Stockage des céréales : Le maillon faible

Stockage des céréales : Le maillon faible

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Le système de subvention doit être revu. Certains opérateurs en profitent pour faire de fausses declarations, biaisant ainsi le stock de sécurité.

Le stockage des céréales et des légumineuses est une étape importante de la chaîne de valeur de la filière céréalière. Vu l’alternance des années sèches et des années humides, les récoltes diffèrent largement d’une saison à une autre. Les sites de stockage permettent de réguler les besoins du marché le long de l’année, faire la collecte de la production locale et d’emmagasiner les importations. Mais cette branche est impactée par plusieurs anomalies qui nuisent sensiblement à la filière.

«La question du stockage doit être revue de fond en comble. L’Etat, pour sa part, doit réorganiser ses structures d’intervention, notamment le système de subvention. Un manque de traçabilité des différents produits subsiste. Leur mélange ne peut qu’avoir des effets néfastes sur la qualité. Des réflexions doivent être menées pour trouver les mécanismes appropriés», souligne un opérateur du secteur. Et d’ajouter «Il y a une inégalité entre les régions, surtout celles à fort rendement céréalier. Certains opérateurs profitent de la subvention de stockage pour déclarer des volumes inexistants, cela peut biaiser les statistiques officielles et impacter les prévisions».

En effet, la Cour des comptes a tiré, dans son dernier rapport, la sonnette d’alarme sur l’insuffisance de stock de sécurité. Des fluctuations significatives sont régulièrement enregistrées entre les mois de la même année. Ainsi, les stocks de blé tendre connaissent généralement des périodes de pic, coïncidant avec la récolte, et des périodes de chute des stocks durant les mois précédant la production nationale. A titre d’exemple, le mois de décembre 2015 a enregistré un stock de 7,6 millions de quintaux couvrant moins de deux mois de consommation.

Outre les agriculteurs, la filière regroupe plusieurs intervenants, aussi bien en amont qu’en aval : il s’agit des collecteurs, des coopératives, des importateurs, des minotiers et des boulangeries. Le circuit officiel de stockage, dont une partie passe par l’Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL), ne dépasse pas les 20 à 28 millions de tonnes, soit 20 à 30% de la production nationale. Les conditions de stockage laissent également à désirer. Les unités qui possèdent des aménagements appropriés restent limitées et fortement concentrées dans l’axe Casablanca-Rabat. S’agissant des importations, les conditions de stockage dans les ports sont également pointées du doigt. Malgré l’établissement d’un nouveau système, avec des équipements modernes, les professionnels jugent les prix pratiqués non compétitifs et susceptibles de grever davantage les coûts. L’investissement dans ce secteur reste peu attractif. Seuls les opérateurs disposant de minoteries ou d’unités de transformation y sont intéressés.

Par C. Jaidani

280 organismes stockeurs

Le stockage des céréales se caractérise par la multitude des opérateurs (280 organismes stockeurs, 30 importateurs et 164 minoteries industrielles) avec des modes traditionnels et d’autres modernes. Cette situation rend le suivi et le contrôle des stocks chez ces opérateurs plus difficiles.

Durant les dernières années, les stocks de blé tendre ont globalement présenté des niveaux permettant l’approvisionnement normal du marché national. En 2015, le stock moyen a été de 14,9 millions de quintaux pour une moyenne mensuelle de consommation de 4 millions de quintaux, ce qui offre une couverture de plus de 3,5 mois de consommation.

Fellah online : Matmoura

En rédigeant mon article sur le stockage des céréales, j’ai subitement pensé à une pratique que nos ancêtres utilisaient pour la conservation de ces produits. Il s’agit des «matmouras». Ces réservoirs souterrains existent toujours dans certains patelins notamment dans le Maroc profond.

C’est une technique simple, pratique et à faible coût. C’est une sorte de fosse à grain creusée dans le sol qui a une profondeur variant entre 3 et 4 m. Elle possède une ouverture rétrécie ne dépassant pas 60 cm. Cette option traditionnelle permet de stocker le blé quelques mois voire plusieurs années. Elle a permis de sauver le pays de la famine à plusieurs époques. Des produits qui sont généralement destinés à la consommation, aux semences ou à une commercialisation ultérieure. Cette méthode est adaptée au climat semi-aride ou méditerranéen du Maroc et constitue le mode le moins coûteux. Mais également le plus approprié pour un stockage confiné à long terme. Le choix du type de sol ainsi que de l’emplacement est très important. Un sol dur à faible capacité de rétention est préférable. De plus, l’emplacement doit être surélevé pour fuir les infiltrations de l’eau. Des améliorations peuvent être apportées afin d’améliorer l’étanchéité. L’idée est d’éviter l’humidité et ne pas laisser les grains germer.

La matmoura doit être parfaitement isolée afin que les grains stockés soient suffisamment secs. Son utilisation permet d’assurer également une bonne protection contre les rongeurs, les insectes ou les impuretés.

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