Il représente plus de quatre fois celui du neuf et assure des recettes fiscales importantes.
Sa restructuration est vivement souhaitée par les opérateurs et les consommateurs.
Par C. Jaidani
En dépit d’une conjoncture difficile, le marché des véhicules d’occasion (VO) présente une bonne dynamique qui n’a cessé de se confirmer au fil des ans. Contrairement au marché de l’automobile neuve qui a accusé une baisse de 8% en 2022, celui de l’occasion a enregistré une hausse de 2%. En effet, 677.222 mutations ont été concrétisées. Ce volume assure à l’Etat d’importantes recettes fiscales directes. Excepté 2019 et 2020 qui ont coïncidé avec la pandémie, le marché du VO s’est toujours inscrit dans un trend haussier. Face à des problèmes d’approvisionnement de véhicules neufs dus à différentes causes, dont la crise des semi-conducteurs et la perturbation des chaînes de valeur, les acquéreurs ont opté pour l’occasion, puisqu’ils n’ont pas besoin de délais de réservation et les prix sont compétitifs.
«Mais, actuellement, on note une dynamique inhabituelle du VO s’expliquant par les problématiques que connaît le marché du neuf. Cette situation a fait grimper les prix. Conséquence : on trouve beaucoup de difficultés pour avoir des véhicules bon marché, particulièrement pour certains segments et modèles», explique Adil Berrada, garagiste à Casablanca. Ce marché reste fortement dominé par l’informel, contrairement aux pays développés où une part des transactions passe par un circuit organisé.
En France, par exemple, 25% de l’activité de Renault sont réalisées par le VO. Au Maroc, la marque au losange et sa cousine Dacia disposent ensemble de plus de plus 37% de parts de marché dans le segment de véhicules particuliers, avec plus de 60.430 véhicules vendus en 2022. Au cours de la même année, la filiale dédiée au VO n’a écoulé que 900 voitures.
«Les réseaux des marques sont très peu présents dans le marché VO. Ce business n’est pas investi par nos concessionnaires. C’est un projet sur lequel nous travaillons depuis plusieurs années pour libérer les énergies et lever les freins qui pèsent sur ce créneau. En volume, le VO représente plus de 4 fois celui du neuf. Du coup, l’activité affiche des perspectives d’avenir prometteuses», souligne Fabrice Crevola, Directeur général de Renault Commerce Maroc.
En effet, le circuit organisé commence à se développer. Pratiquement, toutes les marques présentes au Maroc ont lancé des filiales dédiées au VO. Les véhicules commercialisés sont bien contrôlés et répondent aux normes du constructeur. Les vendeurs proposent aussi une garantie qui peut s’étendre de six mois à un an. Il faut noter que le marché du VO est animé essentiellement par les réseaux sociaux, les sites spécialisés, les affiches ou les intermédiaires. C’est un créneau très porteur. Bien que les transactions soient faciles à réaliser, il existe toutefois de nombreux risques. Cet univers obéit à des règles qui lui sont propres.
Le risque d’arnaque est omniprésent par des vendeurs ou des intermédiaires malhonnêtes. Parfois, les véhicules vendus comportent des vices cachés, en plus du kilométrage qui peut être falsifié. Certains véhicules ayant été utilisés comme taxis ou pour la location présentent un taux d’usure important. C’est le cas aussi pour les voitures accidentées. Elles sont remises en état et revendues à des prix avoisinant la moyenne du marché. Cela crée un préjudice pour les acheteurs. De leur côté, les autorités essaient d’organiser ce marché.
Récemment, Narsa a lancé un portail dédié exclusivement aux mutations des véhicules. En cas de changement de propriétaire d’un véhicule immatriculé au Maroc, le vendeur ainsi que l'acheteur doivent suivre les étapes au niveau de ce portail. Le e-service destiné aux usagers et au grand public permet de faciliter la démarche de vente et d'achat des véhicules de manière sécurisée et fluide, tout en garantissant les droits du vendeur et de l'acheteur. Autre particularité : le nouveau propriétaire ainsi que le vendeur doivent déposer le dossier de mutation auprès des agences Barid Cash et Al Barid Bank accréditées (au lieu du service des mines), sans dépasser les 30 jours à partir de la légalisation de la signature de la déclaration de vente.