◆ L’agriculture, le tourisme, le BTP, le transport ou le commerce sont considérés comme des secteurs prioritaires.
◆ Les professionnels dénoncent le manque de visibilité.
Par C. Jaidani
La crise sanitaire de la Covid-19 a engendré une crise économique sans précédent.
Conjuguée à des récoltes agricoles faibles et un contexte international perturbé, cette situation risque de peser lourdement sur le Maroc dans la période à venir. Les experts prédisent la plus faible croissance depuis 20 ans.
Le Centre marocain de conjoncture (CMC) table sur un taux négatif de croissance négatif de 3,2%.
Plus récemment, la Banque mondiale a prédit une contraction du PIB de l’ordre de 4% en 2020. Pour y faire face, le gouvernement a pris une série de mesures pour relancer l’économie et soutenir les entreprises, surtout les PME. Depuis l’Aïd Al Fitr, la reprise économique commence à s’installer petit à petit en attendant la levée totale du confinement. Mais tout laisse présager que la relance sera difficile.
La CGEM a présenté son plan de relance consolidé autour de 25 plans sectoriels et de 508 propositions de mesures émanant des Fédérations professionnelles. L’Etat seraitil capable de répondre à toutes ses doléances ?
«Vu les moyens limités dont il dispose et la mauvaise conjoncture, l’Etat ne serait pas en mesure de satisfaire tous les besoins. Il est actuellement plus dans la logique de colmater les brèches pour assurer le démarrage. Il y a des mesures qu’il faut mettre en place le plus rapidement possible pour redonner de la confiance aux entrepreneurs et rassurer les citoyens. D’autres mesures peuvent être différées à plus tard. Mais ce qui est sûr, la priorité doit être donnée aux secteurs les plus pourvoyeurs d’emplois», souligne Mohamed Amrani, professeur d’économie à l’Université Hassan II de Casablanca.
«Des secteurs comme l’agriculture, le tourisme, le commerce ou le BTP sont des dynamos pour l’économie nationale à plusieurs niveaux. Leur démarrage peut avoir des effets d’entraînement rapides sur les autres activités. Ils regroupent un effectif important et stimulent la demande nationale», ajoute Amrani. Malgré les restrictions, l’agriculture a continué à fonctionner, mais certaines dispositions comme la fermeture des souks hebdomadaires et l’interdiction des déplacements interurbains l’ont impactée.
«Tant que le transport est perturbé, il est difficile d’assurer une relance adéquate. Plusieurs activités regroupant des milliers d’emplois comme le BTP ne peuvent redémarrer faute d’employés dont la plupart ont rejoint leurs patelins d’origine», explique Amrani.
Par ailleurs, il faut noter que le tourisme reste le secteur le plus impacté par la crise. Employant plus de 500.000 personnes, l’activité a besoin d’une attention particulière.
«Tous les pays touristiques, notamment ceux qui proposent des offres similaires à celles du Maroc et qui sont dans le pourtour méditerranéen, ont décliné un plan de sortie de crise et de reprise. Ils veulent profiter amplement de la période estivale qui est la haute saison pour assurer le démarrage de l’activité. Au Maroc, on note un mutisme total à ce sujet», précise Amrani.
En effet, des pays comme la Tunisie, l’Espagne, l’Italie, la Turquie, la Grèce ou l’Egypte ont annoncé l’ouverture des frontières. Leurs sites touristiques seront disponibles pour accueillir les touristes étrangers à partir de fin juin. Le gouvernement marocain reste très prudent à ce sujet évoquant le volet sanitaire.
La Confédération nationale du tourisme (CNT) est montée au créneau pour dénoncer cette attitude. «Nous avons besoin de visibilité quant à la levée des restrictions liées à l’accessibilité de notre destination et à la mobilité à l’intérieur du Royaume. Toutes les destinations touristiques concurrentes sont à pied d’œuvre pour la reprise de leur activité en communiquant d’abord sur l’ouverture de leurs frontières et la réouverture des établissements et lieux touristiques», affirme la CNT.
Les professionnels du secteur doivent impérativement informer les compagnies aériennes pour réserver leurs slots et les TO pour préparer leurs offres, sur la date prochaine de l’ouverture des frontières aériennes dans un premier temps.
Ceci pour permettre de maîtriser le contrôle sanitaire au niveau des aéroports, avec test obligatoire à l’embarquement des pays émetteurs, suivi des touristes durant la totalité de leur séjour et mesures barrières tout au long du parcours client. Le tout accompagné d’une bonne communication tous canaux confondus. ◆