Financement alternatif: le crowdfunding sur les rails

Financement alternatif: le crowdfunding sur les rails

Les conditions strictes imposées par le régulateur sont liées à la nature récente de l’activité au Maroc.

La question de la viabilité et de la pérennité du business model des plateformes de crowdfunding est un sujet central.

 

 

Neuf circulaires de Bank Al-Maghrib (BAM) ont complété récemment le dispositif prévu pour encadrer le financement collaboratif au Maroc. Ces circulaires ont été portées à la connaissance du grand public après l’avènement de la loi 15-18 et le  décret portant sur le crowdfunding, adopté en Conseil de gouvernement le 19 mai 2022. Ces circulaires lèvent le voile, entre autres, sur les modalités et conditions à suivre par les gestionnaires des plateformes, les porteurs de projets et les contributeurs pour les opérations de financement par  prêts  et dons. Pour Sarah Jaidi, fondatrice de Kiwi Collecte, une plateforme de collecte d’argent sous forme de dons, l’initiative tombe à point nommé, puisqu’elle était très attendue.

«Nous avons opté pour le don car l’activité est encore nouvelle au Maroc. La sensibilisation du grand public aux bienfaits du crowdfunding pour le financement de projet ou d’entreprise sera un travail de longue haleine», confie la jeune entrepreneure, convaincue que le don est, dans un premier temps, plus facile à expliquer et à comprendre par le grand public au Maroc. En effet, la mise en place d’une plateforme spécialisée dans le prêt est beaucoup plus complexe en termes de logistique, notamment la gestion des flux financiers (remboursements), et celle des risques relatifs au nonremboursement. A la question de savoir si la pléthore d’exigences imposées pour la demande d’agrément auprès de BAM n’est pas de nature à limiter le nombre de plateformes spécialisées dans le crowdfunding, Sarah Jaidi ne manque pas d’attirer l’attention sur le risque de barrières à l’entrée que pourraient générer les contraintes dévoilées par les récentes circulaires de la Banque centrale.

«Les conditions strictes imposées par le régulateur sont liées à la nature récente de l’activité au Maroc. Celles-ci traduisent aussi la nécessité de protéger les porteurs de projets à financer et les contributeurs», analyse notre interlocutrice. Quid de la viabilité du business model ? La question de la viabilité et de la pérennité du business model des plateformes de crowdfunding est un sujet central. D’ailleurs, la fondatrice de Kiwi concède que le benchmark international avec l’Europe montre que les premières années sont assez problématiques pour les plateformes de financement collaboratif, qui doivent être en mesure de couvrir leurs charges de fonctionnement, tout en investissant dans la communication pour se faire connaître.

Faudrait-il le souligner, tout l’enjeu pour les nouvelles plateformes est de s’imposer comme une référence en matière de collecte d’argent destinée au financement de projets. Notons que généralement, les plateformes de financement collaboratif qui génèrent des charges variables (transactions, conformité juridique, etc.) prélèvent une commission sur le total collecté, quel que soit le montant. «En plus du business model classique, nous sommes à la recherche d’investisseurs qui veulent s’impliquer dans le développement du Maroc, à travers l’encouragement de l’entrepreneuriat social», explique Sarah Jaidi.

Dans l’optique d’alléger les coûts de fonctionnement des plateformes, BAM travaille avec d’autres acteurs pour la mise en place d’une tarification moins lourde pour les paiements et les transactions bancaires. Soulignons qu’il existe d’autres pistes de monétisation des plateformes de crowdfunding. A titre illustratif, citons la possibilité de dépenser l’argent collecté chez un partenaire d’une plateforme quand il s’agit d’un projet dont la réalisation nécessite beaucoup de dépenses.

ans ce cas de figure, ce sont les partenaires qui rémunèrent directement la plateforme. L’autre piste de nature à multiplier les sources de financement est la possibilité pour une plateforme d’adresser d’autres marchés via la location d’espace à des entités spécialisées dans le crowdfunding. A ce titre, force est d’admettre que le marché africain pourrait être un relais de développement pour les futures plateformes marocaines de crowdfunding, lesquelles suscitent d’ores et déjà beaucoup d’entente auprès des jeunes porteurs de projets. 

 

 

 

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