, comme le secteur immobilier, ont été à ce moment-là attaqués. L’effet psychologique du boycott, les désengagements des étrangers, en plus du détachement des dividendes et de la baisse mécanique que cela induit, ont accéléré le mouvement et provoqué un troisième trimestre catastrophique à la Bourse de Casablanca. Le manque de relais a empêché le Masi de se relever. 

Les résultats semestriels, eux, n’ont pas pu relancer ou du moins freiner la baisse. La masse bénéficiaire des composantes du Masi s’est dégradée de 3,6% à fin juin, contre une croissance de 8% enregistrée sur les comptes de l’année dernière.

Rappelons aussi que les investisseurs étrangers ont quitté les marchés émergents et les Frontiers pour des raisons de couple rendement/risque, plus avantageux sur les produits de taux aux Etats-Unis. La Bourse de Casablanca a naturellement été affectée par ce mouvement de désengagement en milieu d’année. Maroc Telecom, Marsa Maroc, Attijariwafa bank, Cosumar, BMCE Bank, BCP ou encore Addoha étaient les principales valeurs vendues par les étrangers.

Cela, sans compter les incertitudes au niveau macroéconomique : ralentissement de la croissance économique, dérapages budgétaires, avertissements des agences de notation, recul continu du financement à l’économie, poids des privatisations… Et d’autres crises sociales que l’Exécutif n’a su gérer.

Le marché a ainsi connu sa plus mauvaise performance depuis 2012 où il avait lâché 15,33%. En 2018, il perd 8,27% et près de 17% depuis son pic touché en février.

Seuls 6 secteurs sur les 24 listés terminent dans le vert. Là encore, plus de la moitié enregistre des baisses supérieures à 10%. Entre le point le plus haut et le plus bas de l’année, la Bourse a perdu exactement 115 milliards de DH de capitalisations. Bref, Annus Horribilis !

 

Que retenir de la gestion collective en 2018 ?

Les fonds actions ont vu leur actif net sous gestion baisser de 10,21% à 31,82 Mds de DH, selon les dernières statistiques de l’AMMC, celles du 14 décembre. Un mouvement expliqué par les rachats opérés et par la contreperformance qu’enregistre la catégorie actions (-6,88% depuis janvier). A titre de comparaison, à la même date de l’année dernière, l’actif net des OPCVM actions progressait de plus de 35%. Les OPCVM CT et MLT enregistrent toutefois les meilleures performances de l’année pour 2,47% et 2,58%. Rappelons que certains professionnels de la gestion avaient estimé que les fonds obligataires allaient pâtir du risque inflationniste post-réforme de change. Il n’en fut rien.

 

Les thématiques qui ont fait pschitt

En ces temps de turbulences, les investisseurs actifs se sont déplacés d’un secteur à l’autre, à la recherche de refuges, de placements plus rentables ou encore pour corriger la performance annuelle de leurs portefeuilles. Une stratégie qui ne s’est pas toujours avérée payante, comme en attestent les cas suivants :

 

Mid Caps : Fin de cycle

En perte de vitesse depuis le début d’année, le parcours des Mid Caps n’est plus aussi reluisant qu’il l’était en 2017, encore moins en 2016. Snep, Jet Contractors et Alliances, qui ont traversé une grosse tempête, étaient revenues lors de ces années vers des rivages plus ensoleillés. Elles affichaient des gains respectifs de 240%, 133% et 131% sur le marché. Elles ont fait le bonheur des investisseurs, surtout des particuliers, même si elles se payaient un peu plus cher (l’intérêt d’y investir était de jouer un retour rapide des marges bénéficiaires). Ce retour ne fut pas sans accrocs et n’a d’ailleurs pas fait long feu. Ces entreprises de milieu de tableau ont littéralement calé cette année. Pour les seuls dossiers cités en haut, les pertes ont avoisiné 28% pour Snep, 12% pour Jet Contractors et 58% pour Alliances.

 

Flexibilité de change : Pari perdu

A côté des moyennes capitalisations, la thématique «régime de change» est l’une des grandes perdantes de l'année 2018. Dès le démarrage du processus de la flexibilisation du Dirham, cette thématique a été très indiquée par les professionnels du marché. Elle englobait notamment les entreprises exportatrices et les producteurs marocains concurrencés par l’import.

Pour la première catégorie, les opérateurs pariaient sur un glissement du Dirham, ce qui devait leur offrir un gain de compétitivité. On parlait principalement des minières qui, après une brève accélération, n’ont fait que dégringoler. A fin 2018, le secteur perd 37%. SMI perd 52%, Managem 42% et CMT, qui a le plus résisté, en perd 17%.  

La deuxième catégorie, celle des entreprises qui souffrent de la concurrence, n’a pas non plus marché. Snep (-27,82%) et Sonasid (-33,81%) ou même Med Paper (-36,93%) ont toutes chuté.

 

L’immobilier : Grand perdant de l’année

Le millésime 2018 restera dans les annales de la Bourse de Casablanca comme un très mauvais cru pour les immobilières. En cause : une lourde crise structurelle, un manque de visibilité pour les opérateurs avant l’échéance de 2020 et, bien sûr, d’autres considérations techniques. Les 3 valeurs admises à la cote affichent une perte de 50% depuis le début d’année.

 

Valeurs défensives : Parcours mitigé

En début d’année, certains analystes estimaient que le renchérissement des cours des titres en Bourse durant les 15 derniers mois, imposerait un réajustement de la stratégie de placement. Les valeurs de rendement résilientes ont ainsi été recommandées pour les investisseurs en quête de «couverture». Parmi les 4 valeurs choisies, seule Maroc Telecom (+4,89%) affiche un rendement positif au terme de l’année. A l’opposé, Taqa Morocco (-3,26%), Detla Holding (-9%) et BMCI (-15%) ont déçu. ◆

 


Encadré : HPS : Une techno qui ne plie pas !

A contre-courant de ces mauvaises progressions, seule HPS continue de faire bonne figure. Elle affiche une hausse de 54% en YTD et ne cesse d’actualiser ses sommets historiques. Au niveau fondamental, elle dégage depuis 3 ans des croissances à deux chiffres de ses résultats. Notons que depuis 2013, la tech progresse de 932% ! La société gagne des galons et réussit à s’imposer dans le marché hautement concurrentiel de la tech mondiale. Le management ne s’en cache pas d’ailleurs : «notre vision est de faire de HPS une entreprise de classe mondiale dans l’industrie du paiement».

 

 

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