Taux d’intérêt prohibitifs, systématisation de la demande de garantie, longs délais de traitement des dossiers, la liste des griefs rendant difficile l’accès des TMPE au finan-cement pourrait encore s’allonger. Néanmoins, il existe une réelle volonté chez les organismes publics pourvoyeurs de garantie de remédier à ses disfonctionnements.
Décidément, en ce début d’année, la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc (CFCIM) fait preuve de beaucoup de volontarisme envers les très petites, moyennes et entre-prises (TPME), comme en témoigne l’organisation d’une série de rencontres d’informa-tion portant sur la facilitation de l’accès des entreprises au financement. Cette initiative est d’autant plus salutaire que nombreux sont les patrons d’entreprise qui ignorent la palette des outils financiers mise à leur disposition. La dernière rencontre, qui s’est tenue dans les locaux de la Chambre à Casablanca, avait la particularité d’informer les participants sur les diffé-rents outils de financement et de garantie mis en place par Maroc PME, la Caisse centrale de garantie (CCG), et Finéa (filiale de la CDG), afin d’épauler financièrement les TPME de droit marocain. Après les différentes présen-tations des représentants des organismes publics précités, les patrons d’entreprise se sont empressés d’entrer dans le vif du sujet, en exposant les difficultés rencontrées au quotidien avec les acteurs financiers, notamment les banques. La systématisation de la demande de garantie pour l’obtention d’un prêt ban-caire, le coût prohibitif des crédits (taux d’intérêt élevés) et le manque de coordination entre les banques et certains organismes publics financiers (CCG, Maroc PME, Finéa) ont été les principales préoccupa-tions des chefs d’entreprise, qui se sont massivement déplacés pour la rencontre. Pour sa part, Khalid El Kaoumi, Directeur général adjoint Pôle développement de Finéa, a rappelé que son institution s’attèle à couvrir intégralement (100%) les crédits bancaires des entreprises. En cela, la filiale de la CDG couvre tous les risques. L’objectif recher-ché à travers ce mécanisme est de dispenser les TPME de l’obligation de donner des garanties aux banques pour l’octroi de crédit. Cela dit, certains patrons d’entreprise ont pointé du doigt les garan-ties personnelles qu’ils sont tenus d’apporter dans le cadre des mécanismes de finance-ment impliquant la CCG, par exemple. Au-delà des moyens de financement et de garantie, Abderrahim Aquesbi, Directeur général adjoint de Maroc PME, a axé son intervention sur la transformation de l’entité qu’il représente. «Depuis sa trans-formation opérée en 2015, Maroc PME, qui a accompa-gné près de 35.000 entre-prises depuis sa création, construit sa relation avec les TPME sur le moyen et long terme», assure-t-il. Et d’ajou-ter : «Nous avons résolument fait le choix d’accompagner uniquement les entreprises qui s’efforcent d’asseoir leur plan de développement sur le long terme». En définitive, la problématique de l’accès des PME au financement n’est pas prête d’être résolue. Pour cause, le crédit bancaire n’est pas un droit. La banque s’évertue toujours à trouver un mécanisme, qui l’expose à moins de risque d’insolva-bilité. De ce point de vue, le rôle des institutions publiques pourvoyeuses de garanties est capital pour rassurer les éta-blissements bancaires. D’où la nécessité de les doter de plus de moyens pour assurer leurs tâches.
Paroles de pro
Khalid El Kaoumi, Directeur général adjoint Pôle développement de Finéa
«Les délais de traitement des dossiers de demande de garantie, de caution ou autres, sont cruciaux pour les entreprises tenues de respecter un timing pour soumissionner aux appels d’offres publics, par exemple. Pour ce qui est des délais de traite-ment des dossiers chez Finéa, il faut compter au maximum quelques semaines. Du reste, certains dossiers peuvent traîner en longueur en raison du temps de réaction des banques, tenues par des règles prudentielles. Il convient tout de même de souligner que pour des raisons d’obligations légales, nos équipes se penchent sur un dossier une fois que celui-ci est complet. Au-delà de cet aspect lié au délai de traitement des dossiers, nous exhortons les banques à ne pas demander de garanties supplémentaires aux entreprises bénéfi-ciant de notre couverture intégrale. Par ailleurs, il est judicieux de préciser que les entreprises éli-gibles au Fonds de garantie de Finéa doivent avoir au moins deux ans d’existence et réaliser un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 50 MDH».
Infos pratiques
L’offre de Finéa
Contrairement à la Caisse centrale de garantie (CCG) ou à Maroc PME, Finéa, la filiale de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), est moins connue des patrons de TPME. La rencontre o rg a n i sée ré cemment à l a Chambre f rançaise de commerce et d’industrie du Maroc (CFCIM), était une réelle opportunité pour Khalid El Kaoumi, Directeur général adjoint Pôle développement de Finéa, d’exposer la gamme des produits de garantie et les autres instruments que la filiale de la CDG met à la disposition des TPME. «Notre ent i t é est principalement mue par l’intérêt et non par le profit», assure-t-il dans la foulée, avant de détailler l’offre de Finéa. En effet, outre le Fonds de garantie permettant de couvrir 60% du crédit bancaire de l’entreprise éligible, sans toutefois dépasser 13 MDH, Finéa accompagne les PME soumissionnant aux appels d’offres publics, en leur facilitant l’obtention des cautions et du financement nécessaire durant toutes les phases des marchés publics. Ce l a d i t , dans l ’opt i q u e d’offrir un accompagnement plus étoffé aux TPME, les responsables de la filiale de la CDG se penchent actuellement sur la création d’une nouvelle gamme de produits pour ne citer que ceux ayant trait à l’export, aux marchés publics à l’étranger et au crédit TVA. Pré c i sons tout de même que Finéa intervient par signature (garantie) et non par décaissement direct comme le font les établissements bancaires.
Momar Diao