Les deux groupes viennent d’annoncer la création d’une filiale commune. Objectif : donner un coup de fouet à leur expansion dans le secteur des services financiers en Afrique (hors Maroc), particulièrement dans le domaine de la bancassurance. Quel rôle va jouer RMA Watanya dans cette nouvelle configuration ?
Ils ont fini par se rencontrer. Hors du Maroc. A force de grandir et de se développer en Afrique, les Groupes FinanceCom et Saham ont fini par se côtoyer, voire se concurrencer sur le continent, avant de se découvrir des affinités. Pourquoi, en effet, se dresser en rivaux quand on peut développer, ensemble, des synergies pour mieux s’implanter dans un continent où l’on a des objectifs communs ? C’est certainement partis de cette réflexion que les deux groupes ont décidé de nouer un partenariat stratégique la semaine dernière. Le communiqué conjoint publié dans ce sens est pour le moins clair. «Les Groupes FinanceCom et Saham, acteurs de référence dans les secteurs de la banque et de l'assurance sur le continent africain, ont décidé de sceller une alliance stratégique dans le but de mettre en commun leurs compétences et d'accélérer leur expansion dans le secteur des services financiers en Afrique (hors Maroc)», est-il précisé. Ainsi, ils ont «décidé de matérialiser leur partenariat pour l’Afrique en créant une structure juridique, détenue à parité par les deux Groupes, dont l’objet sera de se consacrer principalement au développement commun et à la coordination de plates-formes métiers présentant les synergies les plus fortes». Cette alliance était pour le moins inattendue, particulièrement au sein de la communauté financière. Pourtant, explique le communiqué, «compte tenu de leur complémentarité dans les domaines bancaires, assurances et services financiers et des perspectives de synergies industrielles, plus particulièrement dans la bancassurance, cette alliance stratégique représente un potentiel significatif de création de valeur pour les deux Groupes».
Bancassurance, le nerf de la guerre
Le marché africain de l’assurance suscite beaucoup de convoitises. Un intérêt très légitime quand on sait qu’il présente un potentiel de développement
assez important. En effet, selon les données de la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (Fanaf), avec des cotisations émises de 72,4 milliards de dollars (soit 3,5% du PIB), l’Afrique ne représentait en 2013 que 2,2% (marchés vie et non vie) du marché mondial de l’assurance (4.641 milliards de dollars). Et c’est l’Afrique du Sud qui génère, à elle seule, plus de 90% des émissions de la région. Ce qui démontre, tant s’en faut, qu’il y a des opportunités à saisir dans ce secteur. Raison pour laquelle pratiquement tous les grands groupes financiers marocains (Attijariwafa bank, FinanceCom, Saham) ont posé leur baluchon en Afrique, avec la ferme intention d’y développer leurs activités, précisément la bancassurance. En cela, l’alliance stratégique entre FinanceCom et Saham s’inscrit dans cette veine et, surtout, va leur permettre un maillage plus important et plus rapide du territoire africain pour prendre des parts de marché substantielles dans la bancassurance. «Si on raisonne stratégie, ce partenariat a toute sa raison d’être, parce que les deux groupes ont des bases financières solides en Afrique et peuvent mutuellement tirer profit de leur positionnement sur ce continent afin de développer le segment de la bancassurance. En effet, FinanceCom, à travers Bank of Africa, est un groupe bancaire bien implanté en Afrique, tandis que Saham, par le biais de Saham Assurance, y occupe également une position de référence. C’est donc un deal gagnant-gagnant pour les deux groupes», explique un analyste de la place. En effet, la configuration des deux groupes milite pour cette alliance stratégique. FinanceCom, qui est présent à travers BMCE Bank et Bank of Africa (BOA) dans plus d’une vingtaine de pays africains, n’a fait une incursion dans le marché des assurances africain qu’il y a peu de temps. En mai 2014, sa compagnie d’assurances, RMA Watanya, concluait ainsi un partenariat avec le Groupe Beneficial Life Insurance Company (BLIC). «Cet accord consacre, dans un premier temps, une prise de participation de l’ordre de 40% dans le groupe d'assurance BLIC qui exerce ses activités dans les régions CEMAC et UEMOA», précisait un communiqué de la compagnie. Aujourd’hui donc, la seconde compagnie d’assurances nationale est présente au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Togo. Un pas timide si on la compare à Saham Assurance qui a été l’une des premières compagnies marocaines à tisser sa toile à l’international, avec une présence dans une vingtaine de pays, allant du Maghreb à l’Afrique Centrale et l’Afrique de l’Ouest, en passant par le Moyen-Orient et l’Océan indien. Le pôle Assurance du Groupe Saham fédère ainsi une quarantaine de filiales en Afrique et revendique logiquement le statut de leader dans le continent (hors Afrique du Sud).
Quid de RMA Watanya
Avec la création d’une filiale commune aux groupes FinanceCom et Saham, la question du positionnement de RMA Watanya dans ce nouveau dispositif se pose avec acuité. Surtout, cela compromet-il ses ambitions de développement en Afrique? En effet, la communauté financière appréciait la prise de participation de 40% dans le groupe BLIC comme une première étape de son processus de déploiement en Afrique, en lui prêtant notamment l’ambition
de se positionner dans les pays de présence du Groupe BOA. Avec cette nouvelle configuration, cette ambition légitime sera-t-elle revue à la baisse ?
D. William