- 2017 a été une année catastrophique
- Les 195 Mds de DH annoncés au titre des investissements publics pour 2018 vont-ils booster le secteur ?
- Les opérateurs disent se méfier des effets d’annonce
Dans l’optique de parachever promptement le processus de mise à niveau des infrastructures et le développement du capital humain, le gouvernement a prévu de consacrer près de 195 Mds de DH au titre des investissements publics pour l’année 2018 (Loi de Finances 2018).
Rappelons d’emblée que sur le papier comparativement à l’année 2011, les investissements publics de l’Etat et ses démembrements (collectivités territoriales, entreprises publiques, etc.) devraient progresser de près de 35 Mds de DH.
Pour peu que l’on s’intéresse au tissu économique national, il est assez simple de remarquer que l’Etat constitue un acteur de premier ordre en matière d’investissement, facteur-clef de la croissance. Cela dit, la première question qui mérite d’être posée est de savoir si l’enveloppe prévue par la Loi de Finances 2018 en termes d’investissements publics (195 Mds de DH) est de nature à booster l’activité du secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), qui au cours des 6 dernières années a du plomb dans l’aile.
D’aucuns vont jusqu’à évoquer une traversée du désert du secteur organisé autour de plus de 7.500 entreprises. La branche du BTP emploie près d’1 million de personnes et représente près de 7% du PIB national. C’est dire son caractère crucial pour l’économie nationale, qui continue d’afficher des signes de faiblesse structurelle.
Au demeurant, au regard des chiffres du haut-commissariat au Plan, sur les 89.000 postes de travail créés par l’économie marocaine, la branche du BTP n’a généré que 7.000 emplois entre le troisième trimestre de l’année 2016 et la même période de 2017 (4.000 en milieu urbain et 3.000 en milieu rural). Ce qui conforte quelque part une montée en charge difficile.
Gare aux effets d’annonce !
Contacté par nos soins afin d’apporter des éléments de réponse à l’interrogation susmentionnée, El Miloudi Benhamane, président de la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP), avance une réplique dictée davantage par la pondération que l’euphorie. «Les chiffres annoncés par l’Exécutif sont certes ambitieux, mais nous attendons de voir clair et nous nous méfions des effets d’annonce», prévient-il.
Et de rappeler : «L’expérience montre que l’enveloppe consacrée aux investissements publics peut être revue à la baisse à tout moment. Ce qui ne sera pas sans impact sur notre secteur affecté par l’essoufflement des mises en chantier de la part des promoteurs de logement social, l’importance de l’auto construction et la baisse de régime des autres segments».
L’autre paramètre de taille dont il faut tenir compte, est que certains marchés déjà adjugés antérieurement à l’année en cours sont comptabilisés dans l’enveloppe d’investissement précitée.
A cela il faudrait ajouter les reports de crédit, susceptibles de complexifier davantage la détermination du montant réel qui sera investi pour les projets de l’année en cours. Dans le même ordre d’idées, il est faut rappeler que le gouvernement avait opéré une coupe de l’ordre de 15 milliards de DH dans les crédits d'investissement en 2013. Ce qui conforte le fait que les crédits d’investissement soient une variable d’ajustement par excellence afin de parvenir à l’équilibre budgétaire.
Néanmoins, si du côté de la FNBTP l’optimisme reste pour le moment de mise pour l’année en cours, l’on ne manque pas de qualifier 2017 d’année blanche, voire catastrophique pour la branche.
Par ailleurs, les professionnels pointent du doigt la prévalence de certains dysfonctionnements à l’origine de l’inefficacité de la consommation des crédits d’investissement, particulièrement pénalisante pour le secteur des BTP. Il s’agit entre autres des retards accusés pour la disponibilité du foncier nécessaire à l’exécution d’un projet public (libération des emprises) ou d’études d’ingénierie bâclées. ■
Contrat-programme : la balle est dans le camp du gouvernement
L’année en cours sera déterminante pour le secteur du BTP. Pour cause, le contrat-programme censé tirer le secteur vers le haut devrait être signé en 2018, faute de l’être en novembre 2017, lors du Salon du BTP. «Nous avons adressé des relances en ce sens à l’endroit des autorités publiques concernées», confie El Miloudi Benhamane. Celui-ci ne manque tout de même pas de souligner le gage de confiance que la fédération accorde au gouvernement.
«Les promesses faites par l’Exécutif pour notre secteur sont prometteuses», concède-t-on du côté de l’association professionnelle. L’écoute de la part du gouvernement est de bon augure d’autant plus que l’Etat constitue un grand générateur d’activité. Près de 80% des marchés publics sont dédiés au secteur du bâtiment et des travaux publics. En définitive, l’actuel retard accusé pour la signature du contrat-programme est en partie dû à l’absence de ministres au niveau de départements concernés (Santé, Urbanisme, Education, Formation professionnelle).
M. Diao