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Blockchain: «L’adoption de la technologie progresse au Maroc»

Blockchain: «L’adoption de la technologie progresse au Maroc»

Certaines entités évoluant dans les domaines de la finance et la logistique sont dans une phase très avancée, avec des projets opérationnels à base de blockchain.

L’accroissement de la prise de conscience des avantages de la cryptomonnaie à base de blockchain de la part des Marocains pourrait contribuer efficacement à une utilisation massive et à la légalisation de la monnaie numérique.

Entretien avec Badr Bellaj, CTO de l’entreprise technologique Mchain. 

 

Propos recueillis par M. Diao

 

 

Finances News Hebdo : Aujourd’hui, quels sont les secteurs qui sont les plus enclins à recourir à la technologie blockchain au Maroc ?

Badr Bellaj : Il convient tout d’abord de préciser que tous les secteurs offrant des services qui impliquent l’intervention de plusieurs acteurs sont prédisposés à utiliser la blockchain. L’exemple de la logistique est édifiant, puisque plusieurs acteurs font partie de la chaîne de valeur du secteur. A titre illustratif, citons l’administration de la Douane pour l’import-export, les transporteurs, les exportateurs, les opérateurs portuaires, etc. L’utilisation de la blockchain, gage de sécurité et de transparence, permet ainsi de faciliter l’interaction entre ces différents acteurs, avec en prime un gain de temps substantiel, puisque le traitement des opérations peut se faire de façon parallèle. Au-delà de cet exemple, les opérateurs qui font appel à nos services évoluent, entre autres, dans les domaines de la logistique, la finance, l’industrie et l’administration publique. Certains clients nous sollicitent pour la sécurisation de leur système d’information et d’autres afin d’améliorer la qualité de leurs données. Nous constatons également que des opérateurs industriels utilisent la blockchain afin d’innover ou proposer des services de haute valeur ajoutée à la clientèle.

 

F.N.H. : Quelle lecture faites-vous de l’utilisation de la blockchain par la finance au Maroc, pays dans lequel les cryptomonnaies utilisant la technologie blockchain sont toujours interdites ?

B. B. : En premier lieu, il convient de rappeler que la Banque centrale tunisienne expérimente un projet d’échange de monnaies digitales de Banque centrale (CBDC), copiloté par la Banque de France. Le Maroc expérimente un projet similaire, même si Bank Al-Maghrib (BAM) n’a pas déployé une grande campagne de communication sur le sujet. En revanche, BAM avait communiqué sur la formation du comité en charge de la gestion de la CBDC. Au regard des informations divulguées au grand public, la Tunisie est légèrement en avance par rapport au Maroc, même s’il faut le reconnaître, les deux pays, intéressés par les CBDC, se limitent pour l’heure à des initiatives simples, timides, voire expérimentales. Au demeurant, pour plusieurs raisons, certaines Banques centrales peuvent faire le choix de garder le mystère autour de leurs projets relatifs aux monnaies digitales. Ceci dit, les initiatives précitées qui portent sur des monnaies de Banques centrales ont peu d’intérêt pour le tissu économique et les opérateurs locaux.

Dans le même ordre d’idées, il y a lieu de rappeler qu’en 2019, BAM a présenté un Proof of Concept traitant d’un cas d’usage de la technologie blockchain, adapté au contexte national et répondant aux objectifs de la stratégie nationale d'inclusion financière. Il s’agit d’un cas d’usage pour la distribution ciblée des aides aux citoyens grâce à une chaîne distribuée entre les acteurs concernés. La solution permet aux consommateurs éligibles, préalablement identifiés par l'organisme de subvention, de bénéficier directement de leur subvention au moment de l'achat des produits concernés avec un règlement via une application de mobile paiement (M-Wallet) adossée à un compte bancaire ou de paiement. Malheureusement, l’on constate que ce projet est toujours en veille.

 

F.N.H. : Quelle est la posture des acteurs publics et privés vis-àvis de la technologie ?

B. B. : Tout d’abord, je tiens à dire que je porte un regard positif sur l’utilisation de la blockchain au Maroc. L’adoption de la technologie progresse. Nous travaillons avec beaucoup d’entités issues des secteurs public et privé qui portent des projets à base de blockchain. La Caisse marocaine des retraites (CMR) a communiqué en décembre 2021 sur un appel d’offres public. Et ce, afin d’être accompagnée par un expert pour l’adoption de la technologie blockchain. Au Maroc, nous avons deux catégories d’utilisateurs. La première est dans une phase très avancée, avec des projets opérationnels à base de blockchain (finance, logistique). Le deuxième groupe d’opérateurs est à un stade expérimental. Tout l’enjeu est d’opérer la migration de services classiques vers la blockchain et l’adoption massive de la technologie. Ceci dit, il est de bon augure de constater qu’à l’échelle nationale, les acteurs publics et privés sont favorables à cette technologie qui a de multiples avantages.

 

F.N.H. : L’e-gov et la dématérialisation des procédures administratives sont un grand chantier pour le gouvernement. Quel pourrait être l’apport de la blockchain pour ce projet structurant qui, une fois parachevé, facilitera la vie des citoyens ?

B. B. : Il faut savoir que la blockchain est avantageuse à la fois pour l’administration et les citoyens dans la mesure où celle-ci garantit la transparence. Par exemple, la technologie peut permettre à l’Etat d’être au fait en temps réel du sort des subventions et des aides octroyées aux personnes bénéficiaires. Toujours dans le cadre du système des subventions, outre la sécurité des opérations et la résilience du système d’informations, la blockchain est en mesure d’offrir à l’administration la possibilité d’être en contact direct avec les bénéficiaires. Ce qui évite les risques liés au foisonnement d’intermédiaires ou d’acteurs (inefficacité, corruption, etc.). Par ailleurs, notons que la blockchain est susceptible de faciliter le partage d’informations entre différentes administrations et de façon sécurisée. Ce qui est de nature à faciliter la vie des usagers et supprimer des redondances inutiles. La technologie en question, qui offre l’opportunité d’automatiser plusieurs process au bénéfice de l’Etat, a aussi l’atout d’améliorer la gestion de l’identification numérique.

 

F.N.H. : Enfin, au-delà du volet juridique qui pour l’heure est une source de blocage, selon vous, les autres prérequis sontils satisfaits pour la démocratisation de la crypto-monnaie au Maroc ?

B. B. : Il faut savoir que le prérequis majeur de l’usage de la cryptomonnaie est satisfait. Les Marocains, dont certains utilisent déjà ce type de monnaie, sont pour la plupart équipés de smartphones. A mon avis, l’accroissement de la prise de conscience des avantages de la cryptomonnaie de la part des Marocains pourra contribuer efficacement à une utilisation massive, et sûrement à la légalisation ensuite. Parce que les autorités auront tout intérêt à encadrer l’usage et le rendre formel, avec tous les avantages qui vont avec (transparence, recettes fiscales, gestion des devises, etc.). La monnaie numérique facilite les transferts de fonds et les paiements à l’étranger, avec des coûts défiant toute concurrence. 

 

 

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