Transport urbain: la réforme du secteur des taxis devient une urgence

Transport urbain: la réforme du secteur des taxis devient une urgence

Les mauvaises pratiques sont décriées par les usagers et la classe politique.

Le Royaume doit se préparer aux différentes échéances, dont la Coupe du monde 2030.

 

Par C. Jaidani

Le mauvais comportement des chauffeurs de taxis continue de défrayer la chronique au Maroc. Jadis, on relatait des cas isolés, mais actuellement le phénomène commence à prendre de l’ampleur, poussant des députés à demander des explications au département de tutelle à ce sujet. Dans le cadre des questions orales, le groupe parlementaire du Rassemblement national des indépendants (RNI) a interpellé le ministre de l’Intérieur à ce sujet, particulièrement sur le refus de nombreux professionnels du secteur de transporter les clients à certaines destinations qui ne leur conviennent pas. Et parfois, ils font une sélection de la clientèle.

Ce problème, qui ne date pas d’aujourd’hui, se pose actuellement avec acuité, et appelle à des mesures, d’autant que le pays est appelé à accueillir, avec l’Espagne et le Portugal, la Coupe du monde 2030. Malgré plusieurs plaintes déposées par les citoyens conduisant à la suspension et/ou la sanction de nombreux chauffeurs, le secteur a besoin d’une profonde réforme pour se mettre à niveau. 

«Nous avons un déficit énorme en matière de transport urbain. Une part non négligeable de citoyens qui n’ont pas leurs propres moyens de locomotion, sont contraints de prendre un taxi au quotidien ou occasionnellement. Les taxis jouent un rôle important dans le transport, qui est un facteur significatif de développement. En dépit de l’existence de lois et de règles qui l’encadrent, ce secteur continue d’être impacté par des pratiques malsaines qui ternissent l’image du pays et portent préjudice aux usagers. Nous avons à maintes reprises appelé à réformer le secteur. Car, plus on prend du retard, et plus cette réforme sera coûteuse et douloureuse», souligne Bouazza Kharrati, président de la Fédération des associations de protection des consommateurs.

En effet, certaines affaires ont révélé le niveau d’anarchie qui caractérise l’activité. Simon Wilson, célèbre youtubeur gallois, s’est fait arnaquer, en décembre 2022, par un chauffeur de taxi à l’aéroport de Marrakech. Il lui a fait payer 350 DH pour une course dont le prix est fixé à 70 DH. Le youtubeur, qui compte plus d’un million de followers à qui il relate ses voyages, a pris le soin de filmer le chauffeur de taxi. Ensuite, il a posté la vidéo sur les réseaux sociaux, qui est devenue virale. Les autorités sont intervenues pour arrêter le coupable qui a écopé de six mois de prison, avec retrait du permis de confiance. Afin de mettre de l’ordre, les autorités locales vont installer un guichet unique à l’aéroport de Marrakech. Les prix sont connus à l’avance et le client peut payer soit par carte bancaire ou en espèce.

«Les autorités connaissent parfaitement tous les maux du secteur. Elles ne doivent pas attendre qu’un scandale éclate pour prendre quelques dispositions éphémères. En l’absence d’une véritable réforme, on ne fait que colmater les brèches. On cherche à avoir la paix sociale en faisant beaucoup de concessions. Pourquoi les applications VTC ne sont-elles pas tolérées alors qu’elles existent partout dans le monde et peuvent réduire un peu la pression sur le transport ? Pour ne pas susciter la grogne des taxieurs, le gouvernement préfère le maintien du statu quo», souligne Kherrati.

Les représentants des taxieurs estiment, eux, qu’il ne faut pas pointer du doigt que les chauffeurs de taxis. Ces derniers sont le parent pauvre de tout l’écosystème, qui est perturbé par plusieurs dysfonctionnements. «Nous sommes pour les réformes, mais elles doivent être établies en concertation avec les professionnels. Elles doivent porter sur de nombreux volets comme l’éligibilité pour exercer le métier, la formation, la révision du système des agréments, l’organisation des rapports entre les chauffeurs et les propriétaires des agréments ou des véhicules, l’installation d’un système de soutien adéquat…», affirme Mohamed Harrak, du syndicat des taxis affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT).

 

 

 

 

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