Capital investissement : Un véhicule peu connu des PME

Capital investissement : Un véhicule peu connu des PME

altLe capital investissement qui érige la transparence en critère-clef, peut constituer une source de financement importante pour les PME marocaines, mais à condition qu’il soit démocratisé et plus connu des patrons de PME. L’AMIC s’emploie tout de même à sensibiliser à ce mode de financement alternatif, qui tente de se faire une place au Maroc.

Il est clair que le capital investissement, avec 5 Mds de DH investis dans 155 entreprises depuis 1990, ne fait pas encore le poids devant le financement bancaire classique auquel a recours la quasi totalité des entreprises marocaines. Cela dit, dans un contexte marqué par la sous-liquidité, les modes de financement alternatifs destinés aux PME ont le vent en poupe. Du côté de l’Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC), on affirme que 696 MDH ont été captés par les entreprises en 2014. Pour rappel, les PME et autres grandes entreprises sont les seules bénéficiaires du capital investissement, qui a vocation à investir dans des sociétés non cotées de différentes tailles. Les dernières statistiques de l’AMIC montrent que 3/4 des investissements en capital ont concerné des entreprises au stade de développement qui sont déjà implantées depuis plusieurs années. Toutefois, il y a lieu de préciser que les entreprises marocaines plus importantes de par leur taille, s’arrogent de plus en plus les faveurs des investisseurs en capital investissement. Ce qui est amplement corroboré par l’augmentation du ticket moyen d’investissement qui s’est chiffré à près de 43 MDH l’année dernière. Contactée par nos soins, Françoise Giraudon De Donder, déléguée générale de l’AMIC, estime que cette tendance peut être liée à l’importance des entreprises mais aussi à leur transparence ou à leur volonté de le devenir. «Les financements issus du capital investissement vont davantage aux entreprises dont les dirigeants souhaitent ouvrir leur capital», poursuit-elle. Partant, il est clair que le critère de transparence est un paramètre-clef pour les investissements en capital. Outre le volet financier, on s’aperçoit, à la lecture du dernier rapport d’activité de l’AMIC pour l’année 2014, que les investisseurs en capitaux une fois aux manettes améliorent substantiellement la gouvernance des entreprises marocaines. Ce qui est conforté par la mise en place de plusieurs outils de gestion (instruments de reporting, comité de suivi, etc.) 6 mois à 1 an après leur entrée dans le capital de l’entreprise. Du reste, force est de constater que le capital investissement, source de financement alternatif dédié aux entreprises, reste peu connu de la grande majorité des PME qui se tournent plutôt vers le financement bancaire classique. A ce titre, Françoise Giraudon De Donder assure que l’AMIC travaille d’arrache-pied pour sensibiliser les entreprises marocaines à ce mode de financement alternatif. L’objectif majeur étant de démocratiser cette forme de financement au Maroc.

 

Paroles de pro

Françoise Giraudon De Donder, Déléguée générale de l’Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC)

alt«Nous sommes tout à fait conscients que le capital investissement demeure un mode de financement alternatif peu connu des chefs d’entreprises. C’est à ce titre que l’AMIC a décidé d’étendre ses zones d’intervention au-delà de l’axe Casa-Rabat. Par ailleurs, le capital investissement recèle une grande marge de progression au Maroc. Les montants investis ne représentent que 0,08% du PIB. Ce chiffre paraît minime, mais beaucoup plus édifiant par rapport aux performances enregistrées dans la région MENA. Par exemple, le Maroc est en avance sur la Turquie. Dans les économies plus matures (USA, Europe), les montants investis tournent autour de 1% du PIB, ce qui signifie un taux de pénétration de 1%. Par ailleurs, il est important de signaler que l’Etat marocain, notamment le ministère de l’Economie et des Finances, fournit de gros efforts pour soutenir l’essor du capital investissement dans le pays. Pour preuve, la loi n°41-05 régissant les Organismes de placement collectif en capital (OPCC) a été amendée en une nouvelle loi n°18-14. Son vote par la seconde Chambre du Parlement a eu lieu fin janvier 2015. Sa publication au Bulletin Officiel devrait se faire incessamment. Cet instrument va générer un cadre juridique plus propice au développement du capital investissement».

 

Infos pratiques

Loi n° 18-14 relative au OPCC

La loi n° 18-14 régissant les Organismes de placement collectif en capital, qui devrait être publiée incessamment au Bulletin Officiel, créera un cadre juridique qui englobe l'ensemble des activités de capital investissement et ses différentes composantes que sont le capital risque, le capital développement et le capital retournement. L’objectif recherché à travers cette loi est de compléter l'offre de financement offerte aux entreprises, tout en accompagnant l'évolution du secteur au Maroc.

Faudrait-il ajouter que ce nouvel arsenal juridique s’attèlera à enrayer l’un des principaux écueils de la loi n°41-05 qui impose aux Organismes de placement en capital-risque de détenir un portefeuille constitué d'au moins 50% de titres représentatifs de fonds et de quasi-fonds propres d'entreprises ayant la qualité de PME. Le nouveau dispositif remplacera cette contrainte par l'obligation de détenir 50% de titres représentatifs de fonds et de quasi-fonds propres de sociétés non cotées.

L’introduction de ce changement permettra de mieux coller aux standards internationaux, notamment ce qui se fait dans des économies plus matures. Par ailleurs, la loi n°18-14 permettra une diversification des titres pouvant être émis par des OPCC pour comprendre les actions, les parts et les sukuk.

Momar Diao

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