En 2018, LaFactory, espace dédié à l’innovation, a permis à 29 start-up de décrocher des bons de commande.
L’usine à start-up envisage une implantation en Afrique.
Par M. Diao
Pour mieux appréhender la genèse de LaFactory, centre dont la vocation est l’accompagnement des porteurs de projet innovant et le développement du partenariat entre les grands donneurs d’ordre et les start-up, une intrusion dans le parcours de son fondateur Mehdi Alaoui est nécessaire.
L’homme connu et reconnu pour sa grande expertise dans le milieu des entreprises innovantes et qui a lancé ses premières start-up il y a déjà 18 ans, a mesuré, à travers les hackathons organisés par son entreprise ScreenDy, le grand potentiel du pays en matière de projets innovants portés par des jeunes qui ont envie de changer le Maroc voire le monde.
«Dans un premier temps, j’ai eu l’idée de créer une association, en l’occurrence Hack and Pitch qui a permis de développer le concept de hackathon», confie-t-il et d’ajouter : «Transformer un étudiant en entrepreneur prend en moyenne entre 2 et 5 ans. Cette exigence a été à l’origine de la création de LaFactory, qui accompagne les étudiants, tout en aidant les start-up à décrocher des bons de commande sur le marché».
La démarche de l’innovation ouverte est adoptée au sein de LaFactory afin de permettre à cette communauté d’opérer la transformation nécessaire. Cet espace dédié à l’innovation a permis à 29 start-up de décrocher des bons de commande. Un exploit loin d’être anodin, surtout si l’on sait que l’accès au marché constitue un challenge de taille pour les jeunes entreprises, qui ont du mal à recruter leurs premiers clients.
La création de Mehdi Alaoui a également inspiré plus de 60.000 personnes travaillant au sein de grands groupes, en les persuadant de l’importance de l’innovation et de l’intérêt de collaborer avec les start-up en la matière.
Les objectifs de LaFactory sont clairs à moyen terme. Il s’agit de multiplier les contrats d’affaires pour les start-up en renforçant les liens avec les grandes entreprises.
L’autre but est de travailler sur une chaîne de valeur de bout en bout, c’est-à-dire de l’accompagnement de l’étudiant à la start-up qui offre au marché ses produits ou services.
«Nous ambitionnons également de hâter notre implantation physique en Afrique en 2019 et 2020, puisque nos programmes sont panafricains», révèle le patron d’entreprise qui a plus d’une cordes à son arc (chef d’entreprise, mentor, investisseur, etc.).
Encadré : L’antidote de la mort prématurée
Des études montrent qu’au Maroc, 95% des start-up meurent après moins de deux années d’existence. A l’échelle mondiale, ce pourcentage recule légèrement pour se situer à 90%. Cette forte mortalité pour le moins prématurée est due essentiellement à la problématique du recrutement du premier client de la part des start-up, qui peinent à décrocher leurs premiers bons de commande.
De ce point de vue, LaFactory dont la mission principale est l’accélération de la collaboration entre les jeunes start-up et les grands comptes, constitue quelque part un antidote contre ce fléau.
Le centre d’accompagnement a mis en place trois phases qui sont le prototypage, la création d’un produit minimal et le produit prêt à l’exploitation.
La structure d’accompagnement apporte également aux porteurs de projets innovants du coaching et du mentoring via des experts nationaux et internationaux, tout en mettant à leur disposition des laboratoires technologiques de dernière génération (intelligence artificielle, impression 3D, robotique, etc.) et du financement.
Paroles de pro : Mehdi Alaoui, fondateur de LaFactory et patron de ScreenDy
«Pour répondre à la question de l’accès des PME et TPE au financement, je dirais que le Fonds Innov Invest, dont la gestion est confiée à la CCG va changer la donne au Maroc. Ce levier de financement pourra transformer notre pays en «start-up nation». Il faut savoir qu’à partir de 2019, 300 start-up seront financées chaque année par le Fonds Innov Invest. Ce qui veut dire qu’au bout de trois ans, 900 start-up bénéficieront de cet appui financier. Cette initiative est de très bon augure pour l’essor de l’écosystème des start-up au Maroc et permettra à coup sûr au Royaume d’être une «start-up nation» à l’échelle africaine. Sachant que d’autres entreprises innovantes verront le jour grâce à l’appui d’autres mécanismes de financement. Pour avoir un ordre de grandeur et afin de mesurer à sa juste valeur l’importance du Fonds précité, l’on dénombre près de 13.000 start-up en France, pays qui est fait partie des nations développées. Mon rêve de voir le Maroc devenir une «start-up nation» est en passe de se concrétiser». ■