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Bourse de Casablanca : Trump ravive les tensions, le marché encaisse le choc

Bourse de Casablanca : Trump ravive les tensions, le marché encaisse le choc

Alors que Donald Trump souffle de nouveau sur les braises du protectionnisme, les marchés financiers mondiaux réagissent en ordre dispersé. À Casablanca, la Bourse accuse le coup. Pour Abderrazak El Maghraoui, président de Serval Asset Management, le retour à une guerre douanière mondiale crée un effet domino qui dépasse largement les frontières américaines.

 

Par Y. Seddik

Dans un environnement mondial marqué par une extrême nervosité, la Bourse de Casablanca a surpris par la violence de sa correction hebdomadaire. Avec une baisse de près de 7% sur la semaine, le Masi signe l’une des plus fortes contre-performances mondiales, loin devant des marchés pourtant exposés en première ligne à la guerre commerciale sino-américaine, comme le Hang Seng (-8,47%) et le SZSE chinois (-5,13%). Selon plusieurs opérateurs interrogés, cette baisse s’explique avant tout par un phénomène de prise de bénéfices paniquée de la part des investisseurs particuliers.

Ces derniers, après avoir accumulé d’importants gains ces deux dernières années, ont choisi de se désengager brutalement et sans discernement. Ce mouvement a été accentué par les arbitrages de certains OPCVM obligataires, en réduction de leur poche actions dans un souci de sécurisation des rendements.

«Dès que Trump agite le spectre de surtaxes, les investisseurs internationaux réévaluent leur exposition aux marchés émergents. Le Maroc, bien que peu concerné directement, est embarqué dans ce mouvement global d’ajustement», explique Abderrazak El Maghraoui, président de Serval Asset Management. Depuis l’annonce de Trump visant à rétablir certaines barrières douanières, l’indice MASI a effacé plusieurs semaines de progression. Ce repli, selon El Maghraoui, ne reflète pas une détérioration des fondamentaux locaux, mais un simple «effet de propagation des risques globaux». «La Bourse de Casablanca reste étroitement corrélée au sentiment de marché mondial. Quand les places asiatiques tanguent et que les gérants étrangers réduisent leur exposition au risque, cela se ressent immédiatement ici, même si le Maroc n’est pas dans la ligne de mire de ces mesures», souligne-t-il.

Le risque Dollar et des opportunités à long terme

Au-delà des mouvements boursiers, le financier met en garde contre un autre risque : le renforcement du Dollar, conséquence quasi-mécanique des tensions commerciales américaines. «Un Dollar fort renchérit les importations, pèse sur certaines matières premières et exerce une pression sur les monnaies des économies comme la nôtre. Il faut garder un œil sur ce canal de transmission, souvent sous-estimé», prévient-il.

Mais tout n’est pas noir. Pour El Maghraoui, les phases de stress sont aussi des moments de lecture fine des valorisations. Certaines valeurs fortement sanctionnées sans raison fondamentale deviennent attractives pour les investisseurs avisés. «Nous voyons émerger des points d’entrée intéressants, notamment dans les secteurs défensifs et les valeurs peu corrélées à l’international. Il faut faire preuve de sélectivité, mais il y a des opportunités», assure-t-il. Il ajoute : «Ce type de correction rappelle que les marchés ne sont pas linéaires. L’important, c’est de garder une vision claire, de distinguer le bruit des vraies tendances et de ne pas céder à l’émotion». Alors que les grandes Banques centrales restent en retrait et que les flux internationaux redeviennent volatils, la Bourse de Casablanca entre dans une phase de respiration. Mais pour Serval Asset Management, cela ne doit pas être interprété comme un signal d’alerte généralisé.

«Les fondamentaux macroéconomiques du Maroc restent solides. Le marché est certes vulnérable à des secousses exogènes, mais il n’est pas structurellement menacé», conclut El Maghraoui. Bref, une fois la panique passée, le contexte macroéconomique pourrait rapidement redevenir un catalyseur pour les actions marocaines. La guerre commerciale, perçue comme déflationniste, commence déjà à produire des effets concrets sur les coûts logistiques. Les importateurs marocains constatent une forte baisse du fret et des prix des marchandises venues d’Asie, renforçant le pouvoir d’achat des ménages à terme sur des biens d'équipement légers. 

 

 

 

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