L’amélioration de l’espérance de vie (75 ans en 2014), ainsi que l’augmentation du nombre d’établissements de soins de santé de base (ESSB) et des établissements hospitaliers sont des preuves tangibles des avancées réalisées dans le domaine de la santé. Mais, du chemin reste encore à faire car le Maroc, qui voit sa demande en matière de soins progresser, affiche un besoin en personnel chiffré actuellement à 6.000 médecins et 9.000 infirmiers.
Ces dernières décennies, le Royaume s’est résolument engagé dans un processus continu d’amélioration des indicateurs sociaux comme en témoigne la mise en place de plusieurs politiques publiques en la matière (INDH, couverture médicale de base, etc.). Le dernier rapport de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) publié récemment, et qui est une sorte de tableau de bord social, donne une idée précise de l’évolution des principaux indicateurs sociaux, notamment celle d’un secteur crucial, qui n’est autre que la santé. D’emblée, faudrait-il rappeler que les ambitions de développement d’un pays sont étroitement liées à la bonne santé de la population. D’où le caractère primordial de ce secteur névralgique pour le Maroc, qui a mis sur pied une stratégie de santé (2012-2016). Cette dernière a pour trame l’action sur les déterminants du secteur, l’amélioration de la couverture universelle et la gouvernance de l’ensemble du système sanitaire. Cela dit, tout le monde convient que la santé a un prix. En cela, il n’est pas dénué de sens de se pencher sur les ressources publiques mobilisées pour ce domaine dont le besoin en personnel s’établit actuellement à 6.000 médecins et 9.000 infirmiers.
Baisse de 25% des dépenses d’investissement
Les chiffres de la DEPF montrent que le Budget de l’Etat réservé à la Santé a atteint 13,09 Mds de DH en 2015, marquant ainsi une progression de 1,4% par rapport à 2014. Il a représenté près de 5,3% du Budget général de l’Etat (BGE). Ce chiffre suscite des interrogations auprès d’une partie de l’opinion publique estimant qu’au regard des besoins importants en matière d’accès aux soins, il est plus judicieux de revoir sensiblement à la hausse les ressources publiques allouées à la santé. Notons tout de même que les dépenses en la matière au titre du BGE ont progressé en 2016 pour se chiffrer autour de 14 Mds de DH. Si entre 2013 et 2015, l’on note une inflation des dépenses de fonctionnement qui se sont chiffrées à 11,59 Mds de DH, il est assez surprenant de constater le recul de celles afférentes à l’investissement (-25%). Elles tournaient autour de 1,5 Md de DH en 2015, et ce dans un contexte où la demande en matière de soins ne cesse de progresser. De plus, l’augmentation de l’offre de soins n’a pas suffisamment amélioré le taux d’encadrement médical, qui est passé de 2.252 habitants par médecin en 2001 à 1.925 habitants par médecin en 2013. A ce stade, l’important est de savoir le niveau atteint par le Maroc par rapport aux pays émergents ou aux économies similaires.
Benchmark international
Grâce à l’amélioration des conditions de vie, de la prévention et des soins curatifs, le Royaume a enregistré une progression continue de l’espérance de vie à la naissance. Celle-ci est passée de 70 ans en 2001 à 75,5 ans en 2014. D’ailleurs, sur ce plan, le pays surclasse des pays comme l’Egypte (71,1 ans) et la Tunisie (73,6 ans). Du reste, concernant l’encadrement médical, le tableau est moins reluisant puisque le Maroc, qui affiche selon la Banque mondiale un taux d’encadrement médical de 59,5 médecins pour 100.000 habitants, est à la traîne en comparaison à un certain nombre de pays.
A titre illustratif, cet indicateur est de 245 médecins pour la Roumanie, 113 médecins pour le Pérou, 387 médecins pour la Bulgarie. Au-delà de cette comparaison internationale digne d’intérêt, force est d’admettre que plus d’efforts doivent être déployés afin d’améliorer l’accès aux soins en milieu rural, parent pauvre du système sanitaire. D’ailleurs, le docteur Rachid Choukri, membre fondateur et président du Syndicat national de médecine générale, assimilait sur les colonnes de FNH le monde rural au désert médical. Partant, tout l’enjeu pour les pouvoirs publics est d’attirer les professionnels de santé vers les localités reculées, tout en mobilisant davantage de ressources dédiées à l’investissement.
M. Diao
Evolution des infrastructures de santé
Depuis 2001, on observe une légère progression du nombre d’établissements de soins de santé de base (ESSB). Celle-ci a été de l’ordre de 1,4%. L’autre indicateur qui montre la nécessité de multiplier les efforts en matière d’investissement est le ratio du nombre d’habitant par ESSB, qui était de 11.943 en 2013. Par ailleurs, en l’espace de 12 ans (entre 2001-2013), ce sont près de 23 établissements hospitaliers supplémentaires qui ont été construits. En 2013, le nombre de ces établissements se chiffrait à 143 au Maroc, soit une capacité litière de 29.707 lits. Au-delà de ces chiffres, force est d’admettre que l’amélioration de l’accès aux soins dépendra en partie du perfectionnement et de l’extension de la couverture médicale de base. D’où la place centrale de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) et du Régime d’assistance médicale aux économiquement faibles (RAMED) dans l’écosystème sanitaire national. Pour rappel, le Ramed, généralisé depuis 2012, dénombrait près de 8,78 millions de bénéficiaires à juillet 2015. Ce qui représente plus de 3,2 millions de foyers détenteurs de la carte Ramed, qui leur assure la gratuité d’un certain nombre de soins effectués par les établissements publics de santé.