◆ Malgré la crise liée à la Covid-19, Taqa Morocco entrevoit l’avenir avec confiance.
◆ Une sérénité à mettre au crédit de la robustesse de son business model et de l’efficience de son outil industriel.
Par Y. Seddik
Dette reprofilée, taux de disponibilité et production record, robustesse du business model. Taqa Morocco aborde l’avenir avec confiance malgré les fortes turbulences qui marquent cette année. L’exercice de présentation des réalisations semestrielles de la filiale de l’émirati Taqa a été, comme à l’accoutumée, court et concis.
Au-delà des chiffres, on y apprend que deux opérations d’envergure ont caractérisé cette première partie de 2020. En premier lieu, l’extension jusqu’en 2044 du contrat de fourniture d’énergie électrique signé avec l’ONEE. «Une extension majeure qui permettra de consolider durablement la robustesse du business model de Taqa Morocco pour continuer à garantir une charge de base compétitive et contribuer à la sécurité énergétique du Royaume», a précisé Majid Iraqi, Directeur général de la société.
Selon lui, 3 avantages sont à tirer de cette opération : il s’agit tout d’abord d’une génération de trésorerie additionnelle (et substantielle) sur 17 années supplémentaires, avec une sécurisation des cash-flows pour les projets futurs de développement.
«Ce qui nous permettra de nous diversifier dans le mix énergétique que proposent le Maroc et l’Afrique», annonce le DG. En termes de positionnement stratégique, Taqa Morocco voit sa position consolidée en tant qu’acteur majeur du secteur énergétique au Maroc. Enfin, cette opération permettra une poursuite des synergies opérationnelles entre les 6 unités, tout en contribuant à la charge de base du pays.
Le deuxième fait marquant est relatif à la réalisation d’une émission obligataire par placement privé de 2,7 Mds de DH. Objectifs : optimiser le coût d’endettement de Taqa Morocco, puisque l’émission a permis le reprofilage de la dette bancaire en dette obligataire avec une maturité jusqu’en 2038. L’autre objectif recherché à travers cette levée est d’institutionnaliser les partenaires financiers pour soutenir la création de valeur existante.
Ont participé à cette émission des institutionnels, tels que les fonds de pension, le Fonds Hassan II, CDG, banques, assurances… «Ce sont des profils qui recherchent du papier sur le long terme (18 ans : ndlr) avec un business model robuste qui donne une grande prédictibilité sur les cash-flows», informe Omar Alaoui M'Hamdi, Directeur général adjoint de la société.
Un bilan opérationnel haut en couleur
Sur le plan opérationnel, le management se veut plus que satisfait. Jamais le taux de disponibilité des 6 unités n’a été aussi élevé. Celui des unités 1 à 4 a progressé de 97% à 97,3% au 30 juin 2020, alors que celui des unités 5&6 a évolué de 94,4% à 97,2%. Ainsi, Taqa dispose d’un taux de disponibilité global de 97,3%. La production nette globale se situe également à des niveaux record, avec 8.000 GWh de produits (contre 7.946 GWh au 1er semestre 2019).
Ainsi, le taux de marge opérationnelle consolidée a évolué de 27,5% au 30 juin 2019 contre 27,4% sur la même période au 30 juin 2020.
Quels fondamentaux pour le marché du charbon ?
L’activité de Taqa Morocco dépend en principe des aléas du marché international (volatilité des prix du charbon, effets de change…). Ce semestre, en plus de la réalisation de la révision majeure planifiée de l’Unité 5 de 68 jours -qui a coûté 170 MDH en termes de frais de capacité à la société-, la baisse des frais d’énergie suite à l’évolution du prix d’achat du charbon sur le marché international a pesé sur les revenus de Taqa.
Le top management dit avoir suivi de près l’approvisionnement des marchés, des mines et des ports en cette période de crise. «Le marché est correctement approvisionné durant cette période. Il n’y a pas de rupture de chaîne logistique. Mais comme toutes les matières premières, il y a eu une baisse de la consommation qui a engendré un effet prix, que ce soit sur le pétrole, le gaz ou le charbon», explique Majid Iraqui. Quant à l’évolution d’ici la fin de l’année, le management indique un manque de visibilité dû à la crise.
«En somme, nous sommes dans une tendance baissière par rapport à l’année dernière», note le DG. Toutefois, cette baisse est sans impact sur les agrégats de la société, puisque les frais d’énergie du charbon sont refacturés à l’ONEE. «Elle n’aura pas d’incidence majeure sur le résultat net, mais uniquement sur le chiffre d’affaires», nuance Omar Alaoui M'Hamdi. Notons que le prix du charbon a baissé de 20% à 69 dollars/tonne.