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Assurance: le développement du Takaful face à la réalité du marché

Assurance: le développement du Takaful face à la réalité du marché

La réussite de cette activité est tributaire de l’élargissement de l’offre à d’autres branches telles que l’automobile et la santé. L’investissement Takaful ne représente que 5% du total des primes actuellement.

 

Par Y. Seddik

Plusieurs années de tractations ont été nécessaires pour peaufiner le cadre légal du Takaful: des allers-retours chez le Conseil supérieur des oulémas (CSO), des modifications dans les textes d’application, des latences dans le circuit législatif… Aujourd’hui, cette assurance non-conventionnelle est devenue une réalité. Pour sa première année de démarrage, l’activité a généré des primes émises de 11,8 MDH.

Au terme du 1er semestre 2023, elle draine un volume global de 29 MDH. Toutefois, l’offre de produits d’assurance Takaful demeure limitée aux garanties et risques de l’activité bancaire participative, ce qui restreint la taille des fonds, à en croire BMCE Capital Global Research (BKGR) qui a publié une note de recherche fouillée sur le secteur des assurances au Maroc. Plus en détail, le secteur bancaire dispose d’un gisement de 21,6 milliards de DH de financement Mourabaha à fin décembre 2023, ce qui correspond à un marché cible sur le stock à couvrir de 86 MDH sur la base d’un taux médian de 0,4%, explique BKGR.

Celui-ci devrait croître à un rythme similaire à celui du financement participatif, dont l'encours a progressé de 24 milliards de DH entre 2018 et 2023, soit à peine 10% de la variation en volume de l’encours global de crédits sur la même période. En termes de commissions, ce niveau de primes devrait à peine générer des revenus de près de 26 MDH pour les compagnies d’assurances. Contrairement à l’assurance conventionnelle, les dispositions relatives au contrat d’assurance Takaful excluent toute notion liée à la prescription des droits, permettant ainsi aux participants et ayants droit de réclamer leur dû à n’importe quel moment. Cette situation devrait conduire à la constatation d’un niveau de provisionnement relativement élevé pour faire face aux sinistres survenus non déclarés, réduisant ainsi l’excédent technique des comptes (des provisions sur sinistres à payer nettes de 2,1 MDH au premier semestre 2023).

Ainsi, il semblerait que la réussite de cette activité soit tributaire de l’élargissement de l’offre à d’autres branches telles que l’automobile et la santé, qui pourraient dynamiser ce marché et améliorer sa rentabilité, estiment les analystes. Ils expliquent également que la diversification des produits proposés, notamment au niveau des assurances obligatoires, pourrait s’accompagner d’un risque de cannibalisation entre l’assurance islamique et celle conventionnelle.

De son côté, l’investissement Takaful (épargne), qui ne représente que 5% du total des primes actuellement, pourrait également contribuer à la croissance de ce marché. Cependant, son développement demeure freiné par un écosystème participatif incomplet, notamment en termes de marché des capitaux (Bourse, Sukuks et fonds d’investissements). Dans ce sens, l’émission de Sukuks (souverains et privés) semble nécessaire aujourd’hui afin de permettre aux compagnies d’assurances Takaful de répondre, en matière de politique d’investissement des contributions des fonds, à «la contrainte chariatique» de la conformité aux avis du Conseil supérieur des oulémas. Il est à rappeler que la première et seule émission de Sukuk souverain au Maroc a eu lieu en octobre 2018. Celleci a porté sur un montant de 1 milliard de DH amortissable sur une durée de 5 ans pour un P rendement annuel de 2,66%.

 

 

 

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