Sécheresse : Le potentiel d’indemnisation chiffré à 1,1 Md de DH

Sécheresse : Le potentiel d’indemnisation chiffré à 1,1 Md de DH

Focus agricole

La Mamda a lancé l’opération un mois plus tôt que prévu. 200 experts sont mobilisés à cette occasion. Les primes démarrent à partir de 18 DH/hectare et l’indemnité peut atteindre les 900 DH.

Après cinq années humides et de bonnes récoltes, la sécheresse a impacté la saison agricole 2015/2016. Une situa­tion qui ne peut entraîner que des effets défavorables sur les agriculteurs, surtout ceux opé­rant dans la céréaliculture. Mais pour ceux qui ont opté pour la souscription d’une assurance, les dégâts peuvent être limités.

Le potentiel d’indemnisation des agriculteurs marocains ayant souscrit au produit d’assurance multirisque climatique se chiffre à près de 1,1 Md de DH.

«C’est une année catastrophe, les récoltes ne représentent même pas 30% d’une saison normale. Mon revenu sera sensiblement réduit. Il sera difficile d’entamer la prochaine campagne dans de bonnes conditions. C’est avec un grand soulagement que j’ai accueilli l’annonce du démar­rage tôt de l’indemnisation des fellahs. Certes, l’opération ne va pas nous dédommager de toutes les pertes et le préjudice subis, mais elle permettra tou­tefois de réduire l’impact», sou­ligne Mohamed Hamri, exploi­tant agricole dans la région de Benslimane.

En effet, la Mamda, seul opéra­teur qui propose une assurance agricole, a accéléré son pro­cessus d’indemnisation afin de permettre aux agriculteurs les plus touchés de percevoir leur dédommagement dès début juin 2016 au lieu de courant juillet tel que cela a été historiquement le cas jusqu'à présent.

«Cette accélération des pro­cessus de mise en paiement a été rendue possible grâce aux dispositifs mis en place par la Mamda ces dernières années, et notamment à travers les investissements réalisés dans la géolocalisation des parcelles des agriculteurs. A cet égard, un réseau de 200 experts est dédié au monde agricole cou­vrant pratiquement toutes les zones agricoles.

La Mamda a procédé également au développement de systèmes d’information permettant la lec­ture et l’analyse automatisée des rapports d’expertise», souligne-t-on auprès de la compagnie d’assurances.

Le processus d’indemnisation se fait en trois étapes. La pre­mière a trait à l’expertise. La désignation de zones sinistrées fait suite aux sorties conjointes sur le terrain par les experts du département de l'Agriculture et de ceux de l’assureur.

Ainsi, dans le cadre de ces sor­ties conjointes, un échantillon­nage pointu est effectué pour chaque commune (liste des agri­culteurs à expertiser par com­mune). Les équipes du dépar­tement de l'Agriculture et de la Mamda établissent ensuite, au sein de chacune de ces com­munes, des rapports d’expertise pour chaque parcelle échantil­lonnée (rapport individuel) qui fait ressortir le rendement de chaque parcelle.

A l’issue de ce travail, un rapport synthétique relatif au rendement par commune est fixé (rapport communal) : il servira de base à l’indemnisation.

La deuxième étape concerne la déclaration des communes sinis­trées. Les équipes centrales du ministère de l’Agriculture, sur la base des rapports commu­naux constatés de l’année et du rendement moyen des 10 dernières années par commune, déterminent les communes qui sont sinistrées.

Ainsi, une déclaration des com­munes sinistrées est établie par les ministères de l’Agricul­ture et des Finances (liste des communes concernées par les sinistres). Cette déclaration est ensuite adressée à la Mamda pour paiement des indemni­sations aux agriculteurs ayant souscrit une assurance agricole notamment la multirisque clima­tique (RMC). La troisième étape concerne l’indemnisation.

«L’assurance est un moyen effi­cace pour faire face aux aléas climatiques. Toutefois, elle pré­sente certaines limites dans le système d’indemnisation comme l’alignement sur la récolte ou la pluviométrie moyenne de la commune. Certaines entités ter­ritoriales ont une grande sur­face et l’expérience a montré qu’il peut y avoir des écarts de rendements importants d’une parcelle à une autre», souligne Abderrahime Mouhajir, ingénieur agronome.

La première tranche déclarée par l’Etat, qui correspond aux zones bours très défavorables et favorables pour une superficie de 500.000 ha, concerne 24.000 agriculteurs. Ces agriculteurs, dont la prime d’assurance est de 18 dirhams/ha, percevront une indemnité pouvant s'éle­ver jusqu’à 900 dirhams/ha (niveau d’indemnisation proche de 100%). Les expertises des autres régions (zones moyenne­ment défavorables et favorables) pour une superficie de 524.000 ha sont en cours et les agricul­teurs concernés seront égale­ment indemnisés dans un délai court.

Charaf Jaidani

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