Registre national : Pourquoi faut-il un recensement ?

Registre national : Pourquoi faut-il un recensement ?

Focus agricole

Le projet sera doté d’une enveloppe de 250 MDH. Le département de tutelle recherche des données détaillées et plus précises sur le secteur. Par le passé, les fellahs étaient réticents à ce genre d’opération craignant que ces informations ne servent de base d’imposition.

Le ministère de l’Agriculture et des Pêches maritimes (MAPM) compte se doter d’un Registre national de l’agriculture (RNA), un outil censé donner plus de détails et des précisions sur le secteur en vue d’orienter la politique de l’Etat en matière agricole.

Le Maroc a lancé un méga programme de développement du secteur agricole à travers le Plan Maroc Vert (PMV). Il sera accompagné par un nouveau programme dédié au monde rural, lancé dans le cadre la Loi de Finances 2016, et qui sera doté de 55 Mds de DH.

Pour concrétiser le RNA, le projet de réalisation du registre sera doté d’une enveloppe de 250 MDH. 

«On ne peut répondre efficacement aux besoins d’un secteur donné sans faire un diagnostic approfondi de ses lacunes et de ses atouts. Pour l’agriculture, une activité qui a une place particulière dans l’économie nationale, le recueil des statistiques et des données est capital pour arrêter les différentes stratégies ou plans. Pour ce secteur, le Maroc ne dispose pas assez d’informations. Les chiffres du Haut-commissariat au plan sont généralistes et le plus souvent à caractère démographique, alors que le RNA recherche des éléments plus précis» affirme Mohamed Amrani, professeur d’économie.

En plus de l’âge de l’exploitant, son niveau d’instruction et sa situation matrimoniale, le RNA s’attachera à déterminer le statut de l’exploitation (propriété, locatif, titré, melk, habous, collectif, superficie, irriguée, bour…). Par la suite, le recensement s’intéressera à la nature des cultures (arboricultures, fourragères, vivrières, élevage, pastorales …).

Ces données serviront de référentiel pour une traçabilité d’octroi des aides et subventions et de gestion de crise (sécheresse, inondations, maladies du cheptel ou des produits végétaux, etc.).

Sur le plan opérationnel, l’objectif est de faire du RNA un référentiel de traçabilité des produits agricoles, de conseil agricole et de protection du domaine agricole, mais également de disposer de bases statistiques en vue de rconnaître et réglementer à l’avenir le métier d’agriculteur.

Aidéess par des informations climatologiques et d’études de sol, les conclusions du RNA permettront aussi d’inciter les agriculteurs à favoriser certaines cultures plus intéressantes et à forte valeur ajoutée, et qui correspondent aux orientations du PMV.

L’une des difficultés que rencontre l’agriculture nationale a trait à la problématique de la modernisation des petites et moyennes exploitations. Un tissu qui nécessite un effort considérable en matière d’organisation et de regroupement autour de coopératives ou d’associations. L'objectif est de développer la mécanisation et l’utilisation rationnelle des intrants et aussi l’encadrement technique.

Par ailleurs, il faut noter que le RNA permettra également d’évaluer les politiques publiques et de remédier aux différentes lacunes ou dysfonctionnements.

Encore faut-il que le recensement envisagé adopte une approche des plus réalistes du monde rural et de la mentalité du fellah marocain.

«Par le passé, les différents recensements agricoles se sont heurtés à une forte réticence de la part des fellahs, qui craignaient que l’opération n'ait pour but de valoriser leur richesse en vue de les imposer par la suite. C’est pour cela qu’ils refusaient d’y répondre en toute franchise, se contentant de donner des informations erronées pour induire en erreur les autorités. Il faut leur faire comprendre que le RNA est conçu pour leur bien-être et pour l’intérêt de l’agriculture nationale», souligne Amrani.

A cet égard, le RNA sera structuré selon quatre aspects d’analyses et d’agréation. Le premier sera concentré sur le recensement et les chiffres avec des caractéristiques détaillées sur l’exploitant et son exploitation. Le deuxième aspect est plus orienté vers les moyens à investir pour bien cibler les subventions de l’Etat. Le troisième concerne l’accompagnement personnalisé des agriculteurs notamment les plus vulnérables où le potentiel de développement est plus important. Enfin, le quatrième aspect a trait à la gestion et la performance du secteur agricole. 

Charaf Jaidani

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