Les encours de la Mourabaha immobilière représentent désormais un peu plus de 10% des encours globaux des crédits habitat.
Par A. Hlimi
Si au Maroc le marché du Takaful peine à décoller, celui de la Mourabaha immobilière connait une dynamique différente. Les encours ont dépassé pour la première fois la barre des 25 Mds de dirhams à fin janvier 2025, soit une hausse de 15,4% en rythme annuel, bien plus rapide que la moyenne chez les banques conventionnelles. Sur un mois, les nouveaux financements ont atteint 220 MDH contre 456 MDH chez le conventionnel, soit quasiment un Dirham sur deux en provenance d’établissements participatifs.
Mais la Mourabaha est aujourd’hui le seul vrai produit qui carbure chez ces établissements. D’ailleurs, en octobre dernier, Bank Al-Maghrib a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour une mission de conseil qui rentre dans un projet global intitulé «Développement du secteur bancaire participatif au Maroc» et financé par la Banque africaine de développement (BAD). Cette mission consiste en l’élaboration d'études approfondies en matière de finance participative, visant à enrichir et améliorer le cadre existant de l’industrie de la finance participative au Maroc, ainsi que renforcer davantage le développement de ce secteur.
«Les services comprennent différentes études, ayant pour objectifs notamment d’identifier les carences et contraintes qui entravent le développement du marché participatif au Maroc, et d’apporter des solutions et propositions ainsi que les mesures et actions à entreprendre pour le développement des produits et services de cette industrie pour différents segments de la clientèle», peut-on lire dans l’appel d’offres.
Takaful et marché des capitaux participatifs à la traîne
Selon une étude récente de l’Islamic Finance Development Indicator (IFDI) et les données récentes compilées par London Stock Exchange Group (LSEG), les obstacles rencontrés par le secteur du takaful marocain illustrent bien la difficulté d’émerger sur l’échiquier international de la finance islamique. Malgré une croissance impressionnante de 558% entre 2022 et 2023, l’offre de produits reste peu diversifiée.
Cette situation freine la compétitivité du marché marocain face à des économies plus matures, qui bénéficient d’une large palette de produits et d’investissements conformes à la charia. Pour espérer rattraper son retard, le Maroc devra non seulement élargir son offre en matière de takaful, mais également développer des solutions innovantes adaptées aux besoins d’une population de plus en plus diversifiée.
La digitalisation, déjà amorcée dans d’autres pays comme la Malaisie ou les Émirats arabes unis, pourrait constituer une voie d’avenir pour moderniser et dynamiser le secteur. Le défi de la taille est aussi important; et bien que totalement inenvisageable par les opérateurs marocains, cela permettrait de passer un cap. L’autre volet à développer est celui du marché des capitaux participatifs, avec un indice boursier Charia Compliant, et l’émission de nouveaux certificats de Sukuk pour permettre aux fonds Takaful de mieux allouer leurs fonds.