Smag: une hausse à l’épreuve des modes de rémunération traditionnelle

Smag: une hausse à l’épreuve des modes de rémunération traditionnelle

La revalorisation du SMAG devrait permettre de stabiliser les ressources humaines dans le secteur.

Des appels pour instaurer le salaire minimum par région ou par filière.

 

Par C. Jaidani

Dans le sillage du dialogue social, il a été décidé l’augmentation du salaire minium agricole garanti (SMAG). Cette décision a été accueillie favorablement par les syndicats agricoles. Il faut dire que cette hausse intervient à point nommé du fait que le coût de la vie, même dans le monde rural, a connu ces derniers temps une augmentation importante. «Le Smag, tel qu’il était fixé auparavant, ne cadre pas avec l’environnement socioéconomique du secteur agricole. Outre sa vocation sociale, cette hausse permet de stabiliser le personnel. Des exploitations sont de plus en plus impactées par l’exode rural et trouvent beaucoup de peine à recruter, surtout pour les tâches basiques. Lors de la haute saison ou celle des récoltes, et sous l’effet de la hausse de la demande en main-d’œuvre, elles sont obligées de payer plus cher les prestations des ouvriers», souligne Hassan Azergui, consultant agricole. Mais cette augmentation du SMAG n’est pas bien perçue par certains exploitants.

Interrogés à ce sujet, plusieurs entrepreneurs agricoles ont estimé qu’«en dépit de la mécanisation, le secteur agricole nécessite la mobilisation de ressources humaines importantes comparativement aux autres activités. La hausse des salaires se répercute automatiquement sur les charges et le bilan d’une entreprise. Du coup, la marge sera pénalisée, surtout que l’activité est déjà impactée par la hausse des prix des intrants».

Le gouvernement veut donner une nouvelle impulsion au secteur à travers la nouvelle stratégie Generation Green en séduisant les porteurs de projets, surtout les jeunes. Les charges sociales sont un élément important pour l’étude du dossier. Le risque de dissuader les investisseurs est réel. Force est de reconnaitre que l’agriculture nationale reste dominée par le secteur informel. Seules les exploitations structurées opérant dans les filières à forte valeur ajoutée, dont la production est tournée vers l’export, appliquent la réglementation vigueur.

«Du fait que la plupart des activités sont de type saisonnier, les agriculteurs, notamment ceux qui ont de petites ou moyennes parcelles, préfèrent une rémunération sur la base des récoltes. Cette pratique est monnaie courante dans le secteur de l’élevage. L’application du Smag est très compliquée. Il est donc utile de penser à un salaire minimum en fonction de la filière ou de la région. Par exemple, les activités agricoles sont plus fluctuantes dans la région du Souss ou du Gharb que dans les régions de Tafilat ou de R’hamna», explique Azergui. En effet, le mode de rémunération ancestral des ouvriers agricoles est toujours présent, surtout dans les régions montagneuses ou à vocation pastorale. Ainsi, Lkhamsa (1/5), Roubouâ (1/4) et Talta (1/3) sont des modes de production agricole qui ont existé au Maroc depuis la nuit des temps, à l’époque où l’essentiel de la production était vivrière et non marchande. Ils sont basés sur un régime participatif.

Le propriétaire terrien s’associe à un autre exploitant non propriétaire selon des règles bien définies prenant en considération les charges engagées et la nature de l’activité investie. Lkhamsa était fortement répandue à une époque où le travail était rémunéré en nature. En échange de l’exploitation d’une parcelle de terre et de tous les moyens de production, notamment les intrants, le Khamass fournit son travail aussi bien lors de la saison du travail du sol qu'au cours des moissons.

A la fin de la saison, il a droit à 20% de la récolte. Pour le mode d’exploitation dit Talta, le propriétaire terrien concède son terrain à un autre, qui lui assure toutes les dépenses de la saison et aussi la main-d’œuvre en échange du 1/3 de la récolte. Les deux autres tiers reviennent à l’exploitant agricole.

 

 

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