Doté de 500 MDH par la Banque mondiale, le fonds Innov Invest dédié au financement de l’amorçage des start-up et de l’innovation suscite d’ores et déjà l’euphorie auprès du monde entrepreneurial. Le tout est de savoir si ce nouveau véhicule financier atteindra ses objectifs.
Avec la récente annonce du lancement du fonds Innov Invest, l’on serait tenté de dire que l’une des doléances essentielles des opérateurs économiques et des experts férus du monde de l’entreprise vient de recevoir une réponse appropriée de la part des pouvoirs publics et leurs partenaires financiers internationaux. En effet, pour un jeune chef d’entreprise ou de start-up, c’est peu de dire qu’il n’est pas toujours aisé de décrocher un premier financement auprès des établissements, surtout lorsque la société en question est dans la phase cruciale de démarrage. Ce véhicule de financement pourvu d’une première dotation de 500 MDH émanant de la Banque mondiale (BM) est justement dédié au financement de l’amorçage des start-up et de l’innovation. La pertinence d’un tel dispositif ne fait aucun doute au regard du degré de risque élevé que présente le financement des start-up. Il est opportun de rappeler que sur une centaine de projets inhérents à cette catégorie d’entreprise, seule une dizaine a la chance de rencontrer le succès escompté. D’où l’attitude précautionneuse des établissements bancaires pour le financement de ce type de projets. Dans le détail, le fonds Innov Invest concerne les volets suivants : les besoins de l’innovation du pré-amorçage, la création-démarrage et la croissance. Cela dit, à l’instar des autres véhicules de financement dédiés aux entreprises, certains écueils guettent ce nouvel outil dont la gestion est confiée à la Caisse centrale de garantie (CCG). Il s’agit entre autres, de la lourdeur administrative pour l’obtention du financement, le manque de communication autour du produit et la difficulté de retenir et d’identifier les projets les plus porteurs susceptibles de réussir. D’où la nécessité d’impliquer davantage les organisations entrepreneuriales et celles évoluant dans le domaine des start-up et de l’innovation. Au-delà de l’aspect du financement, nerf de la guerre, force est d’admettre qu’au stade de démarrage, les porteurs de projets innovants ou créateurs de start-up ont aussi besoin de conseil et d’accompagnement. Car, généralement, ceux-ci ne sont pas encore outillés pour recruter leurs premiers clients et bien se positionner sur le marché de plus en plus concurrentiel. Cela légitime sans doute l’intégration du volet conseil au sein de ce nouveau dispositif, qui concerne les subventions, les prêts d’honneur, les fonds propres et la dette intelligente sous forme d’avances remboursables et de prêts participatifs. En définitive, le succès du fonds Innov Invest à moyen et à long terme dépendra de la capacité des pouvoirs publics à le doter davantage de ressources financières. Ce qui permettra d’augmenter le nombre de start-up et de porteurs de projets bénéficiaires
M. Diao
Paroles de pro : Aziz Qadiri, président du Réseau Entreprendre
Nous nous réjouissons de l’annonce de la création du Fonds Innov Invest doté de 500 MDH par la Banque mondiale (BM) et géré par la Caisse centrale de garantie (CCG). Cela dit, nous attendons patiemment sa mise en place effective. Il faudra aller vite pour l’opérationnalisation de ce véhicule financier. Nous demandons qu’il soit mis en place au plus tard entre décembre 2016 et le début de l’année prochaine. Il faut savoir qu’il y a urgence. Il existe d’énormes besoins en matière de financement des start-up et de l’innovation au Maroc. Toutefois, soulignons que les principaux maillons de l’écosystème des start-up et de l’innovation étaient déjà au courant du lancement de ce dispositif, salué par tous. D’ailleurs, Réseau Entreprendre Maroc a été associé, puisque nous avons travaillé avec la CCG pour la mise en place du fonds, qui a tout de même pris du retard. Il faut dire que cela est courant au Maroc, notamment pour les grands projets. Cela dit, je reste confiant et surtout pressé pour le démarrage effectif du fonds. Par ailleurs, pour la réussite de ce dispositif, nous souhaitons une plus grande implication des associations et des fonds spécialisés dans le financement de l’innovation et des start-up».