Geerd : «Notre ambition est de capturer une grande part du marché de l’enseignement supérieur»

Geerd : «Notre ambition est de capturer une grande part du marché de l’enseignement supérieur»

Depuis 2018, la startup marocaine Geerd propose des solutions pour transformer le secteur éducatif. Dans cet entretien, Othmane Sabih, cofondateur de Geerd, revient sur les défis rencontrés et les ambitions de la startup, qui vise non seulement à accélérer la digitalisation de l'éducation au Maroc, mais aussi à s'étendre sur le continent africain.

 

Propos recueillis par M. Ait Ouaanna

Finances News Hebdo : Tout d’abord, pouvez-vous nous présenter la mission principale de Geerd et ce qui vous a motivé à créer une startup spécialisée dans la Ed-tech ?

Othmane Sabih : Depuis notre création en 2018, Geerd se consacre exclusivement au secteur de l'Ed-tech au Maroc. Notre mission est précisément d'aborder et de surmonter les défis spécifiques de l'éducation numérique dans notre pays. Nous avons collaboré étroitement avec des dirigeants de grandes universités et écoles marocaines, en exploitant les opportunités offertes par le numérique pour transformer le paysage éducatif marocain. Nous croyons fermement que toute partie prenante du système éducatif marocain peut, grâce à des solutions innovantes, réduire le coût d'accès au savoir, créer des expériences d'apprentissage plus engageantes et ainsi contribuer à l'élévation de la société marocaine par l’éducation et la formation. Notre proposition repose sur la conception, le développement et le déploiement de solutions éducatives numériques innovantes ainsi que sur des solutions existantes, développées in-house, par des talents marocains, scalables et déjà mises en production sur le marché marocain, tout cela dans le but de :

• Accélérer la transformation numérique du système éducatif marocain.

• Améliorer la maîtrise des apprentissages fondamentaux.

• Réduire la déperdition scolaire et contribuer à l'épanouissement des élèves.

 

F.N.H. : Quels ont été les principaux défis que vous avez rencontrés lors de la création de Geerd ? Avezvous bénéficié de soutiens ou de programmes d’accompagnement spécifiques ?

O. S. : Notre premier client a été l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), qui a cru en notre première solution de test d’admissions en ligne et qui l’a utilisé sur plusieurs éditions des concours des différentes écoles et facultés de l’université. C’était un soutien de taille, car le premier client est souvent le plus difficile à avoir, et cela nous a permis d’avoir une référence solide pour s’attaquer au marché et proposer nos solutions Edtech. Jusqu’à ce jour, nous avons toujours fonctionné en fonds propres. Néanmoins, étant installés au Technopark de Casablanca, nous bénéficions d’un écosystème dynamique qui nous permet de présenter nos solutions à plusieurs acteurs, et ainsi renforcer la visibilité de nos produits ainsi que notre position sur le marché.

 

F.N.H. : Quelle est votre analyse de l’évolution de l’écosystème entrepreneurial au Maroc ces dernières années et quels sont, selon vous, les principaux manques à combler pour permettre aux startups marocaines de mieux se développer ?

O. S. : Ces dernières années, l’écosystème entrepreneurial a beaucoup changé, positivement. Nous remarquons la naissance de plusieurs pépites nationales dans plusieurs secteurs, dont beaucoup ont reçu des financements de fonds marocains. Cela est rassurant et crée un élan de positivité chez les jeunes entrepreneurs en quête de financement. Toutefois, nous constatons toujours des difficultés à accéder à la commande publique, qui favorise les entreprises ayant une certaine séniorité et taille d’effectif, chose qui n’est pas forcément un gage de qualité de la solution ou du service. Startup est souvent synonyme de croissance exponentielle. Or, le marché marocain demeure assez petit pour supporter une forte croissance. Il faudrait peut-être mettre en place un programme pour faciliter l’accès des startups aux autres marchés, africains notamment, surtout pour les solutions digitales dématérialisées, qui sont plus facilement exportables et sujettes à moins de réglementation.

 

F.N.H. : Quels sont vos objectifs à court et long terme pour Geerd, en termes d’expansion ou de nouveaux produits et comment voyezvous l’avenir de la ED-tech au Maroc et en Afrique dans les 10 prochaines années ?

O. S. : Cette année, nous avons commencé à commercialiser un produit SaaS (Software as a Service) à des écoles supérieures privées renommées, qui leur permet de digitaliser un grand nombre de leurs process, comme les admissions, la gestion de la scolarité, les cours en ligne, les examens, la facturation et d’autres services. Notre ambition est de capturer une grande part du marché de l’enseignement supérieur avec ce produit pour pouvoir viser le reste de l’Afrique, et pourquoi pas s’allier à un investisseur pour assurer une croissance rapide. En tant que secteur, la Edtech est un important levier de développement pour les pays émergents, car l’éducation est le moteur principal de la croissance de toute société. Aussi, la digitalisation du secteur de l’éducation et l’exploitation des possibilités offertes par l’IA peuvent contribuer à démocratiser l’accès au savoir et à réduire les inégalités. Avec une population des plus jeunes du monde, beaucoup d’investisseurs prisent la destination Afrique. Cela va sans doute profiter au secteur de la Edtech qui va continuer à croître dans les années à venir, car l’Afrique a besoin d’une jeunesse qualifiée pour faire face aux défis du monde de demain. 

 

 

 

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