Spécialisée dans la transformation digitale, le développement informatique et la business intelligence, Digitis aspire à devenir un acteur clé du secteur au niveau national et international. Basée au Technopark de Rabat depuis sa création en 2022, la startup marocaine s’est vu octroyer le label «Jeune entreprise innovante» (JEI). Dans cet entretien, Meryem Kassou, fondatrice de Digitis, revient notamment sur les défis rencontrés et partage ses perspectives pour l’écosystème entrepreneurial marocain, particulièrement dans le domaine des nouvelles technologies.
Propos recueillis par M. Ait Ouaanna
Finances News Hebdo : Tout d’abord, parlez-nous de Digitis et de ce qui vous a poussée à créer cette startup ?
Meryem Kassou : Digitis est une startup innovante spécialisée dans la transformation numérique et le développement de solutions technologiques. L’idée de créer Digitis est née de ma volonté de répondre à des besoins spécifiques que j’ai observés sur le marché. Mais au-delà de l’aspect technologique, mon ambition est de contribuer à une cause qui me tient particulièrement à cœur : réduire le fossé de la représentation des femmes dans les domaines de la tech et de l’intelligence artificielle. Après mon expérience de mentorship chez Intel en Silicon Valley, j’ai eu l’opportunité de découvrir l’écosystème dynamique de l’innovation, où j’ai vu de nombreuses femmes leaders dans la tech et l’entrepreneuriat. Cependant, j’ai aussi constaté qu’il reste encore beaucoup à faire pour encourager davantage de femmes à se lancer dans des carrières technologiques et en IA. Cette expérience a renforcé mon désir de créer un environnement où les femmes peuvent non seulement s’épanouir dans la tech, mais aussi jouer un rôle de premier plan dans la construction des solutions de demain. Digitis a donc pour objectif de promouvoir l’innovation tout en offrant un environnement inclusif, dans lequel les femmes peuvent s’impliquer, développer des compétences et contribuer à l’émergence de nouvelles technologies. En tant que fondatrice, je souhaite être un modèle pour les futures générations d’entrepreneures dans la tech et l’IA, et encourager d’autres femmes à rejoindre ce secteur passionnant. Notre ambition est de devenir un acteur clé dans la révolution numérique, non seulement au Maroc, mais aussi à l’international, en développant des solutions qui apportent une réelle valeur ajoutée à nos clients, tout en favorisant l’inclusion et la diversité dans un domaine encore trop peu représenté par les femmes.
F.N.H. : Comment votre certification Jeune entreprise innovante (JEI) par l’Agence de développement du digital (ADD) a-t-elle impacté le développement de votre startup ?
M. K. : La certification Jeune entreprise innovante (JEI) délivrée de la part de l’ADD a eu un impact considérable sur le développement de Digitis. Elle nous a permis de bénéficier de divers avantages fiscaux et financiers, ce qui a facilité notre croissance et notre capacité à investir dans la recherche et le développement. Grâce à cette certification, nous avons pu renforcer nos équipes, développer de nouvelles solutions et surtout mettre en place des projets innovants qui ont fait la différence sur le marché. Elle nous a aussi permis de gagner en crédibilité auprès de nos partenaires et investisseurs, et d’obtenir des financements à des conditions plus favorables. En somme, la certification JEI a été un levier stratégique pour accélérer notre développement et ancrer Digitis dans une dynamique d’innovation continue.
F.N.H. : Quels ont été les principaux défis que Digitis a rencontrés en tant que jeune startup ?
M. K. : L’un des premiers grands défis que Digitis a rencontrés a été l'accès au marché. En tant que jeune startup, il n’était pas facile de se faire connaître dans un environnement compétitif. Nous avons dû redoubler d’efforts pour bâtir notre crédibilité, convaincre des clients potentiels de la valeur de nos solutions et nous établir comme un acteur de confiance dans notre secteur. Ensuite, le financement a constitué un autre obstacle majeur. Dans les premières phases de développement, chaque Dirham comptait, et obtenir les fonds nécessaires pour poursuivre nos projets a été un véritable défi. Nous avons dû faire preuve de créativité pour trouver des solutions financières adaptées, en explorant diverses sources de financement et en développant des partenariats stratégiques. Le recrutement des talents a aussi été un challenge. Attirer des profils qualifiés, en particulier dans le domaine des nouvelles technologies et de l'innovation, est un enjeu important. La concurrence pour ces talents est forte, et il est crucial pour nous de convaincre des personnes compétentes et passionnées de rejoindre notre aventure. Malgré ces défis, nous avons pu compter sur une équipe soudée, une vision claire et une volonté commune de réussir. Ces éléments nous ont permis de surmonter les obstacles et de continuer à avancer avec optimisme et détermination.
F.N.H. : Comment évaluez-vous l’évolution de l’écosystème entrepreneurial au Maroc, en particulier dans le domaine des nouvelles technologies ?
M. K. : L’écosystème entrepreneurial au Maroc a fait des progrès significatifs ces dernières années. Il y a une dynamique croissante autour de l’innovation et de la digitalisation, et de plus en plus de jeunes entrepreneurs se lancent dans des projets ambitieux dans les nouvelles technologies. Les initiatives gouvernementales et privées pour soutenir l’innovation, telles que les incubateurs, les financements pour les startups et les dispositifs comme le statut JEI, sont des signes positifs qui montrent que le Maroc est sur la bonne voie. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour renforcer l’accompagnement des jeunes entreprises, en particulier dans la mise en réseau, le mentorat et la formation des talents dans des secteurs de pointe comme l’intelligence artificielle, la blockchain ou le big data. Le soutien à l’internationalisation des entreprises marocaines devrait aussi être renforcé pour permettre aux startups de se projeter au-delà des frontières nationales.
F.N.H. : Selon vous, quels sont les besoins prioritaires des startups marocaines pour réussir à l’échelle nationale et internationale, et quelles initiatives ou mesures gouvernementales devraient être prises pour soutenir davantage ces jeunes entreprises ?
M. K. : Pour réussir, les stratégies d’accès au marché sont cruciales pour les startups marocaines. Elles ont besoin de programmes de visibilité, de réseautage et de partenariats stratégiques pour se faire connaître dans un environnement compétitif. L’accès aux financements adaptés (subventions, prêts, investisseurs) est également essentiel pour développer et déployer leurs solutions. Ensuite, le mentorat et les programmes d’accompagnement sont indispensables pour aider les entrepreneurs à structurer leurs projets et à surmonter les défis de croissance. Le développement des infrastructures numériques et l'accès aux marchés internationaux sont aussi des leviers importants pour permettre aux startups de se développer à l'échelle mondiale. Le gouvernement pourrait soutenir les startups en simplifiant les démarches administratives, en renforçant les dispositifs de financement et en encourageant les partenariats public-privé. Enfin, il serait important de promouvoir une véritable culture de l’innovation et de soutenir l'exportation des produits marocains. Avec ces mesures, les startups marocaines peuvent se développer à l’échelle nationale et s’imposer à l'international.