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Secteur bancaire: les banques à capital français jettent l’éponge

Secteur bancaire: les banques à capital français jettent l’éponge

Le microcosme bancaire connaît des changements significatifs. Avec l'acquisition de Crédit du Maroc par Holmarcom et l'annonce du retrait envisagé de la Société Générale, le secteur traverse une période de transformation sans précédent qui donne le pouvoir au capital local.

 

Par D. William

Le microcosme bancaire est en train de connaître des changements majeurs. Le premier acte de la reconfiguration du secteur a été posé par Holmarcom, qui a concrétisé en décembre 2022 l’acquisition d’une participation majoritaire dans Crédit du Maroc. Le second acte est en cours, avec notamment l’intention du Groupe Société Générale de se retirer du marché marocain.

Le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, l’a confirmée, précisant qu’il a reçu la visite du top management du groupe français qui lui a fait part des contraintes prudentielles qui pèsent de plus en plus sur le groupe en Afrique et de son souhait de se retirer. Le marché annonce l’ex-ministre et homme d’affaires Moulay Hafid Elalamy comme repreneur potentiel de la Société Générale. Si cela se concrétise, ce sera ainsi la seconde banque française à tomber sous le giron d’un opérateur marocain. Restera alors sur le marché BMCI, la filiale du Groupe BNP Paribas. Pourquoi ce désengagement des groupes français ? Est-ce lié uniquement aux «contraintes prudentielles» ?

Le marché marocain n’estil plus aussi porteur  ? Arrivent-ils encore à se développer dans un secteur bancaire très concurrentiel où les banques locales ont globalement pignon sur rue ? Alors que des Groupes comme Attijariwafa bank, Banque Populaire ou encore Bank of Africa sont montés en puissance ces dernières années, les banques à capital majoritairement français ont en effet connu des croissances beaucoup plus timides, voire ont perdu du terrain. Les chiffres publiés par la Banque centrale en attestent. En 2022, les banques à capital privé majoritairement marocain détenaient 57,9% des guichets contre 53,6% en 2021.

Cette part atteint 66,5% en termes de total-actif, 68,4% pour les dépôts et 65,8% pour les crédits, contre respectivement 63,6%, 64,1% et 61,5% une année auparavant. Parallèlement, l’évolution de la part de marché des banques à capital privé majoritairement étranger en termes de guichets s’est repliée de 5,1 points. Leurs parts du totalactif, des dépôts et des crédits ont reculé respectivement à 11,4%, 11,1% et 14,5%. A contrario, les banques à capital majoritairement public ont renforcé leur part de marché en termes de réseau à 30,7% (+0,8 point), de total-actif à 22,1% (+0,7 point), de dépôts à 20,5% (+0,4 point) et maintenu leur part de marché de crédits à 19,7%.

Des contraintes différentes

L'évolution des banques filiales de groupes français au Maroc a suscité un intérêt croissant ces dernières années. Malgré une présence historique et une forte empreinte dans le secteur financier marocain, elles font face à des contraintes structurelles et stratégiques qui limitent leur expansion et leur compétitivité sur le marché national. Initialement créées pour soutenir les investisseurs français, ces institutions ont progressivement diversifié leurs activités pour accompagner également les investisseurs et les particuliers marocains. Leur intérêt pour le marché marocain s'est donc développé assez tardivement. Les banques locales, quant à elles, n’avaient pas initialement accès aux investisseurs étrangers et s’étaient principalement concentrées sur la clientèle locale. De fait, une certaine spécialisation existait au début, mais qui s’est estompée avec le temps.

Par ailleurs, l’autre contrainte majeure à laquelle sont confrontées les banques filiales de groupes français, reste leur étroite dépendance vis-à-vis des décisions stratégiques de leur maison-mère, qui restreint leur capacité à prendre des initiatives locales et à répondre aux besoins spécifiques du marché marocain. En période de crise notamment, ces banques sont contraintes de suivre les politiques d'octroi de crédit fixées par leur siège, ce qui limite leur agilité et leur capacité à s'adapter aux fluctuations économiques locales. De plus, la politique de cash pooling, largement pratiquée par les maisons-mères, peut restreindre la possibilité des filiales françaises à investir localement en réorientant les excédents de trésorerie vers d'autres filiales du groupe.

Cette contrainte financière peut entraver leur capacité à financer des projets locaux et à soutenir le développement économique du Maroc. Plus généralement, les relations entre ces filiales et leur maisonmère sont à double tranchant. D'une part, ces liens offrent aux filiales un accès à l'expertise et aux ressources du groupe, ce qui peut être bénéfique pour leur développement. D'autre part, ils limitent leur autonomie et leur propension à prendre des décisions adaptées au contexte local.

Les stratégies de développement de ces banques reflètent donc souvent celles de leur maison-mère, ce qui limite leur ancrage local et peut parfois les empêcher de saisir pleinement les opportunités de croissance sur le marché marocain. Cela explique certainement pourquoi elles semblent être à bout de souffle, avec des positionnements devenus plus fragiles dans un marché où les banques locales, qui évoluent dans leur marché naturel, sont très dynamiques, assez agressives et pour le moins conquérantes. 

 

 

 

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