Relance économique: quelle marge de manœuvre pour le gouvernement ?

Relance économique: quelle marge de manœuvre pour le gouvernement ?

La sécheresse et la guerre en Ukraine compliquent la situation et devraient peser lourdement sur la Caisse de compensation.

Le gouvernement devra faire des arbitrages budgétaires.

 

Par C. Jaidani

 

 

Le Maroc traverse une conjoncture très difficile marquée une sécheresse sévère et les répercussions de la guerre en Ukraine. Le gouvernement espérait donner une nouvelle impulsion à la reprise des activités en 2022, mais vu la situation, il doit faire face à des contraintes majeures bousculant ses prévisions économiques.

Le déficit hydrique enregistré cette année, laisse présager des récoltes nettement inférieures aux prévisions de la Loi de Finances 2022. Pour leur part, les factures pétrolières et céréalières seront alourdies et devraient pénaliser les finances publiques ainsi que les réserves en devises du Royaume.

Plusieurs institutions nationales et internationales ont révisé à la baisse le taux de croissance du Maroc, à l’image de Bank Al-Maghrib qui prévoit 0,7% en 2022. Mais si la situation s’aggrave davantage, les prévisions pourraient être revues à la baisse. Pour atténuer la grogne sociale, le budget de l’Etat sera mis à rude épreuve afin de répondre aux différents besoins urgents, notamment le soutien des prix des hydrocarbures afin de contenir les prix du transport et préserver le pouvoir d’achat des citoyens.

Il est question aussi de venir en aide aux agriculteurs par une enveloppe de 10 milliards de DH. Dans le même ordre d’idées, des partis politiques et des économistes ont appelé à une Loi de Finances rectificative du fait que toutes les hypothèses fixées par le gouvernement sont en décalage par rapport aux données actuelles. Dans sa dernière sortie médiatique, Fouzi Lekjaa, ministre du Budget, a écarté cette alternative, arguant que l’Exécutif dispose des moyens pour faire face aux effets de la sécheresse et aux autres impacts exogènes. Il a, par la même occasion, affirmé que les investissements seront maintenus.

«La préservation des équilibres macroéconomiques doit se faire au détriment de certains postes budgétaires. Le gouvernement ne peut alourdir le déficit public par l’endettement, qui atteint déjà des seuils inquiétants. Il sera contraint de retarder certains projets comme les chantiers tracés dans le cadre du nouveau modèle de développement. L’exécutif est actuellement dans une logique de colmater les brèches. Le manque de visibilité et les facteurs exogènes lui imposent beaucoup de prudence dans ses choix budgétaires. La conjoncture actuelle nécessite de prioriser les secteurs qui ont des retombées sociales, notamment l’agriculture et le transport. D’autres engagements sont à honorer, comme les accords conclus dans le cadre du dialogue social», souligne Mohamed Amrani, économiste et professeur universitaire.

«La reprise est encore fragile et demeure dépendante de différents aléas. Les opérateurs économiques n’ont pas encore de visibilité et affichent quelques inquiétudes. La demande intérieure, moteur de la croissance, est fortement chahutée par une baisse significative du pouvoir d’achat. L’effet de la guerre en Ukraine sur les finances publiques n’est pas encore visible. Plus le conflit dure et plus les charges de compensation sur le gaz et le blé vont augmenter. Les prochains mois seront très difficiles. Espérons que la reprise du tourisme et d’autres activités qui lui sont liées donnent un nouveau souffle à l’économie nationale», conclut Amrani. 

 

 

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