Séisme d’Al Haouz/Reconstruction: le défi de l’urgence et de l’efficacité

Séisme d’Al Haouz/Reconstruction: le défi de l’urgence et de l’efficacité

L’agence mise en place doit regrouper les différentes réflexions émises afin de fixer une feuille de route avec des objectifs précis.

Son intervention permettra de coordonner les actions et d’éviter les contraintes de la bureaucratie.

 

Par C. Jaidani

Annoncé par le Roi Mohammed VI, le programme de reconstruction des régions sinistrées commence à prendre forme. Étalé sur 5 ans et doté de 120 milliards de DH, il se veut global et intégré, touchant différents domaines. La priorité est accordée à la reconstruction des logements pour que les sinistrés puissent retrouver leur vie normale. Un intérêt particulier est accordé aux infrastructures de base, notamment les routes et autres équipements publics comme les écoles, les hôpitaux et les marchés.

Il s’agit aussi d’assurer le raccordement aux réseaux de l’eau, de l’électricité et de l’assainissement. Ces mesures auront un effet bénéfique pour désenclaver les zones impactées et promouvoir le développement humain. Mais de nombreux défis sont à relever ayant trait en particulier à l’étendue du territoire et à la complexité de la géographie marquée par la présence de zones montagneuses.

«Le programme de reconstruction annoncé par le Roi Mohammed VI va permettre aux régions sinistrées de trouver un nouveau visage et un nouveau souffle. La zone des régions sinistrées est très vaste, englobant 5 provinces. La partie rurale est très éparpillée, regroupant près de 10.000 douars, dont la plupart ont une accessibilité difficile. Ce qui représente un véritable challenge pour ramener les matériaux de construction, le matériel et les autres engins. Sur certains douars, malheureusement, les actifs seront quasi absents. Il sera alors indispensable de ramener la main-d’œuvre de l’extérieur de ces zones», affirme Driss Effina, économiste, chercheur en développement territorial.

Pour le suivi du programme d’urgence d’aide aux sinistrés et la mise en œuvre des différents chantiers de reconstruction, le gouvernement a créé une agence dédiée. Il s’agit de fédérer tous les efforts des différents intervenants dans l’optique d’optimiser les réalisations et avoir plus d’efficacité dans l’exécution des travaux. «Aujourd’hui, il est indispensable d’avoir une bonne gouvernance pour coordonner les actions des différents départements et pour que le programme initié par le Roi soit suffisamment détaillé, avec un timing clair. Cela permettra aux autres partenaires d’avoir de la visibilité  par rapport à leurs interventions. La création de l’Agence pour la reconstruction des régions sinistrées permettra d’être le seul interlocuteur avec les autorités afin de réussir tout le programme. Il existe une situation d’une extrême urgence; cet organisme palliera les lacunes de la bureaucratie», explique Effina.

S’agissant des plans de construction utilisés, des matériaux ou de l’architecture choisis, les études se poursuivent et chaque corps de métier est en train d’élaborer sa vision. L’agence aura pour mission de recueillir les différentes réflexions afin de concevoir une feuille de route, avec des engagements précis. Des objectifs seront fixés, tout en prenant en considération les nuances territoriales existantes.

«Chaque région, et même chaque douar doit être réhabilité en tenant compte de ses spécificités, notamment la nature du terrain, le contexte géographique et socioéconomique. Les nouvelles constructions doivent prendre en considération en premier lieu la sécurité. Outre le risque sismique, il ne doit pas y avoir de glissement de terrain sous l’effet de l’érosion, car la plupart des zones impactées sont montagneuses. Encore faut-il convaincre les populations pour les regrouper dans des lieux présentant moins de risques», explique l’économiste. La préservation de la spécificité culturelle des régions sinistrées figure parmi les orientations royales déclinées lors de sa dernière réunion avec la commission interministérielle pour la reconstruction. Le Souverain a mis l’accent sur «le respect du patrimoine unique, des traditions et du mode de vie de chaque région, tout en insistant sur l’importance nécessaire de la dimension environnementale».

Il n’a cessé de souligner l’importance d’être à l’écoute permanente de la population locale afin de lui apporter des solutions adaptées. «Pour certains douars, il faut préserver l’aspect architectural hérité d’un patrimoine ancestral en utilisant les matériaux de construction locaux. Nous avons les compétences et des architectes qui peuvent allier, à la fois, cette architecture aux normes de construction parasismique», conclut Effina. 

 

 

 

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