Les start-up peuvent désormais régler leurs importations de services par cartes de paiement internationales à hauteur de 500.000 DH par an.
Les professionnels saluent une grande avancée.
L’Agence de développement du digital fournira à l’Office des changes la liste des start-up éligibles à cette dotation.
Par Momar Diao
Au cours des dernières années, plusieurs dispositions confortent la volonté des pouvoirs publics de donner un coup de pouce aux entreprises innovantes. En témoigne la mise en place de la réduction d’impôts destinée aux sociétés qui prennent des participations dans les jeunes entreprises innovantes dans la limite de 200.000 DH.
Dans ce sillage, la nouvelle instruction générale des opérations de change (2019) introduit également une disposition majeure, de nature à promouvoir l’essor des start-up en leur facilitant la vie. Il s’agit de la possibilité pour les jeunes entreprises innovantes en nouvelles technologies de régler les importations de services liées à leurs activités par cartes de paiement internationales au titre du commerce électronique à hauteur de 500.000 DH par an.
Interrogé sur la portée de cette nouveauté ainsi que son impact pour le quotidien des start-up de plus en plus nombreuses au Maroc, Youssef El Alaoui, vice-président général de l’Apebi (Fédération des technologies de l'information de télécommunication et de l’offshoring) et co-fondateur de la société technologique Mobiblanc, concède: «Cette dotation de 500.000 DH par an accordé par l’Office des changes aux start-up va, à l’évidence, faciliter la vie aux entreprises innovantes. Cette nouveauté est un grand pas et synonyme d’une grande ouverture d’esprit. Car nous venons de loin».
«Au-delà de cette nouvelle possibilité offerte aux jeunes entreprises innovantes, cette disposition consacre quelque part le ‘Label start-up’ au Maroc», ajoute-t-il.
Les start-up pourront facilement acheter des services à l’étranger. Ces services concernent, entre autres le cloud, les systèmes de stockage et de calcul, Google Maps, les logiciels de gestion, ainsi que les services liés à la propriété intellectuelle au niveau mondial.
L’ADD en chef d’orchestre
L’expérience montre qu’au Maroc, la réussite d’une réforme et l’efficacité d’une nouvelle mesure dépendent, en grande partie, des acteurs en charge de leur pilotage et surtout du nombre réduit d’intervenants. Ce qui permet d’éviter les lourdeurs administratives.
C’est dans ce sens que l’Agence de développement du digital (ADD) est chargée de fournir à l’Office des changes la liste des start-up éligibles à cette nouvelle mesure introduite par l’instruction générale des opérations de change. L’Apebi a déjà fourni à l’ADD une liste de start-up adhérentes, éligibles et donc susceptibles de bénéficier de la dotation.
Pour l’association une start-up est définie comme une jeune entreprise qui travaille sur un produit innovant et dont le potentiel de croissance est considérable et exponentiel. De plus, ce genre d’entreprises s’adresse à la fois au marché local et international.
Le «Start-up Act» en toile de fond
Le récent dispositif de l’Office des changes afférent aux start-up fait partie d’un ensemble de propositions du «Start-up Act», porté par plusieurs acteurs (Apebi, CGEM, etc.) auprès des pouvoirs publics, en l’occurrence la Direction générale des impôts, l’Administration des douanes et des impôts indirects, l’Office des changes, le ministère des Finances et l’Agence de développement du digital, etc.
Parmi les doléances consignées dans ce Start-up Act, l’on retrouve, entre autres, la transformation juridique de la start-up en société par actions simplifiées et l’exonération d’impôts pour l’investissement dans les entreprises technologiques innovantes. Une requête en partie satisfaite par la Loi de Finances 2018.
Les professionnels sont formels : l’arsenal législatif actuel ne permet pas l’éclosion d’un écosystème composé de start-up fortes. Toujours est-il que la nouveauté introduite par l’Office des changes constitue un pas de plus dans le processus de l’implantation du «Start-up Act», dont les mesures sont adoptées de façon progressive par les pouvoirs publics. ◆
Une trentaine de recommandations
Dans le cadre du Start-up Act, l’Apebi compte une trentaine de dispositions et de recommandations allant dans le sens du financement, l’accès aux marchés publics, le statut juridique et les stocks-options qui ont une grande proportion à intéresser les investisseurs potentiels à la start-up, marocaine.
L’association milite également en faveur de la mise en place d’un passeport start-up, qui facilitera la mobilité des jeunes chefs d’entreprise.