Le Royaume a besoin d’une flotte maritime nationale forte pour renforcer les échanges avec l’Afrique et le reste du monde.
Outre la pêche, le tourisme balnéaire et la construction navale sont des niches à développer.
Par C. Jaidani
Avec ses deux façades, 500 km sur la Méditerranée et 3.000 km sur l’Atlantique, le Maroc est un pays maritime par excellence. Le Royaume dispose d’une zone économique exclusive (ZEE) de plus d’un million de km2 , dépassant largement son espace terrestre. Le dernier discours du Roi à l’occasion de la célébration du 48ème anniversaire de le Marche verte constitue un tournant. Le Souverain a annoncé que le développement du versant atlantique est plus que jamais une priorité économique et géopolitique.
«Rares sont les pays qui ont deux façades maritimes comme le Maroc. Son emplacement stratégique entre l’Europe, l’Afrique et la Méditerranée lui donne une position de référence qui lui permet de jouer le rôle de trait d’union entre les différentes régions du monde. C’est un carrefour sur les autoroutes maritimes mondiales fortement fréquentées. Malheureusement, le Royaume ne profite pas assez de cet atout», souligne Driss Effina, économiste, chercheur en développement territorial. En dépit des réalisations, le niveau des infrastructures reste insuffisant pour mieux exploiter les potentialités, surtout dans les régions du Sahara. Pour combler le retard accusé, le Maroc a adopté un programme ambitieux. De nombreux projets structurants ont été lancés, à l’image de la route express liant Tiznit à Dakhla. Longue de 1.055 km, le taux de réalisation de cet axe a dépassé les 90%.
Le coût final culmine à plus de 8,5 milliards de DH. Le port atlantique de Dakhla devrait lui aussi donner une nouvelle impulsion à la région. Implanté sur 1.600 hectares, le projet est doté d’une enveloppe budgétaire de 12,5 milliards de DH. Il est prévu d’assurer également l’extension ou l’aménagement des ports de Tan Tan, Tarfaya, Laâyoune et Boujdour. «Le Sahara marocain présente des perspectives de développement importantes, notamment pour ce qui est de l’économie maritime. Outre la pêche, le Royaume peut développer d’autres activités liées à ce domaine. Il est donc primordial de renforcer le nombre de ports, qu’ils soient à caractère commercial ou de loisir. Développer l’urbanisme en assurant l’extension des villes existantes et le lancement de nouvelles villes côtières est un atout de taille pour accompagner l’essor démographique», explique Effina. Il déplore toutefois l’absence d’une flotte maritime nationale, arguant que «la privatisation du secteur du transport maritime était une erreur stratégique».
«Ne pouvant faire face à la concurrence étrangère et suite à des litiges et démêlées avec la justice, de nombreuses compagnies ont déclaré faillite. La présence d’une flotte maritime nationale est primordiale. Elle devait renforcer les échanges commerciaux du Maroc et ne pas dépendre des flottes étrangères. Il existe de nombreuses lignes entre le Maroc et l’Europe, mais il n’y en a pas entre le Royaume et l’Afrique», a-t-il dit. Au niveau touristique, le Sahara dispose d’atouts indéniables, notamment son niveau d’ensoleillement et ses plages longues et vierges. Il y a la possibilité de développer plusieurs niches touristiques comme les sports nautiques, la pêche sportive ou l’activité des croisières. En parallèle, le Maroc peut sceller des accords avec les Iles Canaries qui accueillent annuellement plus de 14 millions de touristes et proposer des packs englobant la visite du Sahara marocain.