"Vendez, vendez, vendez": l'analyste d'AxiCorp Stephen Innes résumait ainsi l'état d'esprit dans les salles de marché après l'annonce de M. Trump.
Tokyo, 12 mars 2020 (AFP) - Une chute sans fin, ou presque: les marchés européens s'écrasaient jeudi après la décision de Donald Trump de suspendre l'entrée des Européens aux Etats-Unis en raison du coronavirus, devenu pandémique selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Paris, Francfort, Londres, Milan et Madrid lâchaient environ 5% vers la mi-journée. Par rapport au début de l'année, les principaux indices européens ont tous dévissé d'environ 25%: un véritable krach.
A Moscou, la chute était encore plus brutale: l'indice RTS libellé en dollar perdait 10,23% à 10H50 GMT, l'indice MOEX 6,87%.
De leur côté, Wall Street se préparait à vivre une nouvelle séance noire. Vers 11H10 GMT, le contrat à terme sur l'indice vedette Dow Jones Industrial Average chutait de 4,82%, celui de l'indice élargi S&P 500 de 4,40% et celui du Nasdaq, à forte coloration technologique, de 4,57%.
Donald Trump a annoncé la suspension dès la nuit de vendredi à samedi de tous les voyages depuis l'Europe vers les Etats-Unis (à l'exception du Royaume-Uni) pour tenter d'endiguer la propagation du Covid-19 sur le sol américain.
Seuls les citoyens américains et les résidents permanents aux Etats-Unis seront autorisés à rentrer pendant cette période, et le département d'Etat a invité dans la foulée les Américains à éviter tout voyage à l'étranger, un fait sans précédent.
L'annonce de M. Trump "a pris les investisseurs par surprise" alors que les marchés attendaient plutôt d'importantes mesures de soutien à l'économie américaine, commentait Vincent Boy, analyste marché chez IG France.
La "descente aux enfers" des Bourses devrait continuer à court et moyen termes, selon M. Boy.
"Vendez, vendez, vendez": l'analyste d'AxiCorp Stephen Innes résumait ainsi l'état d'esprit dans les salles de marché après l'annonce de M. Trump, car "des restrictions de voyages veulent dire encore moins d'activité économique mondiale".
Le discours de M. Trump a aussi fait l'effet d'une douche froide en Asie, alors que les marchés financiers encaissaient par ailleurs le choc du relèvement de l'épidémie de coronavirus au stade de "pandémie" par l'OMS.
Cette annonce de l'OMS avait déjà fait paniquer Wall Street mercredi, dont le principal indice, le Dow Jones Industrial Average, s'est effondré de 5,86% à 23.553,22 points à la clôture: une chute de plus de 20% par rapport à son dernier record en février.
Apparu en décembre dernier en Chine, le coronavirus Covid-19 a déjà infecté 125.000 personnes dans plus d'une centaine de pays et territoires, causant la mort de plus de 4.600 personnes, selon un dernier bilan établi par l'AFP.
A Tokyo, l'indice vedette Nikkei a clôturé jeudi sur une chute de 4,41% à à 18.559,63 points. Il a sombré de plus de 20% depuis le début de l'année.
Le yen, valeur refuge pour les investisseurs, s'est nettement apprécié face au dollar et à l'euro. Vers 11H15 GMT le dollar valait 103,72 yens, contre 104,54 yens la veille.
A la Bourse de Hong Kong, l'indice Hang Seng s'est replié jeudi de 3,66%, tandis que les pertes ont été plus limitées sur les places de Chine continentale (-1,52% à Shanghai, -2,2% à Shenzhen).
Les cours du pétrole sont aussi violemment repartis dans le rouge, la suspension pour un mois des vols de l'Europe vers les Etats-Unis signifiant une baisse drastique de la consommation d'or noir, déjà en berne.
Vers 10H50 GMT le prix du baril de brut américain WTI lâchait 5,58% à 31,14 dollars et celui du baril de Brent londonien 5,84% à 33,71 dollars.
Le marché pétrolier avait déjà encaissé lundi sa pire chute depuis 1991, en plongeant d'environ 25% après l'échec de discussions entre les producteurs du Golfe, au premier rang desquels l'Arabie Saoudite, et la Russie pour réduire la production, ce qui a conduit Ryad à déclencher une guerre des prix.
"Si cela ne convainc pas l'Arabie saoudite et la Russie de revenir à la table des négociations, je ne vois pas ce qui pourrait y arriver", a lancé Stephen Innes d'AxiCorp à propos de la suspension des vols de l'Europe vers les Etats-Unis.