Le sport est devenu un outil puissant de soft power, et le Maroc semble bien décidé à en tirer parti. C’est l’occasion pour le Royaume de mettre en lumière son potentiel en matière de tourisme sportif.
Les préparatifs du Maroc pour le Mondial 2030 englobent des projets ambitieux tels que la réhabilitation et la construction d’infrastructures sportives modernes, l’édification de nouveaux hôtels, ou encore l’extension et le renforcement du réseau de transport, notamment ferroviaire et aérien. A travers ces initiatives, le Royaume ambitionne non seulement de répondre aux exigences spécifiques de cet événement planétaire, mais aspire également à se transformer en un pôle d’attractivité pour les grandes manifestations sportives internationales.
Les retombées économiques de la co-organisation du Mondial s’annoncent importantes, avec une hausse du taux d’occupation des hôtels, une dynamisation des restaurants et des commerces, la création d’emplois, etc. Mais au-delà de l’impact économique immédiat, cet événement permettra de promouvoir une image positive du Maroc et mettra en lumière sa capacité à organiser ces événements d’envergure. Ainsi, le Royaume pourra se faire une place de choix dans le secteur du tourisme sportif, un domaine en pleine expansion. Mais concrètement, quelles mesures s’avèrent indispensables pour qu’un pays parvienne à devenir une destination de tourisme sportif de renommée mondiale ?
Pour Othmane Ibn Ghazala, viceprésident de la Confédération nationale du tourisme (CNT), le pays doit, avant toute chose, «disposer d’infrastructures et d’installations sportives de haut niveau, dotées de processus de réservation digitalisés permettant leur utilisation par les professionnels du tourisme». Et de noter que la présence d’un marché de consommation local ainsi qu’une demande importante et régulière émanant du tourisme interne sont essentielles pour motiver l’investissement dans ces installations sportives. «Le dernier rapport du Comité international olympique indique que suite à l’organisation d’un événement sportif majeur, la destination hôte voit augmenter de 10 à 20% la pratique sportive chez les jeunes dans les 5 années suivantes», indique-t-il.
Dans le même ordre d’idées, le vice-président de la CNT souligne la nécessité d’introduire des incitations fiscales et des programmes d’appui à l’investissement pour favoriser le développement de clubs sportifs et de terrains de sport de proximité. «Des programmes de formation doivent permettre le développement des services annexes nécessaires à l’attractivité de la clientèle du tourisme sportif (équipementiers, professionnels de santé, etc.). Ainsi, nous aurons capitalisé sur l’effet CAN et, surtout, sur l’effet Coupe du monde pour positionner le Maroc comme destination de premier choix, pouvant rivaliser avec la Turquie et l’Espagne», poursuit-il.
De son côté, Khalid Doumou, économiste et vice-président de Kenitra athletic club (KAC), estime que le Maroc peut trouver les moyens de promouvoir son positionnement en matière de tourisme sportif grâce à sa géographie, à l’ingéniosité managériale et à un rapprochement stratégique entre les opérateurs touristiques et sportifs, qui pourraient penser ensemble à la création de packs tout inclus. Par ailleurs, le vice-président du KAC relève qu’en misant sur des disciplines sportives variées, le Royaume pourrait non seulement diversifier son offre touristique, mais aussi asseoir son influence internationale par le biais du sport. «Etant donné que nous construisons des complexes sportifs pour accueillir le Mondial en 2030, il serait judicieux de créer de nouveaux établissements hôteliers aux abords des infrastructures sportives pouvant attirer de la clientèle étrangère se déplaçant en groupes. Ce modèle existe déjà dans des endroits comme Ain Draham, en Tunisie, ou encore à Ifrane pour l’athlétisme. Quant aux destinations golfiques marocaines les plus prestigieuses, elles ont tôt fait de comprendre l’importance de se situer près des établissements hôteliers classés et des palaces attirant des personnalités de haut niveau du monde des affaires et du spectacle», expliquet-il.
«La perle du Sud, Dakhla, est déjà connue comme destination mondiale pour la pratique du kite-surf. Mais dans le cadre de notre stratégie atlantique, des sites comme Taghazout, Safi ou Mehdia pourraient être exploités pour accueillir des compétitions de surf, générant ainsi des retombées médiatiques de grande ampleur à l’international. Pour la côte méditerranéenne, plus calme, des compétitions de voiliers ou de catamarans peuvent également être envisagées. Le sport automobile, un autre sport largement suivi à l’échelle mondiale, pourrait également avoir un retentissement très intéressant en termes de soft power.
Le Grand Prix du Maroc de Formule 1 de 1958 en est un exemple souvent oublié», ajoute-t-il. In fine, Khalid Doumou souligne que la promotion du tourisme sportif requiert des sites naturels d’exception, en plus d’infrastructures hôtelières «conjuguées dans une seule et même équation gagnante pour les opérateurs hôteliers et sportifs». Pour y parvenir, l’expert juge nécessaire que «les départements ministériels du budget, du sport et de la culture,, et du tourisme ouvrent des canaux de communication permanents avec les présidents de régions et les présidents de conseils communaux, afin d’essayer de phosphorer en ce sens.
Bien entendu, la présence de représentants du ministère de l’Intérieur pour chapeauter le suivi de ce genre de projets est toujours attendue et requise», conclut-il. L’accueil de compétitions sportives aussi importantes que la Coupe du monde constitue une étape clé pour s’imposer dans le domaine du tourisme sportif. Désormais, il appartient au Maroc de capitaliser sur cette opportunité pour faire rayonner son patrimoine, et séduire une clientèle internationale en quête d’expériences uniques.