Sous-capitalisation des PME : A cause de la crise, l’étau se resserre

Sous-capitalisation des PME : A cause de la crise, l’étau se resserre

Dans le contexte de crise actuelle, les entreprises ont les yeux rivés sur la trésorerie et le niveau des carnets de commandes, avec la préoccupation particulière du paiement des salaires à la fin du mois.

 

Par M. Diao

 

La sous-capitalisation des entreprises marocaines est une problématique persistante depuis des années. D’après les professionnels, ce grief structurel ne sera pas résolu de sitôt en raison de la crise actuelle, induite par le coronavirus. Et pourtant, dans le cadre de la Loi de Finances 2021, la CGEM a émis une kyrielle de recommandations, dont la possibilité d’accorder aux entreprises qui opèrent une augmentation de capital en numéraire, un crédit d’impôt de 20% du montant de l’augmentation dans la limite de 10 millions de DH, à imputer sur l’IS de 2021 et les 3 exercices suivants.

Toutefois, cette proposition est couplée à l’engagement pour l’entreprise bénéficiaire de préserver au moins 80% des emplois pendant 5 ans. Interrogé sur la pertinence de cette recommandation, censée remédier à la faiblesse des fonds propres des entreprises locales, Mehdi Baghdadi, expert-comptable, commissaire aux comptes et associé au cabinet Firec et Associés, apporte une réponse nuancée.

«Dans l’absolu, la proposition de la CGEM est bonne si elle est retenue par la Loi de Finances 2021. Toutefois, dans les circonstances actuelles, les principales préoccupations des entreprises marocaines sont la préservation de la trésorerie, le niveau des carnets de commandes et le paiement des salaires à la fin du mois», confie-t-il.

«Pour l’heure, la proposition de la CGEM à elle seule ne pourra pas remédier à la problématique de la sous-capitalisation de nos entreprises, pour la simple raison que celles-ci n’ont pas d’argent à utiliser à cet effet», révèle Baghdadi. Qui explique également que les sociétés susceptibles d’être intéressées par la suggestion du patronat sont celles disposant de comptes courants associés considérés comme du numéraire, ou de dettes de fournisseurs pouvant être reconverties en augmentation de capital.

Au final, au regard du contexte de crise qui prévaut et à défaut de mesures plus efficaces, la problématique de la sous-capitalisation des entreprises, un obstacle à l’accès au financement, n’est pas prête de disparaître.

 

Paroles de pro : Mehdi Baghdadi, expert-comptable, commissaire aux comptes et associé au cabinet Firec et Associés
 «Les conséquences négatives de la sous-capitalisation pour une entreprise sont nombreuses. Parmi celles-ci, il y a la réserve émise par le commissaire aux comptes dans son rapport et la   difficulté d’accès au financement (crédits d’investissement, facilités de caisse, cautions bancaires, etc.). La sous-capitalisation sévère est très proche de la situation de cessation de paiement dans   la mesure où les passifs sont supérieurs aux actifs de l’entreprise. D’ailleurs, le dispositif juridique portant sur la société anonyme (SA) et la société à responsabilité limitée (SARL) exige la   recapitalisation dans l’année suivante ou, à défaut, procéder à la dissolution de l’entreprise. Au-delà de la question de la sous-capitalisation des entreprises, il est frappant de constater, en tant que professionnel, la multiplication des liquidations d’entreprises durant cette période de crise qui a enregistré peu de créations de sociétés. Nous avons traité jusque-là pas moins de cinq liquidations. C’est dire le degré de sinistralité de l’économie».

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