Sidérurgie : l’industrie automobile, une soupape pour le secteur

Sidérurgie : l’industrie automobile, une soupape pour le secteur

 

- Le Groupe Renault n’écarte pas la possibilité de s’approvisionner localement en tôles.

- Les professionnels misent sur la capacité de Maghreb Steel à répondre aux exigences technologiques de l’industrie automobile

 

 

Au cours des dernières années, Maghreb Steel est passée par des périodes difficiles (recul du chiffre d’affaires, surinvestissement, surendettement, plans sociaux, etc.). Cette traversée du désert a nécessité de la part des créanciers et des pouvoirs publics une mobilisation générale. Dans ce cadre, l’Etat a mis en place des mesures antidumping sur les tôles en acier laminées à chaud en provenance de Turquie et de l’Union européenne, qui devraient arriver à échéance entre fin 2018 et 2019. D’ailleurs, lors du bilan d’étape de l’écosystème du Groupe Renault qui a eu lieu récemment dans la capitale économique, Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique, a parfaitement assumé cette politique de défense commerciale visant à protéger le groupe familial, fabricant de tôles d'acier laminées à chaud ou à froid.

Il faut préciser que la sidérurgie, qui a généré un chiffre d’affaires de 10 Mds de DH et 5.000 emplois en 2016, constitue un secteur hautement névralgique pour le pays, comme en témoigne sa centralité dans la chaîne de sous-traitance, d’approvisionnement et d’équipement des branches industrielles.

«Certes, Maghreb Steel a rencontré beaucoup de difficultés, mais il faut aussi reconnaître qu’elle a subi de plein fouet la concurrence déloyale. En conséquence, l’Etat a utilisé les instruments de défense commerciale autorisés par l’OMC pour remédier à cette situation», assume le ministre.

Au-delà de cette réalité, c’est la porte ouverte par le top management du groupe Renault qui revêt un grand intérêt pour la sidérurgie nationale. En effet, le constructeur français, qui vise à atteindre un taux d’intégration locale de 65% à l’horizon 2023, n’écarte guère la possibilité de s’approvisionner localement en tôles, notamment auprès de Maghreb Steel.  Un tel rapprochement augmenterait sensiblement le taux d’intégration locale du géant français. «L’industrie des carrosseries automobile exige des matériaux de haute technicité», prévient Marc Nassif, Directeur général de Renault Maroc, lors du bilan de l’écosystème du premier constructeur en Afrique.

Interrogé par nos soins sur l’opportunité du sourcing local en tôles de la part du Groupe Renault auprès de Maghreb Steel, Abdelhamid Souiri, président de la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (FIMME), voit pour sa part d’un bon œil la démarche.

«Nous avons accompagné Maghreb Steel dans la recherche de solutions à la crise de l’époque. Le projet de servir le segment de l’automobile était toujours un objectif pour cette entreprise et faisait partie des solutions», confie-t-il. Et d’ajouter : «La déclaration de Renault vient confirmer la bonne gestion de ce dossier aussi bien du côté du constructeur que de Maghreb Steel; il y a là un accord win win à développer».

 

L’optimisme est de mise

 

Du côté de la Fédération, l’on affirme que Maghreb Steel s’évertue à améliorer sa position au niveau technique et technologique. A la question de savoir si le tissu local sera prêt à fournir en tôles le Groupe Renault, Abdelhamid Souiri souligne qu’«avec les moyens aussi bien en matière de technologie que d’expertise, il n’y a aucun doute que Maghreb Steel sera au rendez-vous».

Cela Avec l’attractivité grandissante du secteur automobile national, confirmée par l’installation du Groupe PSA et l’arrivée du constructeur chinois BYD, spécialisé entre autres dans la fabrication de voitures électriques, tout porte à croire que l’industrie automobile pourrait devenir, à terme, une source de croissance importante pour l’entreprise créée en 1975.

«L’arrivée d’autres acteurs de la branche automobile ne pourra être qu’une aubaine pour Maghreb Steel et, par conséquent, lui donnera une dimension qui lui permettra de conforter sa position à l’international», prédit notre interlocuteur.

En définitive, le chiffre qui conforte le grand potentiel de l’industrie automobile pour tous les écosystèmes en place et ceux en construction ou à venir, est celui du nombre d’unités produites à l’horizon 2023 (1 million de véhicules). ■

 

 

Par M. Diao

 

 

 

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