Tourisme : quels effets des MRE sur le développement du secteur ?

Tourisme : quels effets des MRE sur le développement du secteur ?

Les MRE, qui représentent près de la moitié des visiteurs du Royaume, ont besoin d’une offre bien adaptée. Certains marchés émergents qui abritent une communauté marocaine sont pénalisés par l’absence de compagnies low-cost.

 

Par C. Jaidani

 

 

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) constituent un levier essentiel pour l’économie nationale. Au-delà des transferts financiers réguliers qu’ils effectuent, ils s’impliquent activement dans divers secteurs, notamment à travers des investissements directs. Le tourisme figure parmi les domaines où leur contribution est particulièrement significative. Chaque année, une part importante des arrivées touristiques est constituée de nos concitoyens vivant à l’étranger.

Leur attachement au pays est manifeste : ils y reviennent fréquemment, parfois plusieurs fois par an. Cette fidélité, précieuse pour la stabilité et la croissance du secteur touristique, reste cependant encore peu mesurée dans sa pleine ampleur. Faute d’études approfondies, l’impact économique exact de cette population sur l’industrie touristique n’est pas entièrement quantifié. Pourtant, les chiffres donnent un premier aperçu de leur poids : en 2024, 8,6 millions de MRE ont visité le Maroc, soit une hausse de 17% par rapport à l’année précédente. A titre de comparaison, le nombre de touristes étrangers s’est élevé à 8,8 millions, soit une progression de 23%.

«Les MRE représentent une bonne partie des visiteurs. Leur part atteint environ 49% du nombre total des arrivées. Ils participent indéniablement à la croissance du secteur. Leur contribution est palpable au niveau des transferts de fonds et de la demande nationale, soit pour la consommation ou l’investissement. Mais leur apport touristique demeure faible, puisque leur hébergement se fait souvent dans leurs maisons au Maroc ou chez la famille. La restauration se fait elle aussi à domicile et accessoirement dans d’autres lieux. C’est pour cette raison que la croissance des visiteurs du Royaume est plus importante que les nuitées», souligne Hamid Bergache, expert en tourisme.

Sur la base du dernier rapport de l’ONU-tourisme, il note que «le Royaume occupe la 53ème position mondiale en matière d’indice de rendement par touriste, avec une moyenne de 650 dollars par visiteur, alors que l’Égypte, principal concurrent du Maroc, est à la 40ème place. Bien que le pays des Pharaons ait reçu 15,7 millions de touristes, soit moins que les arrivées de notre pays (17,4 millions), il affiche une croissance des recettes de 22% au moment où le Royaume n’enregistre qu’une progression de 2,4%».

Bergache relève différents facteurs qui expliquent cette situation, comme l’offre touristique pas assez diversifiée. «Même s’ils sont résidents à l’étranger, et particulièrement en Europe, les MRE, notamment les premières générations, préfèrent des offres de type familial et à connotation marocaine comme les résidences touristiques au lieu des hôtels. Quant aux dernières générations, elles ont un penchant pour les offres de type international. Elles optent pour les offres de loisir et d’animation. Il est important de prendre en considération ce constat. Les hôteliers et les tour-opérateurs sont invités à lancer des produits adaptés à cette population», explique-t-il.

Par ailleurs, Bergache ajoute qu’«il est primordial de diversifier également les pays émetteurs de touristes, puisque 80% des visiteurs proviennent de l’Europe, particulièrement de France, d’Espagne et du Royaume-Uni. Il est utile aussi d’investir de nouveaux marchés émergents comme les EtatsUnis, le Canada, les pays scandinaves ou ceux du Golfe. Ces marchés renferment une communauté de MRE assez conséquente. Les visiteurs issus de ces pays ont un pouvoir d’achat parmi les plus élevés au monde.

Mais les touristes à partir de ces marchés sont confrontés à l’insuffisance des dessertes aériennes et aussi à l’absence de compagnies low-cost. Il faut souligner que les MRE voyagent en famille. De ce fait, le coût du voyage leur revient très cher. C’est à cause de cela que les résidents d’Amérique du nord ne viennent pas souvent au Royaume. Les autorités de tutelle doivent remédier à ce problème». 

 

 

 

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