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Bank Al-Maghrib: des raisons pour maintenir le resserrement monétaire

Bank Al-Maghrib: des raisons pour maintenir le resserrement monétaire

Soutenabilité du Dirham, rémunération de l’épargne, ancrage des anticipations d’inflation…, plusieurs éléments plaident en faveur de la poursuite du tour de vis monétaire de BAM en 2023.

 

Par Y. Seddik

Après la 3ème hausse du taux directeur opérée en mars par Bank Al-Maghrib, beaucoup se sont demandés jusqu’où ce relèvement peut-il aller, craignant ses effets sur l’économie nationale.  Sans se pencher sur la question de l’efficacité de la politique restrictive sur l’inflation, plusieurs observateurs et institutions internationales estiment que la Banque centrale va prolonger son durcissement monétaire pour au moins ancrer les anticipations d’inflation des agents économiques.

Bien que la littérature ne soit pas totalement fixée sur la relation de causalité entre inflation et activité économique, la plupart des études constatent qu’au-delà d’un certain seuil et lorsqu’elle s’installe, l’inflation a un impact négatif sur la croissance soutenue. Ceci suggère que, indépendamment des impacts limités à court terme qui pourraient être associés à un resserrement de la politique monétaire, la poussée inflationniste actuelle constitue un risque pour la croissance potentielle de l’économie marocaine.

D’autant qu’elle est nourrie par des chocs d’offre. Consciente de ce risque, les récents communiqués de la Banque centrale ont minimisé l’importance de l’arbitrage entre taux d’intérêt et croissance, tout en signalant qu’un resserrement de la politique monétaire est nécessaire pour prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes autoentretenues et renforcer davantage l’ancrage des anticipations d’inflation.

«Si le taux de croissance de l’IPC reste obstinément élevé et ne parvient pas à converger vers les projections de BAM, de nouvelles hausses de taux d’intérêt pourraient se profiler à l’horizon», avait expliqué à ce sujet la Banque mondiale en février dernier. Pour elle, «à l’avenir, la réponse de politique monétaire optimale aux chocs pourrait être un nouveau resserrement si l’inflation élevée s’avère persistante et si les pressions sur les prix continuent de se diffuser dans l’ensemble de l’économie, menaçant ainsi l’ancrage solide des anticipations d’inflation obtenu ces dernières années». Un avis qui n’est pourtant pas partagé par le HCP, pour qui le levier monétaire ne résoudra pas la problématique de l’inflation.

 

Un taux directeur à 4,5% en 2023 ?

Récemment, Fitch Solutions a estimé que le taux directeur de BAM atteindra 4,5% en 2023, soit 150 pbs de plus que le niveau actuel. «En effet, nous avons récemment révisé à la hausse notre prévision de taux directeur fin 2023 de 4% à 4,50 % suite à une augmentation significative de l'inflation. Nous pensons que des taux d'intérêt plus élevés compenseront en partie l'augmentation prévue des dépenses d'investissement du gouvernement, ce qui nous incite à réviser à la baisse nos prévisions de contribution des investissements au PIB en 2023 de 1,3 pp à 1,0 pp. Néanmoins, cela marquerait une amélioration par rapport à -0,6 pp en 2022».

De son côté, le bureau de recherche Attijari Global Research (AGR) demeure convaincu de la poursuite du durcissement monétaire en 2023, sur la base des dernières projections économiques et du discours du gouverneur de Bank Al-Maghrib. Les raisons évoquées par AGR sont d’abord la détermination affichée par BAM de vouloir éviter un cycle inflationniste long qui mettrait en péril les perspectives de croissance de l’économie marocaine sur le long terme. Avec la persistance de l’inflation et une croissance acceptable du PIB autour des 3% en 2023, la poursuite du relèvement du taux directeur est loin d’être un scénario «désastreux» pour l’économie.

 

Soutenabilité du Dirham

En tant qu’importateur net de produits énergétiques libellés en Dollar, et dans la perspective de la hausse du service de la dette extérieure, la soutenabilité du Dirham devient aujourd’hui un sujet de vigilance. Ainsi, BAM ne peut se permettre un décalage significatif entre sa politique monétaire et celle des grandes Banques centrales à l’international. Autre élément  mis en avant par AGR : les dernières prévisions de l’inflation au Maroc, qui projettent un niveau supérieur à 4,5% durant la période 2023-2024, portent la problématique de la rémunération de l’épargne au-devant de la scène. Ainsi, un taux directeur de 3% n’est toujours pas suffisant pour rétablir les taux de rendement réels en territoire positif. 

 

 

 

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