Les experts de BMCI nous livrent dans cette grande interview leur vision du paysage bancaire marocain, à l’aune des grandes échéances et des projets structurants du Royaume.
Par A. Hlimi
Evolutions réglementaires, finance durable, activités participatives et financement des grands chantiers du Royaume sont au cœur de cette série de questions que nous avons adressées à un ensemble de professionnels de la filiale marocaine de BNP Paribas. D’un point de vue global, ces entrevues permettent d’abord de dégager une idée générale sur la position de la banque sur les évolutions réglementaires qui attendent le secteur, et notamment la directive SREP. «BMCI a participé en 2023 au premier exercice SREP préparatoire dans le cadre de la mise en place de la future réglementation. Nous attendons le retour de BAM sur cet exercice «à blanc».
D’autre part, la BMCI a renforcé son dispositif de gestion des risques Pilier II, notamment en créant une joint-venture Risk/ Finance pour la production du rapport ICAAP qui est au cœur du dispositif SREP», nous explique-t-on auprès du groupe. Concernant l’activité, et dans la même lignée que le secteur bancaire, le management du groupe est confiant : «la BMCI a démontré sa résilience face aux défis qu’ont impliquées l’inflation et la hausse des taux, suite à une stratégie bien orientée et aux nombreux efforts consentis par les équipes de la banque. Une bonne performance des crédits a ainsi été enregistrée à fin décembre 2023, avec une hausse de 8,0% des crédits à la clientèle consolidés, atteignant ainsi 58,8 milliards de dirhams.
Cette croissance témoigne de notre engagement continu à soutenir nos clients dans leurs projets et leurs besoins de financement, tous segments confondus : particuliers, professionnels et entreprises, tout en ayant un portefeuille assez bien réparti sur différents secteurs d’activité». Quant à l’avenir, BMCI maintient son même niveau d’enthousiasme : «dans les années à venir, nous restons résolument engagés à maintenir cette trajectoire de croissance maîtrisée, en nous appuyant sur notre expertise, notre solidité financière et notre trajectoire en finance durable. Nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec nos clients pour les accompagner dans la réalisation de leurs projets».
Le crédit bancaire résiste à l’inflation
Questionné par ailleurs sur le comportement du crédit bancaire en 2023, le groupe demeure confiant : «dans un contexte global empreint d’incertitudes, en lien avec la matérialisation croissante des risques climatiques ainsi que les pressions inflationnistes persistantes, le secteur bancaire a su faire preuve de résilience en 2023 et a démontré une bonne capacité d’adaptation face aux défis récemment posés. Le renchérissement du coût de la vie, l’inflation et la hausse des taux n’ont finalement pas entravé la dynamique de production des crédits bancaires au Royaume, qui ont connu une croissance de 5,2% en 2023, bien que disparate en fonction des segments de clientèle et des types de crédits. En 2023, les crédits à l’investissement ont été le moteur principal de cette croissance, drivés par des secteurs clés de l’économie à l’instar du transport et des télécommunications.
Par ailleurs, les crédits à la consommation ont stagné, en lien avec l’attentisme des acquéreurs dans un contexte d’inflation et avec la baisse de la capacité d’endettement des ménages qui a atteint son plus bas historique depuis 2008. En parallèle, les crédits de trésorerie ont pâti des effets de l’amortissement des crédits Damane Oxygène, Relance, et autres, et de la transmission rapide de la hausse des taux débiteurs sur ce segment.
Dans ce contexte, la dynamique d’évolution des crédits devrait s’accélérer sur les prochaines années, dans la lignée du virage entrepris actuellement dans le développement du Royaume, notamment avec la signature de multiples partenariats, l’organisation de la Coupe d’Afrique 2025 et de la Coupe du monde 2030 ainsi que les nombreux projets stratégiques et structurants prévus dans les années à venir, et qui auront un impact positif sur la croissance des crédits bancaires. Le secteur bancaire sera ainsi un partenaire clé dans le développement économique du pays, en fournissant un financement stratégique, en soutenant les entreprises à tous les niveaux et en adoptant des pratiques financières responsables».