Syndic professionnel : Une activité en mal de maturité

Syndic professionnel : Une activité en mal de maturité

securite

Le développement du secteur de l’habitat a été accompagné par la progression de celui des entreprises de syndic, dont la majorité opère dans l’informel avec un per­sonnel non-qualifié et non-déclaré. Les professionnels organisés appellent à une mise à niveau du secteur.

La copropriété est deve­nue le mode de loge­ment le plus usité dans le secteur immobi­lier, surtout, dans les grandes villes. La loi impose la création d’un syndic, qui gère, pour le compte des copropriétaires, les biens communs, et exécute l’ensemble des dispositions du règlement de copropriété dont il a la charge.

Dans les petits immeubles dédiés surtout à l’habitat éco­nomique, on fait souvent appel à un concierge qui s’occupe du nettoyage, du gardiennage et autres activités liées à l’entre­tien de l'immeuble. Mais pour certaines catégories de rési­dences, on recourt aux services d’un syndic professionnel, qui regroupe un personnel spécia­lisé dans les différentes tâches.

A l’image de l’essor du sec­teur de l’immobilier durant cette dernière décennie, l’activité du syndic professionnel a explosé. Une filière qui est investie par les sociétés intérimaires, et qui emploient plus de 150.000 per­sonnes. Certaines entreprises travaillent dans les normes avec un personnel déclaré à la CNSS, ayant un minimum de savoir-faire, alors que la majorité opère plutôt dans l’informel. Les abus sont légion et mettent en péril aussi bien les salariés que les entreprises employeuses.

En l’absence de contrôle des autorités concernées notam­ment de l’Emploi, ces entre­prises continuent d’opérer en toute impunité.

Outre la déclaration à la Sécurité sociale, ces entreprises sont tenues de souscrire une assu­rance contre les accidents de travail et de payer leurs salariés au moins au Smig.

«Je perçois un salaire de 1.800 DH par mois, moins que le salaire minimum. Je travaille 12 heures par jour et je ne suis pas rémunéré pour les heures supplémentaires. Je n’ai pas de jour de repos, ni de congé et aucun document», témoigne Mohamed, un agent de sécu­rité dans une entreprise de syndic. Le cas de cet agent est l’exemple type de plusieurs milliers d’employés du secteur. Certaines entreprises emploient des repris de justice, des per­sonnes atteintes de maladies contagieuses, comme la tuber­culose, et ne font aucun contrôle sanitaire au niveau du recru­tement. Elles ne se soucient guère du passif des candidats à l’emploi. Les entreprises de syn­dic opèrent également des pra­tiques frauduleuses à plusieurs niveaux. Pour réduire au maxi­mum les charges, elles n’hé­sitent pas à délaisser certains engagements comme l’entretien de l’ascenseur, de la piscine ou l’utilisation de détergents de bonne qualité pour le nettoyage.

«Dans le contrat que nous avons signé avec une entreprise de syndic, figure une clause sur l’entretien de l’ascenseur. Quand ce dernier est tombé en panne, nous avons décou­vert stupéfaits que l’entre­prise d’entretien n’a pas été payée depuis des mois. Au lieu d’assumer ses responsabilités, l’entreprise intérimaire a préféré la fuite en avant, évoquant le retard ou le non-payement des cotisations de certains résidents de l’immeuble», affirme Driss Benbrahim, président de syndic dans un immeuble au quartier Belvédère à Casablanca.

Pour leur part, les entreprises du syndic évoquent plusieurs contraintes, qui pénalisent leur activité. «Pour faire face aux dépenses courantes de mainte­nance des parties communes, la loi a prévu un budget prévi­sionnel et une provision pour la prise en charge des grands travaux d'entretien. Mais c'est la partie règlement des coti­sations, qui pose problème. Certains copropriétaires refusent de payer d'une façon volontaire ou involontaire et le font parfois avec du retard. Nous arrivons difficilement à trouver la situa­tion d’équilibre entre les recettes et les dépenses», avance Rachid Karimi de l’entreprise Peguess de travail intérimaire.

A l’Association des entreprises de travail temporaire transpa­rentes et organisées (AETTO), on reconnaît qu’il y a un laisser-aller de la part des autorités, qui a entraîné une prolifération du secteur informel. L’association recommande de mettre en place des mesures et des règlements, qui protègent l’activité contre les pratiques illicites. Des mesures qui sauvegardent aussi bien les intérêts des travailleurs inté­rimaires, en leur garantissant de bonnes conditions de tra­vail que ceux des entreprises employeuses.

Charaf Jaidani

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux