Le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM), réuni ce mardi à Rabat, a décidé de relever le taux directeur de 50 points de base (pbs) à 3%.
L’inflation devrait rester à des niveaux élevés à moyen terme
La croissance de l’économie nationale devrait se consolider à 2,6% cette année et s’accélérer à 3,5% en 2024.
Lors de cette réunion, il a d’abord salué les avancées notables enregistrées récemment par notre pays, dont notamment sa sortie de la liste grise du GAFI, l’appréciation positive du FMI à la suite de sa demande d’un accord au titre de la Ligne de Crédit Modulable ainsi que les conditions favorables dont a bénéficié la dernière émission du Trésor sur le marché international. Ces progrès sont d’autant plus appréciables qu’ils sont réalisés dans un contexte mondial difficile et incertain, avec l’enlisement du conflit en Ukraine, la fragmentation géopolitique, le durcissement des conditions de financement et la résurgence des risques de crises bancaires. Il a par la suite analysé l’évolution de la conjoncture économique nationale et les projections macroéconomiques de la Banque pour les huit prochains trimestres. Il s’est arrêté en particulier sur la transmission de ses dernières décisions de relèvement du taux directeur.
Le Conseil a relevé à cet effet que malgré une relative atténuation des pressions d’origine externe, les données récentes montrent que l’inflation continue de s’accélérer, sous l’effet notamment de chocs d’offre internes sur certains produits alimentaires. Il a pris note à cet égard des mesures mises en place par le Gouvernement pour améliorer l’offre de ces produits et assurer le bon fonctionnement de leurs marchés.
Après avoir atteint 6,6% en 2022, son plus haut depuis 1992, l’inflation devrait rester à des niveaux élevés à moyen terme. Elle ressortirait en 2023 à 5,5% en moyenne et sa composante sous-jacente se situerait à 6,2%, soit une révision à la hausse de 2 points de pourcentage par rapport à la prévision de décembre dernier et ce, en raison essentiellement de la flambée des prix de certains produits alimentaires qui y sont inclus. Ces projections supposent que les chocs à l’origine de cette augmentation se dissiperaient graduellement au second semestre à la suite des différentes mesures prises par le Gouvernement à cet égard.
En 2024, sous l’hypothèse que les pressions aussi bien internes qu’externes continueraient de s’atténuer, la tendance fondamentale des prix se situerait à 2,3%, mais le démarrage programmé de la décompensation des prix des produits subventionnés devrait maintenir l’inflation globalement à un niveau élevé, soit 3,9%.
Au regard de l’ensemble de ces données, le Conseil a décidé de relever le taux directeur de 50 points de base à 3% et ce, pour prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues et renforcer davantage l’ancrage des anticipations d’inflation en vue de favoriser son retour à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix. Il continuera de suivre de près l’évolution de la conjoncture économique et les pressions inflationnistes, tant au niveau national qu’international.