Stress hydrique : Une réponse musclée face à la crise

Stress hydrique : Une réponse musclée face à la crise

Les efforts se sont intensifiés pour lutter contre le déficit hydrique.

La priorité est désormais donnée à l’accélération des projets ayant un impact à moyen terme.

Par Y.seddik

La situation hydrique au Maroc est plus préoccupante que jamais. Les années successives de sécheresse sévère menacent la durabilité des ressources en eau du Royaume. Entre septembre 2023 et mi-janvier 2024, les précipitations ont diminué de manière significative, entraînant un déficit pluviométrique de 70%. Au 24 juillet, le taux de remplissage des barrages est tombé à 29% contre 29,8% à la même période de l’année dernière. Conscient de cette situation critique, le Roi Mohammed VI avait présidé en janvier dernier une réunion de travail au palais royal de Rabat, dédiée à l'examen de la situation hydrique. En présence du ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, et d'autres acteurs clés, le Souverain a réaffirmé son engagement à trouver des solutions durables à cette problématique.

Les mesures d’urgence prises durant les deux dernières années dans le cadre du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 ont permis d’atténuer les effets immédiats de la sécheresse. L'interconnexion des bassins hydrauliques et la mise en service des stations de dessalement de l’eau de mer ont joué un rôle important. Des unités mobiles d’approvisionnement ont également été déployées pour répondre aux besoins les plus urgents, évitant ainsi des coupures d’eau drastiques.

Le ministère de tutelle, en coordination avec les départements concernés, se concentre sur cinq piliers : la mobilisation optimale des ressources au niveau des barrages, des forages et des stations de dessalement existantes, la réalisation d’équipements urgents d’adduction et d’approvisionnement de l’eau et des mesures éventuelles de restriction de l’eau d’irrigation ou des débits de distribution.

La priorité est désormais donnée à l’accélération des projets ayant un impact à moyen terme, notamment la construction de nouveaux barrages. Actuellement, une vingtaine de grands barrages sont en cours de réalisation, destinés à augmenter significativement la capacité de stockage du Royaume. Une enveloppe de 22 milliards de dirhams a été allouée à cet effet dans la Loi de Finances 2024. Parmi les projets notables, les barrages de M’dez à Sefrou, d’Al Hoceima et de Sidi Kacem devraient être achevés cette année, ajoutant une capacité de stockage supplémentaire de 5,7 milliards de mètres cubes.

Parallèlement, le Royaume accélère la réalisation des autoroutes de l’eau, essentielles pour approvisionner les régions les plus menacées. L'interconnexion entre les bassins de Sebou et de Bouregreg a déjà permis de sécuriser l’approvisionnement en eau des habitants de Casablanca et Rabat. Le chantier d’interconnexion entre les bassins de Sebou, Bouregreg et Oum Rabia est désormais une priorité.

Le dessalement de l’eau de mer : une solution incontournable

Le dessalement de l’eau de mer reste une solution incontournable. Actuellement, six nouvelles stations sont en cours de construction, s’ajoutant aux quinze existantes. Le gouvernement projette la réalisation de seize autres stations, dont celle de Casablanca, très attendue. La construction des stations d’El Jadida et de Safi, mises en service le 28 août 2023, permet désormais de fournir respectivement 30 et 10 millions de mètres cubes par an. L’objectif est d’atteindre 1,4 milliard de mètres cubes d’eau dessalée d’ici 2030.

La réutilisation des eaux usées traitées et l’amélioration des réseaux d’adduction et de distribution de l’eau sont également au cœur des efforts. Le Roi a exhorté le gouvernement à instaurer une communication transparente et régulière sur la situation hydrique et les mesures d’urgence. La sensibilisation du public à l’économie de l’eau et à la lutte contre le gaspillage est primordiale pour changer les comportements et adopter des pratiques plus responsables. Rappelons que le ministère de l’Intérieur, par une circulaire adressée aux Walis le 26 décembre dernier, avait demandé une cartographie de la consommation d’eau pour identifier les zones les plus consommatrices. Des mesures strictes ont été prises, telles que l’interdiction de l’arrosage des espaces verts et le remplissage des piscines. Sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, le Maroc s’engage résolument dans la lutte contre le stress hydrique. Les efforts continus et les projets ambitieux visent à assurer la sécurité hydrique du Royaume et garantir un avenir serein pour les générations futures.

La station de dessalement de Casablanca, un projet phare

Le Prince héritier Moulay El Hassan a procédé, en juin dernier, au lancement des travaux de construction de la station de dessalement de l’eau de mer de Casablanca, la plus grande usine du genre en Afrique. Avec une capacité annuelle de production de 300 millions de m³, elle bénéficiera à environ 7,5 millions d’habitants. Ce projet s’inscrit dans le cadre du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027, lancé par le Roi. La future station, réalisée en deux phases, nécessitera un investissement global de 6,5 milliards de dirhams et couvrira une superficie de 50 hectares. Lors de la première phase, prévue pour fin 2026, la station atteindra une capacité de 548.000 m³ par jour, extensible à 822.000 m³ par jour en 2028, répondant ainsi aux besoins croissants en eau de Casablanca, Settat, Berrechid et des régions avoisinantes. Cette station de dessalement, alimentée à 100% par de l’énergie renouvelable, représente une avancée majeure pour le Maroc dans sa quête de sécurité hydrique et de gestion durable de ses ressources en eau.

Articles qui pourraient vous intéresser

Jeudi 05 Decembre 2024

Stress hydrique: le ciel ne répond plus

Samedi 31 Aout 2024

Stress hydrique : un changement de paradigme s’impose

Jeudi 29 Aout 2024

Réserves d'eau au Maroc : un coup de boost avec les pluies récentes

Dimanche 21 Juillet 2024

Croissance : «L’une de nos priorités aujourd’hui devrait être la gestion de la sécheresse et du stress hydrique»

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux