A partir d’octobre, la BCP doit être majoritaire dans le capital des Banques Populaires Régionales à hauteur de 52%. La BCP vient de s’offrir 10% supplémentaires du capital de la holding Atlantic Business International, portant ainsi sa participation à 75%. Le Groupe va aussi prendre une participation majoritaire dans le capital de BIA Niger. Le plan stratégique élan 2020 en marche.
Le Groupe Banque Centrale Populaire aura évolué dans un contexte particulier au cours du premier semestre 2015. C’est globalement ce qui est ressorti, mardi, de l’exposé fait par le PDG du Groupe, Mohamed Benchaâboun, à l’occasion de la présentation des résultats au titre des 6 premiers mois de l’année (www.financenews.press.ma).
En effet, le système bancaire, dans son ensemble, s’est heurté à un ralentissement des crédits distribués, particulièrement ceux octroyés aux entreprises qui ont fortement reculé de 10 Mds de DH contre -622 MDH à fin juin 2014. Avec notamment un repli des crédits d’investissement de 0,4% et de ceux destinés à la promotion immobilière de 7,7%. Malgré cela, le Groupe a pu consolider sa position commerciale, s’offrant 26,7% de parts de marché sur les dépôts et 24,8% (+22 pb) sur les crédits, et ce grâce notamment à l’ouverture de 76 nouvelles agences et au recrutement de plus de 421.000 relations sur une année glissante, pour un portefeuille clientèle qui s’établit désormais à plus de 5 millions.
Parallèlement, le secteur bancaire a connu une hausse des créances en souffrance de 2,9 Mds de DH à 55,7 Mds de DH, portant le taux des créances en souffrance, d’un semestre à l’autre, de 6,5 à 7,2%. Cette progression du TES, dans un contexte économique peu favorable, pousse depuis quelques années les banques à la prudence. C’est d’ailleurs depuis 2011 que le Groupe Banque Populaire a commencé à prendre ses précautions en constituant des provisions pour risques généraux (PRG) de 800 MDH. Encours qui a évolué au fil des années pour être porté à 2,8 Mds de DH à la fin du premier semestre 2015, auquel il faut ajouter des provisions pour créances en souffrance de 7,8 Mds de DH. Aujourd’hui, rassure Benchaâboun, «nous avons une couverture quasi-intégrale des créances en souffrance par les provisions, y compris la PRG».
Changement d’architecture
La physionomie du Groupe va considérablement changer avec l’amendement de la loi de réforme du Crédit Populaire du Maroc. En clair, à partir d’octobre, la BCP doit être majoritaire dans le capital des Banques Populaires Régionales à hauteur de 52%. Les BPR seront donc des filiales de la BCP. «Non seulement l’architecture du Groupe va changer et deviendra plus lisible pour les actionnaires et les investisseurs, mais cela renforcera les synergies et impactera positivement les comptes», fait remarquer Benchaâboun. Dans ce cadre, une augmentation du capital de la BCP, en faveur du personnel de la BCP et des BPR, devrait avoir lieu en novembre prochain.
Parallèlement, le projet de réorganisation de la structure du Groupe, en fonction de la nouvelle architecture des régions, a été initié. «Les régions correspondent en grande partie à notre schéma économique», note Benchaâboun. «Il s’agira d’analyser ce qui peut être fait pour harmoniser nos actions et assurer la continuité de notre activité à travers un maillage optimal du territoire», précise-t-il. In fine, la cohésion du Groupe devrait être renforcée, ce qui va constituer un atout majeur dans la réalisation du plan stratégique Elan 2020.
Dans cette perspective, le développement en Afrique constitue un axe prioritaire pour le Groupe. D’ailleurs, la BCP vient de s’offrir 10% supplémentaires du capital de la holding Atlantic Business International, portant ainsi sa participation à 75%. «Nous n’avons pas la volonté de monter encore plus dans le capital d’ABI; nous avons besoin d’avoir des actionnaires qui nous accompagnent», souligne Benchaâboun pour qui cette montée dans le capital de la holding est «une belle opération pour la BCP», en ce qu’elle lui confère «plus de liberté et de souplesse dans la gestion».
De même, le Groupe va prendre une participation majoritaire dans le capital de BIA Niger. L’opération, qui sera réalisée à travers ABI qui ne va acheter que le fonds de commerce, coûtera 230 à 240 MDH : 100 MDH serviront au rachat des parts et le reste à l’augmentation de capital. «Ces acquisitions en Afrique s’inscrivent dans une démarche d’investissements industriels dans la durée, mais guère dans une logique d’investissements de conjoncture», martèle Benchaâboun, même s’il reste conscient que la diversité géographique peut être source de problèmes. «Face au risque d’acquisition, il faut avoir la capacité d’absorption de ce risque; et dès lors que les fonds propres nécessaires sont là, il faut y aller», argumente-t-il. En tout cas, conclut-il, «nous nous sommes engagés en Afrique dans une stratégie de développement volontaire, maîtrisée et encadrée (en termes chiffrés) et ABI est un véritable relais de croissance pour l’institution».
Le cas Samir
Comme l’a annoncé en fin de semaine dernière le Groupe dans son communiqué financier, le Crédit Populaire du Maroc porte sur la société Samir des crédits par décaissement de 1,9 Md de dirhams, garantis à hauteur de 1,2 Md de dirhams par des sûretés réelles. Dans ce sens, au premier semestre 2015, une PRG additionnelle de 535 MDH a été passée. «Cette provision est inscrite en couverture de risques récemment identifiés dans certains secteurs, dont le raffinage», explique le management. Le cas Samir est évidemment problématique pour les banques (mais pas seulement), même si certaines tendent à en minimiser l’impact. Il y a néanmoins un pas de fait vers la sortie de crise, même si rien n’est encore joué. En tout cas, l’augmentation de capital de 10 Mds de DH décidée par le Conseil d’administration du raffineur semble déjà être un acquis de taille. «Depuis longtemps, les banques demandent une augmentation de capital de la Samir pour faire face au problème d’équilibre financier», confie le patron du GBP, tout en soulignant que la situation s’est détériorée avec les résultats réalisés au titre de 2014 (RNPG de -2,5 Mds de DH). Chose qui ne s’est pas améliorée puisque, au titre de ce premier semestre, le raffineur a affiché des pertes de plus de 2 Mds de DH. «L’action du management est attendue afin d’améliorer les ratios financiers de la Samir qui se sont sensiblement dégradés», relève Benchaâboun, tout en précisant que «cette situation nous a poussés à exiger des sûretés réelles».
David William