L’activité est impactée par la faiblesse des infrastructures, la dominance de l’informel et l’absence d’un cadre de valorisation dédié.
Elle est préconisée pour la lutte contre la pauvreté et l’exode rural.
Par C. Jaidani
Le tourisme figure parmi les secteurs stratégiques de l’économie nationale. L’activité a été fortement impactée par la pandémie. 2022 est une année de reprise où le Royaume a pu récupérer 84% des visiteurs comparativement à 2019. Il est donc essentiel de capitaliser sur cette relance pour donner une nouvelle impulsion au secteur. Le tourisme rural offre d'importantes opportunités de diversification de l'offre touristique marocaine. Pour le rendre attractif, il est important de développer des produits touristiques valorisant les ressources locales et combinant dépaysement, activités culturelles et sportives, découverte gastronomique, soins de bien-être et animation touristique.
«Le tourisme rural a été marginalisé dans la feuille de route dédiée au secteur. La stratégie 2010-2020 a relégué cette niche au second plan. Pourtant, il présente un potentiel très important. Il faut reconnaître qu’il existe de nombreuses contraintes pour son développement, comme la faiblesse des infrastructures, la dominance de l’informel et l’absence d’un cadre de valorisation et de promotion», souligne Zoubir Bouhoute, économiste et expert en tourisme. En effet, les tours opérateurs veulent se concentrer sur les destinations touristiques phares pour être plus proches des aéroports et les voix d’accès. L’arrière-pays leur sert d’offre de complément pour une période courte. Bouhoute évoque également d’autres entraves qui impactent l’essor du tourisme rural. En hiver, les touristes redoutent la coupure des routes causée par des crues ou la neige.
En été, se pose la problématique de la disponibilité des ressources hydriques, surtout dans les régions arides. «Un touriste consomme beaucoup d’eau. Il a besoin d’une piscine et de prendre sa douche fréquemment. Le site touristique englobe généralement des espaces verts qui doivent être irrigués en permanence. Ces besoins génèrent des déchets liquides qui créent des défis en matière d’assainissement et in fine une fragilité écologique. Il est donc essentiel de tracer une vision claire prenant en considération tous ces éléments», explique Bouhoute. Le développement du tourisme rural pose également des défis pour son organisation du fait que la plupart des sites opèrent dans l’informel. Selon les statistiques du département de tutelle, 350 gites seulement sont classés, assurant près de 2.000 chambres, concentrés essentiellement dans les régions de Souss-Massa, Marrakech-Safi et Tanger-Tétouan-Al Hoceima.
La contribution de cette niche dans les recettes totales du secteur est de 3,9% seulement. Toutefois, il faut noter que l’activité a bénéficié d’un certain intérêt de la part des régions, et ce pour des considérations politiques. Une bonne partie des élus représente des zones rurales. «Certaines régions ont fait un travail remarquable, à l’image de Souss-Massa qui est un modèle. Elle a alloué des subventions pour les porteurs de projets. Cela a permis la fixation de la population rurale en assurant un développement local. A cet égard, un réseau du développement du tourisme rural (RDTR) a été créé afin de coordonner les actions des différents intervenants», affirme Bouhoute.