Financement de l’innovation des entreprises: voir le verre à moitié plein ou à moitié vide ?

Financement de l’innovation des entreprises: voir le verre à moitié plein ou à moitié vide ?

Plusieurs mécanismes de financement d’entreprises innovantes et de start-up ont vu le jour ces dernières années, en plus des fonds spécialisés qui existaient déjà.

En dépit du saut quantitatif avéré, certains professionnels pointent du doigt plusieurs problèmes liés au financement de l’innovation des PME et des start-up.

 

L’innovation est un facteur de différenciation majeur surtout dans cette période peu propice au développement du tissu économique eu égard au contexte pandémique toujours d’actualité. L’innovation a un coût. D’où la pertinence de se pencher sur le mécanisme de financement de l’innovation des entreprises et des start-up au Maroc. Ces dernières années ont été particulièrement riches en termes de déploiement de nouveaux mécanismes de financement des entreprises innovantes. L’avènement du Fonds Innov Invest (FII), géré par la CCG, traduit quelque part la forte volonté des pouvoirs publics consistant à donner un coup d’accélérateur à l’innovation des entreprises et celle des start-up.

Pour rappel, l’on dénombre plusieurs leviers de financement dédiés à l’amorçage/innovation à travers bon nombre de fonds et de mécanismes : (Azur Innovation Fund, Seaf Morocco Growth Fund, Maroc Numeric Fund II, Damane capital risque, prêts d’honneur du Réseau entreprendre Maroc, etc.). Notons que certains fonds interviennent via des participations directes ou indirectes dans les start-up ou entreprises. Au-delà de ce rappel, l’initiative récente qui mérite d’être évoquée, a trait au lancement du programme «Tatwir–Start-up» par Moulay Hafid Elalamy, il y a trois mois à Rabat, et qui comporte également un aspect financier. Pour preuve, les projets sélectionnés peuvent bénéficier d’une prise en charge de 30% du programme d’investissement matériel et immatériel.

Le programme qui propose une offre intégrée d’accompagnement de bout en bout des projets des start-up, réputées pour leur ingéniosité, va de l’idée jusqu’à l’industrialisation en passant par les différentes phases d’incubation (pré-incubation, incubation, appui à l’industrialisation). 

Là où le bât blesse

Interrogé sur la diversité des mécanismes de financement de l’innovation des entreprises et des start-up marocaines, Ahmed Elazraq, DG de l’entreprise technologique GTEL, livre une analyse sans concession. «Il est clair qu’au regard des derniers mécanismes mis place pour le financement de l’innovation, notamment celle des entreprises et des start-up, nous pouvons dire que le Maroc est sur la bonne voie. Cependant, même s’il y a beaucoup de communication autour des nouveaux leviers ou véhicules de financement dédiés, du chemin reste encore à faire pour garantir l’efficacité du financement de l’innovation émanant des entreprises marocaines».

Notre interlocuteur n’y va pas par quatre chemins et indique que l’un des obstacles majeurs est inhérent à la bureaucratie excessive couplée à la concentration du financement sur l’axe Casablanca-Kénitra. «A l’heure de l’implémentation de la régionalisation, il est clair que les entreprises innovantes ou les start-up issues des autres régions doivent bénéficier davantage de financement, et surtout d’informations relatives à ce paramètre crucial», soutient le patron d’entreprise technologique implantée au Maroc et en Côte d’Ivoire. Par ailleurs, le parallèle avec l’Hexagone est d’autant plus utile si l’on sait que dans l’optique de promouvoir l’innovation des entreprises et assurer un meilleur financement, l’Etat français a mis en place deux mesures fiscales-phares qui sont le Crédit impôt recherche (CIR) et le Crédit impôt innovation (CII), cumulables pour les entreprises innovantes. Le CII vise le soutien des PME qui engagent des dépenses spécifiques pour innover. Les dépenses concernées par le CII sont celles des opérations de conception de prototypes, de nouveaux produits ou d'installations pilotes de nouveaux produits. A titre illustratif, le taux du CII est fixé à 20% des dépenses engagées par l'entreprise, avec un plafond de 400.000 euros. «Les CIR et CII appliqués en France sont très intéressants pour les entreprises qui font de l’innovation leur cheval de bataille», commente le spécialiste des IT. 

Et de conclure : «Au Maroc, la pression fiscale sur les PME est telle qu’elle constitue un obstacle à l’innovation. Les PME bien implantées qui ont des atouts indéniables en termes d’innovation, doivent être soutenues davantage en termes de financement. Cela permettrait de faire sortir les entreprises de la logique de survie qui pénalise l’innovation et le développement sur les marchés étrangers».  



 

Par M.D

 

 




 

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