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BAM s’attaque aux fintechs

BAM s’attaque aux fintechs

 

L’impact de cette révolution n’est pas encore bien cerné, selon Jouahri.

Le programme du FMI réduira les conflits d’arbitrage réglementaires entre les pays membres.

 

Par Y. Seddik

 

Ce n’est plus un sujet de mode : la fintech et ses progrès interpellent les institutions financières mondiales, les régulateurs et les Banques centrales.

Les conférences et les rencontres sur la thématique se multiplient de peur de perdre le fil, ou du moins dans l’espoir d’en cerner les impacts. Dernier exemple en date : une conférence internationale organisée à Rabat, par Bank Al-Maghirb et le Fonds monétaire international, et qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du «Programme Fintech de Bali», initié en octobre dernier dans la ville indonésienne.

Si le FMI, aux côtés des Banques centrales, garantit aujourd’hui la stabilité monétaire internationale et que la Banque mondiale veille le progrès des pays en développement, ils se consacrent aussi désormais à l’étude des menaces potentielles que peut poser la présence accrue d’acteurs fintech. Et, en face, aux avantages tirés de l’utilisation de ces technologies, ce que l’on appelle «le dividende digital».

Car, il y a autant de menaces que d'opportunités à en tirer, comme l’a bien mentionné le wali de Bank Al-Maghrib dans son intervention.

«L’impact de cette révolution n’est pas encore bien cerné. Il se fera vraisemblablement sentir négativement au niveau du marché du travail», estime Abdellatif Jouahri.

D’ailleurs, l’une des études les plus importantes dans ce sens montre que 47% des emplois risquent de disparaître. Dans les pays émergents et en développement, cette proportion est beaucoup plus élevée, estimée en 2016 à 69% en Inde, à 77% en Chine et à 85% en Ethiopie.

Jouahri explique aussi que la mesure même du PIB est impactée. La prise en compte de certaines activités engendrées par la technologie, telles que les services fournis à soi-même en recourant aux plateformes en ligne, est un véritable défi pour les instituts de statistiques.

De même, les niveaux d’inflation seraient surestimés en raison de l’amélioration de la qualité des biens et services qui ne serait pas intégrée dans leur calcul.

Les conséquences sur la politique monétaire sont également mises en exergue : «Le champ de la supervision financière s’élargit progressivement avec l’entrée en activité de nouveaux acteurs et de nouveaux produits financiers, qui n’est pas sans conséquences sur la transmission de la politique monétaire», alerte le gouverneur de la Banque centrale.

 

Dividende digital

En revanche, un domaine où l’impact est largement positif est celui des procédures administratives, comme le paiement des taxes.

«Les gains sont multiples : réduction des coûts et des délais, mais aussi renforcement de la transparence et lutte contre l’évasion fiscale et la corruption», ajoute Jouahri. Et de noter qu’«en six ans, 1,2 milliard de personnes ont eu accès aux services financiers grâce à la technologie», citant une déclaration du secrétaire général des Nations unies.

 

Des actions concrètes ?

Le FMI et la BM commenceront à élaborer des programmes d’activité spécifiques sur la fintech, à mesure que la nature et la portée des besoins de leurs membres se précisent. Dans un premier temps, le FMI mettra l’accent sur les implications pour la stabilité monétaire et financière nationale (du Maroc) et mondiale et sur l’évolution du système monétaire international et du filet de sécurité financière mondiale.

La Banque mondiale, elle, en réponse à ce programme, s’attachera à utiliser la fintech pour approfondir les marchés financiers, élargir l’accès responsable aux services financiers et améliorer les systèmes de paiement transfrontalier et d’envoi de fonds des migrants.

En gros, le programme Fintech de Bali est un schéma directeur du FMI et de la Banque mondiale, sous forme de 12 propositions, permettant d’accompagner les 189 pays membres dans leurs discussions de politique intérieure au sujet des avantages et risques inhérents aux fintechs.

Il doit surtout permettre de réduire les conflits d’arbitrage réglementaires et le risque d’incohérences légales entre les différents pays membres. ◆

 

 

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