Mohamed Amrani, président de l'Association marocaines des actuaires
L’Association marocaine des actuaires, appelée à jouer un rôle toujours plus grand dans le secteur des assurances, se mobilise pour une formation conforme aux standards internationaux.
Elle a signé dans ce sens une convention avec la Fédération des assurances, le régulateur et l’INSEA.
Propos recueillis par L.H
Finances News Hebdo : Quelles sont les grandes lignes de cette convention, son objectif et pourquoi la renouveler une seconde fois ?
Mohamed Amrani : Nous avons déjà un partenariat avec l’INSEA et la Direction des assurances et de la prévoyance sociale (DAPS) depuis 1999. Mais comme la DAPS a changé de statut, la convention initiale est arrivée à terme. Il était donc temps de l’actualiser pour renforcer le développement de la filière et tenir compte, je dirais, du changement organisationnel et institutionnel, aussi bien au niveau de l’autorité de contrôle qu’à celui du système des assurances.
Cette convention a deux aspects : d’abord l’aspect moral. Pour moi, c’est une reconnaissance implicite de la qualité de formation de l’INSEA, mais aussi de la contribution des professionnels marocains, notamment les actuaires.
Ensuite, le soutien financier que la FMSAR apporte à cette filière est très important, et c’est même vital. La Fédération accompagne de manière forte le développement de la filière à travers cette école de formation qui est en fait le principal fabricant d’actuaires au Maroc. Ce qui est important pour nous en tant qu’association, car nous nous soucions de la formation de base et de la formation continue.
De plus, nous sommes membres de l’Association actuarielle internationale et pour en faire partie, nous avons besoin d’une école de formation locale qui soit aux standards internationaux. Cette convention permet donc de renforcer la filière, mobiliser des moyens financiers et de s’assurer que le niveau de formation est conforme aux standards internationaux.
F.N.H. : Quelles sont les nouveautés de votre profession ?
M. A. : Notre profession commence à émerger dans le secteur des assurances. Jusqu’à présent, il n’y avait pas de cadre réglementaire relatif à l’exercice de cette profession. Aujourd’hui, il y a quand même un changement majeur et structurel, à savoir la circulaire de solvabilité basée sur les risques. Elle fait référence à l’une des fonctions clés dans le cadre de ce nouveau régime, à savoir la fonction actuarielle. Traditionnellement, elle ne définit pas l’actuaire de manière explicite, mais il est convenu au niveau international que la fonction actuarielle soit exercée naturellement par les actuaires. Il est clair que c’est un chemin pour l’Association afin de s’intégrer de manière institutionnelle dans le dispositif du secteur financier au Maroc.
F.N.H. : Que reste-t-il encore à faire pour renforcer votre profession ?
M. A. : Il faudrait prendre le chemin de la reconnaissance. Nous sommes une association légale, reconnue au niveau international.
Notre challenge est d’obtenir une reconnaissance en tant qu’organisation professionnelle dans le système financier marocain, et notamment dans le secteur des assurances. Je pense que le chemin a été emprunté.
A travers cette convention, une formalisation a été faite entre le secteur des assurances, principal employeur des actuaires, et l’ACAPS, qui contrôle les assurances, et de facto l’organisation professionnelle de par la nature de l’activité des actuaires.
En tant qu’AMA, nous avons pris la trajectoire d’une existence institutionnelle dans le système juridique marocain, et l’enjeu est très important. D’abord local, mais surtout africain, car le Maroc a une politique africaine dans laquelle nous nous inscrivons entièrement. Cela a d’ailleurs été montré lors du 5ème Congrès actuariel africain organisé l’année dernière sous le haut patronage du Roi Mohammed VI. C’est dans la continuité d’un processus entamé il y a un an. L’idée est que les actuaires marocains jouent un rôle non seulement national, mais régional, ce qui est totalement en phase avec les directives de notre pays. ◆
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